C1 – OM, Bordeaux : c’est l’heure
Battus lors de leurs deux premiers matchs, Marseille (chez le PSV) et Bordeaux (face à Cluj) doivent impérativement gagner. D'abord pour espérer ne serait-ce que l'UEFA (parce que la qualif', soyons sérieux). Ensuite pour ne pas laisser Aulas se marrer seul dans son coin.
Y a comme qui dirait une saveur à l’ancienne qui se dégage pour ce troisième match. Souvent dépassionnée par la phase de poules et cette formule championnat inhérente au système, la Ligue des champions retrouve néanmoins quelques couleurs quand s’avance le troisième match inévitablement couplé avec le quatrième. Au cœur des sacro-saints groupes, on retrouve le temps d’un double clash le goût des matchs aller-retour de notre enfance et désormais réservés à ceux qui passent l’hiver.
Autant le dire, c’est quand même pas pareil. Le défi pour Marseille et Bordeaux, tous deux battus lors de leurs deux premières sorties, tient en une idée : engranger le max de points sur ces deux journées. Les choses étant bien faites, ils affrontent pour l’occasion les deux formations probablement les moins fortes en valeur absolue, soit respectivement le PSV et Cluj. Le hic, c’est que les Néerlandais et les Roumains se disent exactement la même chose.
Groupe D : PSV Eindhoven – Marseille
C’est un de ces formidables paradoxes dont Marseille se passerait bien. Invaincu en Championnat, l’OM a perdu ses deux matchs de Ligue des champions. Pour le coup, c’est sûr, il y a bien plus qu’une simple lettre qui sépare la L1 de la C1. La bonne idée serait donc d’exporter cette fameuse invincibilité hexagonale sur le front européen. Plus facile à dire qu’à faire évidemment. Le nœud du problème marseillais est limpide : la défense. Une thématique bien française ces derniers temps en fait. L’arrière-garde phocéenne ne dégage pas une formidable solidité même si l’erreur serait d’en imputer la faute au seul back-four, pour le coup pas plus dégueu qu’un autre.
Car Marseille a le défaut de ses qualités. Très offensifs, très prompts à se projeter vers l’avant, ses milieux et ses attaquants ne sont pas forcément aussi gourmands en matière de pressing et de replacement, laissant à la défense le soin de régler elle seule le sort des offensives adverses. À chacun sa merde après tout. Simplement là où en Ligue 1 les Audel, Pujol et compagnie sont bien incapables d’exploiter les failles, cela se paie comptant face à Gerrard, Agüero et consorts. Au fond, on serait bien tenté de faire de Ben Arfa l’homme clé de l’affaire. Quand le génial gaucher brille, Marseille régale. Quand il s’emmêle les crayons, l’OM cale. Et pour l’instant, Ben Arfa est passé largement à côté de ses matchs en C1, tous deux perdus par son équipe. Hasard ? Il est donc temps que le talent peut-être le plus absolu du football français se hisse à la hauteur de l’événement.
Heureusement, en face, Eindhoven ne ressemble que de très loin à l’épouvantail européen qu’il fut jusque dans un passé très récent. Balayé chez eux par l’Atletico Madrid (0-3), surclassé à Anfield par Liverpool (1-3), les Néerlandais ne sont plus aussi robustes que d’antan quand ils combinaient avec bonheur crasses et gestes de classe. Même Gerets, ancien de la maison (joueur et entraîneur), en convient : « Cela pourrait être un match très ouvert. Mais je ne pense pas que ce sera un combat physique, je ne vois pas le PSV trop jouer avec ses muscles » . Manière de dire que Eindhoven n’est plus au top. Mais l’OM est-il assez fort pour en profiter ?
Groupe A : Bordeaux – Cluj
Bon, alors, prêt pour un nouveau show Gourcuff ? Parce que soyons clairs : en ce moment Bordeaux ne vaut quasiment que par les prestations de son meneur de jeu, rayonnant en club, éblouissant en sélection. Moins bien réglés que l’an passé, les Girondins reviennent quand même peu à peu à leur standing dans la foulée soyeuse de leur prodige. Samedi, Jacques-Chaban-Delmas a même vrombi de bonheur sur le but magique de Gourcuff, à qui tout réussit pour l’instant, face à Toulouse (2-1).
Alors évidemment, on pourrait objecter que Bordeaux a sombré dans les grandes largeurs en Ligue des Champions sans que l’international français n’y puisse rien. Vrai. Sauf qu’à chaque fois, le gamin de 22 ans fut à la fauteur de l’événement, seul à surnager à Stamford face à Chelsea (0-4), et franchement au-dessus de la mêlée contre la Roma (1-3) avec un nouveau but de classe à son compteur. Reste donc à traduire cet état de grâce par une première victoire européenne. Commencer par Cluj ce soir serait une bonne inspiration pour un jeune homme qui en connaît un rayon en la matière.
Le hic, c’est que Cluj, trop vite désigné Petit Poucet de la poule au tirage au sort, déjoue pour le moment tous les pronostics. Vainqueurs à Rome (2-1) avant de tenir en échec Chelsea (0-0), les Roumains surfent sur une vague qui fait la part belle aux outsiders actuellement à l’image des Chypriotes de Famagouste dans le groupe de l’Inter Milan. Il faut s’y faire, le football redessine la carte de l’Europe en y mettant en évidence de nouveaux lieux de dynamiques sportives et financières. Car il faut bien avoir cela en tête : de Bordeaux ou Cluj, la plus grosse écurie n’est peut-être pas celle que l’on croit.
Ainsi, grâce Arpad Piszcany, mécène germano-hongrois, le club roumain a pu investir 60 millions d’euros en transferts en quatre ans. Bordeaux ne peut pas en dire autant. Signe du temps qui abîme salement le football de clubs tricolore, aujourd’hui le vice-champion de France n’est plus forcément favori face au champion de Roumanie.
Dave Appadoo
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