C1 : Fenerbahce prend le quart…
La Turquie fait-elle partie de l'Europe ? « NON ! » pourraient s'écrier les supporters du FC Séville, abattus après l'élimination aux TAB de leur club contre Fenerbahçe. Et le pire, c'est qu'ils ont raison : le Fenerbahçe est situé dans la partie asiatique d'Istanbul. Sauf qu'on s'en fout : le Fener est une équipe qui joue. Alors, bienvenue en Europe ! Bienvenue en quarts de Ligue des Champions !
Dans un article du 22 septembre 2007, sous le titre Zico et Fenerbahçe : le matin des magiciens, voici ce que le moine copiste de sofoot.com prophétisait : « Surveillez bien Fenerbahçe. Ne serait-ce que pour le jeu qu’il pratique : ça pourrait faire des étincelles, voire un grand feu de joie ! » .
C’était au surlendemain de la victoire turque en C1 contre l’Inter (1-0), totalement ébloui par la démonstration Tupperware que le VRP en chef Zico avait étalée face au cador italien.
A l’époque, Fenerbahçe était 9ème du championnat turc, un peu largué. Et voilà aujourd’hui le Fener en quarts de Champions League et 2ème ex aequo de la Ligue turque, à 1 point du leader Besiktas…Alors ? Victoire finale au bout en C1 ? Faut pas trop rêver : y’a qu’à voir la défense en bois et le gardien Volkan du même métal sur l’ensemble des deux matches contre Séville (3-2 puis 2-3) pour se rendre compte qu’un Eto’o, un Totti ou un Ballack vont bâfrer comme des gorets s’ils rencontrent les “Canaris Jaunes” (surnom du Fener) en quarts de finale.
Reste que l’objectif du club, demi-finaliste de C1 cette saison, pourrait au moins se réaliser. D’abord au tirage, en affrontant Schalke 04, club a priori le plus « abordable » en quarts. Ou alors au grattage, c’est-à-dire en surprenant n’importe quel cador imprudent (Arsenal, Barça et tutti quanti) qui prendrait ces Turcs d’un peu trop haut. Avertissement : Fenerbahçe a gagné tous ses matches de C1 à domicile, dans son stade ultra moderne Sükrü-Saracoglu, l’un des plus chauds de la planète, si ce n’est LE plus chaud. Ce sont 50 000 fanatiques qui transcendent leurs joueurs au-delà de l’after possible (voir le but victorieux de Semih à la 87ème, à l’aller contre Séville, 3-2).
Aziz Yildirim, homme-clé du Fener
Comment le Fenerbahçe en est arrivé là ? Grâce à Aziz Yildirim (56 ans), président du club depuis 1998, immense fortune dans l’immobilier…et ancien joueur pro dans les années 70 ! Et ça, ça compte : le bonhomme connaît le foot et ne supporte pas la médiocrité. Yildirim s’en est donné les moyens : le club est coté en bourse, il possède sa chaîne télé (FBTV), sa puissance financière écrase le foot turc et les rivaux historiques du Galatasaray et du Besiktas, les salaires NBA de Roberto Carlos (4 millions d’euros nets par an) ou du capitaine Alex (3,3 millions) créent l’attractivité et les seules recettes du stade sont estimées à plus de 40 millions d’euros (dont la location des loges ultra luxueuses). Enfin, le merchandising hyper juteux étanche l’avidité de centaines de milliers de fans à travers le monde. Yildirim est l’Abramovich du Bosphore.
Comme un paquet d’Aulas continentaux, Yildirim ne rêve que de Ligue des Champions. A la base, une traditionnelle histoire de jalousie haineuse contre l’autre grand club d’Istanbul, le Galatasaray, premier club turc à avoir remporté un trophée européen (la C3, en 2000).
Résultat : une pression totalitaire sur l’entraîneur (Zico, arrivé en juillet 2006 et champion en 2007, est le 15ème coach depuis 2000 !) et une politique galactique : Ariel Ortega en 2002, Van Hooijdonk en 2003, le Brésilien Alex en 2004, Anelka en 2005, Kezman en 2006 et Roberto Carlos en 2007 ! Pas que des réussites sportives, loin de là, mais une focalisation médiatique maximum (ne serait-ce qu’en Turquie) qui a boosté l’image du club. Ainsi, Fenerbahçe fut le premier club turc à être invité à entrer dans feu le G14, en janvier 2007, et c’est le stade du Fener qui accueillera la finale de la Coupe UEFA en 2009. La stratégie médiatico-sportive de Yilfirim commence donc à porter ses fruits…
Fenerbahçe ou le football samba
Et l’équipe ? Comme le staff. Color do Brazil ! Zico coache avec trois compatriotes joueurs, Edu (son frangin), Sant’Anna (pas Carlos, bande d’abrutis !) et Euricio de Campos.
Côté joueurs, 6 Brazileiros en vue : Roberto Carlos et Edu Dracena en défense, Wederson et Marco Aurelio à la récupération, le génial Alex en milieu offensif derrière les attaquants Deivid et ce vieux pirate serbe Kezman. Wederson et Marco Aurelio (aussi appelé Mehmet Aurelio) ont la double nationalité turco-brésilienne et Roberto Carlos est “naturalisé” espagnol, donc joueur communautaire. Le défenseur central Lugano est uruguayen, donc brésilien vu qu’il venait du Sao Paulo FC. Une colonie brésilienne très appréciée…tant qu’elle ne prend pas encore des allures de clan !
Zico veille au grain en s’appuyant sur les internationaux turcs comme les milieux Selçuk Sahin ou Ugur Boral. Zico a lancé aussi des jeunes du cru, le latéral droit Gönül (22 ans) ou l’attaquant Sentürk (24 ans). On parle également de la next big thing locale, le jeune attaquant rapide et puissant Ihlan Parlak (20 ans)…
Et le style de jeu ? Revoyez le résumé du match Fenerbahçe-Inter des matches de Poule G de septembre 2007 ou d’autres actions de but (à l’aller contre Séville, par exemple) et vous verrez que quand ça joue offensif comme il sait le faire, le Fener peut vraiment inquiéter n’importe quelle équipe. A condition de serrer un peu plus en défense, anyway…
Chérif Ghemmour
PS qui n’a rien à voir : Lyon a été logiquement éliminé par MU, bien trop fort. Certains commentaires d’après-défaite sonnaient comme ceux déjà entendus après l’échec des Bleus à la Coupe du Monde de rugby. En gros : « Laporte et Perrin, même discours frileux et défensif ! Fallait se libérer et jouer french flair à fond ! » .
Sauf que jouer “french flair”, en foot comme en rugby, quand on n’en possède pas les moyens, c’est prendre le risque de s’en prendre plein la gueule.
Lyonnais ont fait ce qu’ils ont pu avec leurs moyens limités, parfaitement conscients de la punition-maison qui s’abat sur les faibles à Old Trafford : 7-1 !
Le mot de la fin pour Johan Micoud : « Pour arriver sur le toit de l’Europe, Lyon devrait jouer régulièrement contre trois ou quatre “Lyon” en L1. C’est le cas à l’étranger où la concurrence tire le niveau vers le haut : cette émulation profite à tout le monde. En France, en dehors de Bordeaux, tous les autres grands clubs (Monaco, Marseille, le PSG) ne sont plus compétitifs depuis des années. Cela empêche notre football de passer à la vitesse supérieure » . L’Equipe du 24 février 2008, avant le match retour MU-OL).
Putain de L1…
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