Barça : La Légende, Acte 1 ?
Ce soir, finale de la Coupe du Roi. FC Barcelone contre Athletic Bilbao. Catalogne contre Pays Basque. Mais sur terrain neutre, au Stade Mestalla de Valence. Madrid est out. Première marche glorieuse d'une saison de feu que les Catalans rêvent d'achever sur un triplé historique ? Oui. Tant que Guardiola sera toujours touché par la grâce...
Comment le Barça, qui menait 3-1 contre Villarreal à la 78ème (et donc largement champion à trois journées de la fin), a pu se faire remonter au score 3-3 ? La fatigue, d’abord. Normal, après la qualif’ homérique décrochée à Chelsea. Et puis il y avait comme de l’indécision après que Fernandez eut réduit la marque pour les Jaunes à 3-2 sur penalty à la 78ème (avec expulsion d’Abidal).
Réduits à 10, les Blaugranas, encore maîtres du ballon, ne savaient plus comment gérer la fin de match : faire tourner ? Essayer de marquer encore ? Jouer défensif et attendre ? Ils tentèrent les trois à la fois, avec les entrées de Busquets, Sylvinho et Gudjohnsen dans le dernier quart d’heure. Peine perdue : Llorente égalisait à la 92ème en mystifiant Puyol.
Déception dans un Nou Camp bondé de Cules prêts à fêter le premier titre de la saison… Pep Guardiola affichait sa satisfaction après ce match nul, arguant du fait que la victoire en Liga aurait démobilisé ses troupes : « Remporter le championnat ce dimanche aurait provoqué des festivités et une déconcentration avant la finale de la Coupe du Roi ce mercredi. La préparation de ce match aurait été difficile » .
On n’est pas obligé de le croire. Mais… Peut-être qu’en fait le coach du Barça a pressenti avant tout le monde que, oui ! Les Blaugranas allaient accomplir une saison d’anthologie, en pulvérisant les records en tous genres et en raflant la triple couronne (Liga, Copa del Rey et Ligue des Champions), mais au terme d’un final forcément difficile. Car il est écrit que c’est dans les épreuves que son équipe doit entrer au Panthéon mondial du foot de club…
Tout y concourt, et Guardiola semble le savoir depuis longtemps… La remontée du Real en championnat, qu’il avait prise très au sérieux afin de mieux la stopper nette au Bernabeu il y a dix jours (6-2). Et puis la qualification irrespirable à Stamford Bridge contre un Chelsea vaincu à la dernière seconde par un coup de patte d’Iniesta. Et puis il y eut aussi la fête gâchée par Villarreal, dimanche soir…
Pour atteindre la gloire, il faut aussi des coups du sort chargés de relever un parcours que d’aucuns qualifieraient de “trop facile”. Alors arrivèrent les terribles blessures de Marquez, Henry et Iniesta ! Si le Mexicain est définitivement écarté des terrains pour la fin de saison, le suspens demeure intenable pour les deux autres : seront-ils remis pour la finale de la Ligue des Champions du 27 mai, à Rome ? On touche là au mystique : tout le peuple catalan se répand en prières muettes pour hâter la guérison de ses deux champions… Et puis il y a les suspensions d’Abidal et Alvès, privés de finale de C1 pour motifs disciplinaires. Un effectif décimé, voilà qui rend l’aventure encore plus épique. On parle aussi de la fatigue naissante d’un Messi, moins flamboyant depuis son show à Madrid…
Un vent de défiance s’est levé aussi depuis la qualification acquise aux dépens de Chelsea. Autrefois admiré à l’unanimité, l’arbitrage “favorable” aux Blaugranas (tacitement reconnu par Guardiola lui-même) a placé le club catalan dans l’obligation de triompher avec talent et panache à Rome pour rehausser l’estime que beaucoup lui portaient. Qui plus est devant Manchester United, tenant du titre et leader de fer de la Premier League. Des redoutables Red Devils chargés de laver l’honneur d’un foot anglais qui souhaite poursuivre son hégémonie continentale… Voilà.
Toutes les forces contraires sont désormais réunies pour empêcher l’accomplissement du Grand Œuvre. Si le Barça les surmonte et décroche la Triple Couronne, alors il sera vraiment devenu un champion fabuleux. Pas avant. Car, pour l’instant, les Catalans n’ont encore rien gagné. Sauf cataclysme, la Liga est dans la poche. Mais ce ne sera pas suffisant : les deux autres coupes manqueraient à un palmarès d’exception qu’on impute seulement aux Très Grands. Guardiola semble croire à son destin. Voilà qui le rapproche de Ferguson…
Mais il faut procéder par ordre. Alors, ça commence ce soir. A Valence, face aux Basques de Bilbao qui voudront en découdre et égaler le record de Coupes d’Espagne détenu… par le FC Barcelone ( 24 coupes, et 23 pour l’Athletic) ! Observez bien Pep Guardiola, ce soir. Jusqu’à la dernière seconde…
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