Bilan 2007 : Deutschland encore loin d’être über alles…
L'Allemagne est-elle « au dessus de tout » ? Oui, oui ! Bill Kaulitz, Tom Kaulitz, Georg Listing et Gustav Schäfer : retenez bien ces.noms. Outre-Rhin, c'est le présent et l'avenir radieux de la nation. Quatre kids doués, pros jusqu'au bout des doigts, qui emballent la jeunesse européenne au point de prendre allemand en première langue ! On parle de Tokio Hotel, bien sûr. Quoi ?...« Et le foot allemand ? »... Ach, mein Gott !
L’année 2007 commence mal. Mardi 16 janvier. Au Bayern, Sebastian Deisler, l’ex-future merveille du foot allemand annonce lors d’une conférence de presse qu’il met un stop à sa carrière. Blessé chronique, dépressif. Il n’a que 27 ans. Tout un symbole ! Ca faisait des années que les Teutons s’accrochaient désespérément au retour de Seb, histoire de bien se masquer la réalité cruelle comme Cruella : l’Allemagne ne produit plus de vrais grands joueurs de calibre international. Car le mal allemand est là, tout simplement : il explique que la Mannshaft et les clubs de Bundesliga n’effraient plus personne sur la planète foot. « L’Allemagne s’est endormie sur ses lauriers » , se flagellaient Beckenbauer, Hoeness et Rümmenigge, triumvirat du Bayern bien décidé à enrayer le long déclin d’une nation autrefois souvent n°1 mondiale…L’Euro 96 est bien loin : les Möller, Klinsmann, Bierhoff, Köpke, Sammer, Hässler ou Scholl étaient tous des titulaires potentiels dans n’importe quel grand club européen. Tout s’est gâté après, avec l’absence d’une relève de qualité.
En 2007, l’Allemagne, c’est des joueurs moyens. Pas nuls, pas géniaux : moyens. Lahm, Mertesacker, Podolski, Kuranyi, Odonkor, Mario Gomez, pour les plus “jeunes”. Le reste, c’est du vieux, limite “périmé” : Metzelder (27 ans), Ballack (31 ans), Kahn et Lehmann (presque 40 ans, hop !), Neuville (34 ans), Klose (30 ans), Asamoah (29 ans). Question : qui parmi eux pourrait jouer dans un grand club européen ? Ballack ne s’est jamais vraiment imposé à Chelsea et Metzelder the Hole est remplace-man au Real. Bernd Schuster a aussi enrôlé le jeune défenseur Christopher Schorch (18 ans) venu du Hertha Berlin. Schorch ? Mhmmm… Sérieux ! La France a Benzéma, Ben Arfa, Nasri, Lloris, Sagna, etc. L’Espagne a Torrès, Fabregas, Bojan. L’Angleterre a Rooney, Micah Richards, voire Lennon. Le Portugal a Cristiano Ronaldo, Nani et Moutinho. L’Italie a Rossi, Nocerino, Aquilani ou Montolivo. Les Pays-Bas ont Babel, Van Persie, Van der Vaart. Même l’Ecosse aurait un jeune crack, Alex Cooper, 16 ans, rapté par Liverpool, avant hier ! Et on ne parle même pas du Brésil ou de l’Argentine…
L’Allemagne est à la rue, question jeunes talents. En attendant les futurs Klinsmann, le foot germain, à l’instar de la France avec ses fils d’immigrés, commence à assimiler dans ses sélections ces jeunes footballeurs turcs nés sur le sol allemand, qui autrefois optaient le pays de leurs parents, la Turquie. Notamment chez les Espoirs (Baris Özbeh, Masut Özil, Serkan Calik) et en A (Serdar Tosçi juste convoqué). Le jeune Espoir d’origine iranienne Ashkar Dejagah (oui, celui qui voulait pas jouer en Israël !) ainsi que Gonzalo Castro, d’origine espagnole, promettent beaucoup, paraît-il…En attendant les futurs Klinsmann, l’Allemagne devrait peut-être songer à naturaliser des Brésiliens, comme tout le monde. Mais, naaan ! On décoooonne !
Donc, quasiment pas de réservoir qualitatif en joueurs. Et la Mannshaft ? Impression plus que mitigée, ces dernières années. Aux Euros 2000 et 2004, pas terrible…Idem en Coupes du Monde 2002 (finaliste chanceuse) et 2006 (3ème place chanceuse) : du bluff ! L’Allemagne s’est qualifiée à l’aise pour l’Euro 2008, même si 2ème derrière la Tchéquie. En amical, une victoire à Wembley (2-1) contre les Trois Lions et une défaite à dom’ contre le Danemark (0-1) : bof…Le plateau de l’Euro 2008 est jouable : Autriche, Croatie et Pologne. On suivra de près le parcours des Teutoniques, il déterminera si oui ou non, Germany is back.
Niveau clubs, en Coupes d’Europe, le bilan n’est pas joyeux. Les équipes de Bundesliga ont décroché depuis les deux dernières finales de C1, l’une gagnée par le Bayern en 2001 l’autre perdue par Leverkusen en 2002, contre le Real Zinédine (1-2). Cette saison, en C1, seul Schalke s’est qualifié pour les 8èmes, contre Porto : mal barré, mais jouable. Attention à la surprise. C’est surtout en C3 que le foot allemand passera un vrai test grandeur nature avec 5 représentants : Bayern, Hambourg, Leverkusen, Nuremberg et Brême. Le Bayern a annoncé la couleur : il veut la C3 ! Gare aux quatre cousins germains qui finissent, comme le Bayern, toujours fort en fin de saison. A suivre…
La Bundesliga ? Comme d’hab’ ! Comme en France avec l’OL, le Bayern cannibalise le championnat, 7 fois vainqueur ces dix dernières années, mais seulement quatrième l’an passé (Stuttgart champion). Afin de récupérer son dû, Hoeness et Rümmenigge ont encore passé l’aspirateur chez les autres clubs du pays : les cracks Altintop, Klose, Podolski et les deux grands Espoirs piqués à M’Gladbach, Jan Schlaudraff et Marcell Jansen. La politique de la terre brûlée…Rajoutez Toni, Zé Roberto et Ribéry. Du lourd, près de 70 millions d’Euros, dont 26 pour le seul Lascar-Face (record de transfert en Allemagne). Sauf que le Bayern ne se frise pas, leader ex-aequo avec le satané Werder, talonné par Hambourg, Leverkusen et Schalke, seulement distancés de quelques points. Une lutte qui promet, comme l’année dernière !
C’est que la Bundesliga sort peu à peu de son long déclin d’il y a quelques années avec ses clubs aux effectifs caricaturaux germano-slaves (du Bulgare en défense, du Yougo-tchèque au milieu et du Polono-croate en attaque !!!). La touche latine, africaine et sud-américaine de ces dernières saisons a apporté un plus technique, en tirant cette Bundesliga vers le haut. On pense aux Ribéry, Sanogo, Diego ou Naldo (Brême).
La dynamique positive de la Coupe du Monde 2006 et le bon parcours de la Mannshaft (3ème place) ont par ailleurs boosté un championnat attrayant et spectaculaire. Le foot allemand joue ! Une moyenne d’au moins trois buts par match. Au hasard, 17ème journée : 27 buts en 9 matches…Un style offensif qui découle de la philosophie allemande de l’attaque (années 70 et 80), et remise au goût du jour par Klinsmann avec la sélection nationale et poursuivie par son successeur Joachim Löw. Contrairement à la France, l’Allemagne a fait sa révolution culturelle : à l’approche du Mondial 2006, Klinsi a redéfini avec les sélectionnés et les clubs (!) ce qui faisait l’essence du style allemand : un jeu porté vers l’attaque ! Malgré un bilan négatif en C1, cette saison (sauf pour Schalke), les clubs allemands n’ont pas démérité, notamment le Werder (victoire nette 3-2 contre le Real) et Stuttgart (pas mal à Gerland).
Comme on le rappelait hier, l’attractivité montante d’une Bundesliga spectaculaire et riche en buts a replacé le foot allemand sur le marché mondial des retransmissions TV : cet été, Bayern Munich – Schalke a été retransmis dans 142 pays, un record pour un match de championnat allemand.
Quand cette dynamique par le jeu sera complétée par une détection/formation des jeunes aussi efficace qu’en France, l’Allemagne pourra à nouveau jouer les premiers rôles. Pas avant. Attendons déjà de voir le foot allemand en C1, en C3 surtout, et à l’Euro 2008 : c’est aussi comme ça que naissent ou non les vocations chez les jeunes, plus trop au fait du passé pourtant glorieux de leurs aînés…
Voilà, voilà…Le foot allemand semble se porter mieux. Il a quitté l’ambiance glauque de peep-show dans laquelle il sombrait peu à peu, genre quand l’Inspecteur Derrick annonce à Monika la strip-teaseuse que le cadavre nu et mutilé de sa collègue Erika a été retrouvé le matin même, flottant dans le bassin N°8 du Port d’Hambourg. La meilleure preuve du regain de santé du foot, c’est le transfert du défenseur international Andreas Hinkel (25 ans), passé cette semaine du FC Séville au Celtic Glasgow ! Andreas qui ?
Chérif Ghemmour
PS : Evidemment, Bernd Schuster a été nommé coach du prestigieux Real Madrid. Question : est-ce que Bernie parle toujours l’allemand ?
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