Ars-Liverpool : un choc, un vrai ?

On nous avait habitués à (au) pire. D’ordinaire, Arsenal-Liverpool n’était qu’un choc de façade dont l’unique enjeu n’était que de savoir qui allait finir troisième du championnat. Une rencontre soi-disant phare de la saison où l’on pouvait trouver des buteurs aussi crades que Neil Mellor, Harry Kewell ou Aliadière. Un match où Julio Baptista pouvait planter un quadruplé, où Peter Crouch y réaliser un coup du chapeau, comme ce fut le cas il y a deux ans.

Depuis le fabuleux quart de finale de C1 de la saison passée, les choses ont changé. Ce dimanche, la confrontation entre Arsenal et Liverpool revêtira enfin un réel intérêt. Déjà parce que chacun a réalisé un sans faute contre les autres membres du Big Four, ensuite parce que Liverpool est en tête du championnat à la mi-décembre, ce qui n’était pas arrivé depuis lurette. Arsenal, quant à lui, sera comme d’habitude dans l’obligation de gagner pour ne pas être largué.

Des allures de finale…

Arsenal comme Liverpool sont sortis vainqueurs de leurs rencontres face à MU et à Chelsea. Tous deux viseront donc le grand chelem ce dimanche. Peu habitués à être en tête du championnat à pareille époque, les hommes de Benitez peuvent voir venir et se contenter d’un point. Sauf que se profile le grand rush de Noël et ses quatre matches en huit jours ; et que l’effectif des Reds n’est en aucun cas comparable à celui des Blues ou de Manchester Utd, du moins en quantité. Il est donc important pour Liverpool de conserver son fauteuil avant le Boxing Day – ce à quoi un nul ne suffirait vraisemblablement pas -, pour deux raisons : non seulement parce qu’ils risquent de laisser beaucoup de plumes dans les jours à venir, mais aussi parce que, c’est bien connu, on ressent beaucoup moins la fatigue quand on gagne.

Cependant, on n’imagine mal Benitez se rendre à l’Emirates la fleur au fusil et ne pas se contenter d’un bon vieux 0-0. Une bonne partie de l’attirail offensif des leaders du championnat d’Angleterre se trouvera sur le banc au coup d’envoi, c’est écrit. Le plan est déjà tout tracé. Gerrard et ses “mates” devront avant tout défendre, perdre ou gagner du temps, c’est selon, user leur adversaire et attendre la 75ème pour placer le contre assassin ou crucifier Almunia sur coup de pied arrêté. Sauf que Liverpool n’est pas la Juve et qu’en face se trouve Arsenal, l’équipe la moins rationnelle du continent.

… Surtout pour Arsenal

Capables de sombrer à City (3-0), de s’inventer une crise générationnelle la semaine qui suit pour finalement faire tomber le leader chez lui en à peine trois minutes, les Gunners cuvée 2008-2009 sont tout sauf réguliers.

Face aux Reds, ils se retrouveront un peu dans la même configuration que lors de leur visite à Stamford Bridge il y a trois semaines : cinquièmes, à huit points de leur adversaire du jour et donc dans l’obligation de gagner pour ne pas voir le titre, mais également la qualif en C1, s’éloigner pour de bon. Malgré le fossé qui sépare son équipe du leader, Wenger se veut optimiste : « On n’est pas décrochés. Les équipes actuellement en tête ont déjà abandonné de nombreux points à domicile. Je ne vois pas le champion dépasser les 85 points comme les autres années » . Il n’a pas tort, d’autant que l’infirmerie du club commence à désemplir, juste avant la période où il aura le plus besoin de ses troupes.

On sent déjà le coup venir : un Arsenal un peu moins joueur que d’habitude va se frotter à un bloc de Liverpool compact et organisé. Le score ? Sûrement pas 6-3, 4-1 ou 4-2 comme lors de trois des huit dernières rencontres entre les deux clubs. Comme aime à le dire Paganelli, l’enjeu risque de primer sur le jeu. Mais faut savoir ce que l’on veut.

Marc Hervez