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Bleus, une qualification au passé
La défaite sans appel face à la Suède (0-2) jette une ombre considérable sur la qualification de l’équipe de France pour les quarts face à l’Espagne samedi. Entre faiblesses footballistiques et attitudes proches de la faute professionnelle, on se demande : et si rien n'avait donc vraiment changé chez les Bleus depuis Knysna ?
Oui, les Bleus l’ont fait, ils sont qualifiés pour les quarts de finale et c’est une première depuis six ans que l’on ne peut guère se permettre de bouder. Mais alors, sur la façon de faire, on peut bien le dire, ce rendez-vous face à la Suède a été une véritable catastrophe. Attention, soyons clairs, on n’est pas devenu si arrogants au point de considérer comme interdit un revers face aux Scandinaves. On a évidemment le droit de perdre face à une bonne équipe emmenée par un Ibrahimović qui, quand il joue à ce niveau-là, a une bonne gueule de Ballon d’Or en puissance, sauf que bien entendu, il n’évolue pas systématiquement à cette altitude, une faiblesse létale quand ses contemporains se nomment Messi et Cristiano Ronaldo. Non, vraiment, ce n’est pas la défaite en soi qui est scandaleuse, c’est évidemment la manière dont les Bleus ont perdu. Hier, ils n’ont pas seulement laissé se briser leur série de 23 matches sans défaite, le genre de coup d’arrêt jamais tout à fait anodin. À Kiev, certains masques sont tombés. Ou plus exactement sont retombés, si tant est qu’ils avaient été remis en place.
Car on a la désagréable impression que ces Bleus sont indécrottables et qu’ils ressemblent de nouveau terriblement à ceux de Knysna. Hier, certains comportements ont rappelé toute la suffisance dont est capable l’équipe de France depuis que Zinedine Zidane l’a laissée orpheline en 2006. Aucun don de soi, aucune rigueur, aucun respect de la mise en place, aucun amour-propre face à la leçon de football administrée par une équipe éliminée, mais déterminée à faire le travail jusqu’au bout. C’est quand même fou cette melonite aiguë qui a de nouveau primé après une simple victoire sur l’Ukraine. Franchement, qui sortir du lot dans ce naufrage ? Lloris pour les parades, Debuchy pour son abattage, Diarra pour l’attitude et Ribéry pour son abnégation (le monde à l’envers). Pour le reste, un vrai désastre.
Et Giroud, c’est un jambon ?
Aucun secteur pour sauver les autres. Face à un joueur de classe mondiale en pleine possession de ses moyens (car on ne va pas se mentir, Chevtchenko roule désormais sur la jante), comprenez Zlatan, la défense centrale s’est fait désosser dans tous les sens, Philippe Mexès ayant été en-dessous de tout, bien accompagné dans la médiocrité par un Rami d’une lenteur infinie. Mais si on veut être tout à fait juste, on admettra aussi que les latéraux ont souvent été pris dans leur dos et qu’en gros, aucun des quatre n’est exempt de tout reproche. La différence tient davantage à ce que Clichy et Debuchy ont failli tactiquement, alors que Mexès et Rami ont (aussi) sombré sur le plan individuel, ce qui est encore plus inquiétant. En ce sens, la suspension du Milanais figurerait presque une bonne nouvelle au regard de la saison de Koscielny, même s’il faut garder une réserve sur les automatismes à trouver en un clin d’œil avec Rami (une seule association face au États-Unis), surtout face à un adversaire qui est seulement champion du monde et d’Europe. Le milieu aurait pu mieux protéger son arrière-garde, mais il faut croire que M’vila est encore trop juste à ce niveau (surtout avec une blessure juste avant le tournoi) et que trois matches de rang, c’est désormais un de trop pour Alou Diarra qu’on évitera de charger, au regard de ses deux premières sorties.
Restait donc le secteur offensif, le point fort supposé de ces Bleus nouvelle génération. Ce fut une parodie de ce dont ils sont capables de pire. Il faut croire que cette génération a une sacrée mémoire pour se souvenir que la France n’a jamais réussi une phase finale sans un grand meneur, puisque chacun y est allé de son squat dans l’axe. Nasri a gardé la gonfle, Ben Arfa n’est jamais allé à droite et Benzema a ressuscité quelque chose d’Anelka en dézonant à l’envie. Dans cette séquence digne d’un Five, on ne doit pas exonérer Blanc de son manque d’audace en ne lançant Giroud qu’à sept minutes de la fin, alors que les Anglais étaient pourtant en train d’assurer notre beefsteak et que notre surface était désespérément désertée. Si on n’utilise pas le Montpelliérain dans ce cas précis, pourquoi diable l’avoir fait venir ? Quand on prend des risques, on se trompe parfois ; quand on n’en prend pas ,on se trompe tout le temps. Hier, l’équipe de France s’est trompée dans les grandes largeurs. Dans trois jours, l’Espagne pourrait bien nous renvoyer à ce que nous sommes depuis six ans : les cocus de l’histoire.
Dave Appadoo