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Babar, la défense avant tout

Par Théo Denmat
Babar, la défense avant tout

Babar aime se remuer la trompe. Au fil des histoires racontées depuis sa création il y a 86 ans, le 15 décembre 1931, le « très sportif » roi de Célesteville s'est tantôt essayé au basket, au judo, à l'aviron ou encore... au football. Mais le pachyderme était-il seulement doué pour taper dans un ballon ?

Contrairement à ce que son physique laisse à penser, Babar se pose comme l’un des rares « éléphants sportifs » de son espèce. Sa trompe est juste assez courte pour ne pas traîner dans ses pieds lorsqu’il court. Ses oreilles, rigides et bien dressées, ne le gênent en aucun cas lorsqu’il saute. Et ses jambes puissantes pourraient avaler les cent mètres d’un terrain de football aussi rapidement que Christophe Lemaître. D’ailleurs, pour les non-initiés, l’histoire de Babar a commencé par une course. Terrorisé par l’assassinat de sa mère devant ses yeux par un chasseur, l’éléphanteau fuit dans la jungle en direction de la grande ville et échoue la bave aux lèvres dans une demeure, celle de « la Vieille Dame » , qui lui offre gîte, couvert, éducation et son iconique large costume vert. Au fil des ans, le pachyderme devenu roi de Célesteville restera un supporter de la Juve et organisera une foule d’événement sportifs – couronnant, sans avoir l’air d’y toucher, les bienfaits de sa trompe musculeuse et une mentalité plus proche de celle de Cristiano Ronaldo que de Pierre de Coubertin. Car au milieu du basket, du volley et de l’aviron, Jean-Claude Gibert, illustrateur des histoires du personnage depuis plus de vingt ans, se souvient bien avoir croqué quelques coups de pied arrêtés : « En 1999, on avait fait un livre qui s’appelaitLes Sportsoù une page était consacrée au football, explique-t-il. Je me souviens que sur la couverture du coffret, j’avais dessiné Babar sur le point de tirer un penalty, avec un rhinocéros dans le but qui attend la frappe. » Alors, Babar était-il costaud sur un terrain ?

Rhinos espions

Héros sans opposant du récit de Jean de Brunhoff basé sur son histoire, Babar est, comme tous les souverains du monde des humains, souvent divinement favorisé par le cours des choses. Poutine s’essaie au hockey, Poutine marque un but. Macron exerce sa frappe de balle à Sarcelles, un garde du corps dévie sa frappe dans les buts. Alors, quand Babar s’aligne aux J.O, forcément, c’est pour ramener des médailles. « Il est un peu comme Mickey, si vous voulez, reprend Jean-Claude Gibert. D’ailleurs, pour l’anecdote, Babar a été créé à Chessy, à une poignée de mètres du Parc Disneyland Paris, seulement trois ans après la souris de Walt Disney. Il est très courageux, sportif. Il a fait du ski, du snow, du judo, du basket, de l’aviron… Alors en football, c’est un éléphant qui va marquer des buts, forcément. Dans toutes les illustrations que j’ai faites, c’est lui qui marque, notamment face à Rataxès. »

Le roi des rhinocéros, par ailleurs ennemi juré du roi Babar, est justement la victime attitrée des fessées délivrées lors de ces rares matchs de foot, comme le souligne l’intrigue figurant au dos de la cassette VHS Babar joue au FOOT, sortie en février 1997 : « Exaspéré à l’idée de pouvoir perdre le match contre les éléphants, Rataxès a mis au point un système d’espionnage lors de l’entraînement de Babar : le une-deux ou le coup de pied arrêté des éléphants n’ont plus de secret pour lui. Mais Cornélius (un vieil éléphant conseiller de Babar, ndlr), venu porter à Rataxès une invitation pour le cocktail d’après-match, découvre le stratagème. Furieux, Rataxès le jette en prison dans l’une des cellules du château. Ne le voyant pas revenir, Babar est très inquiet et décide de partir à sa recherche. Le match de foot du lendemain pourra-t-il se dérouler sans anicroche ? » Tantôt drapé d’un ensemble rouge à encolure blanche ou d’un maillot blanc à encolure bleue, Babar a su décliner l’un de ses sports favoris en un puzzle cinquante pièces encore trouvable en « bon état » , ou un jeu de société Babar Aventures Football, simplement composé de deux figurines en plastique, d’un ballon et de filets rigides. Mais, surtout, – et son illustrateur historique n’en n’avait jamais entendu parler – Babar dispose d’un club de football à son nom. Pour le trouver, direction la province de Liège, en Belgique.

« Nous faisons rire dans toute la province de Liège »

La voix au bout du fil a plus de soixante ans d’expérience, mais elle semble plus lassée que la moyenne. Comme si les valeurs défendues par Jean-Louis Thonus au moment de la création du Babar Visé en 1977, qui n’est au départ qu’un petit club de foot en salle composé d’amis déconneurs, s’étaient effritées au fil des ans. À l’époque, ils sont quatre à chercher un nom pour cette association sportive, prétexte à apéros pour une bande qui se définit elle-même comme « très festive » : « Mes amis étaient des grands lecteurs de BD, rembobine Jean-Louis, actuel président du club et seul rescapé du quatuor. On voulait un nom qui sorte de l’ordinaire et on aimait beaucoup Babar, on ne se prenait pas au sérieux, le but étant de trouver un nom qui fasse rire. D’ailleurs, encore aujourd’hui, le Babar Visé fait encore rire dans toute la province de Liège où nous habitons. C’est un nom qui nous apporte bien plus que le Soccer Machin ou le Football Club de Truc. »

Même si le président regrette l’état d’esprit de la nouvelle génération, bien plus tournée vers la compétition que les levées de coudes générales initiales – qui avaient un temps attiré Roger Claessen, figure mythique du Standard de Liège, aussi connu pour ses envolées sur le terrain que pour sa descente au goulot -, il veille au poste pour maintenir l’ambiance à la Babar, dont le logo représente justement un éléphant. Restent donc les valeurs de la grande trompe, hommage à un emblème « comique et léger » garant d’un certain « état d’esprit Babar que j’avais dans mes dessins, et que Laurent de Brunhoff aimait beaucoup » , ajoute Jean-Claude Gibert. Il suffit de regarder ses traits de crayon : deux points noirs pour les yeux, deux quenottes blanches pour les défenses, les chaussettes remontées jusqu’au genou et, surtout, la couronne sur la tête. Éléphant très sportif d’accord, mais roi du football avant tout.

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Par Théo Denmat

Tous propos recueillis par TD

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