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Arda Turan, l’Atlético dans la peau

Par Robin Delorme, à Madrid
Arda Turan, l’Atlético dans la peau

Capitaine de la sélection turque, enfant de Galatasaray, Arda Turan est aujourd'hui le chouchou des supporters de l'Atlético de Madrid. Une histoire d'amour entamée en 2011 et qui semble encore loin de s'achever. Rencontre avec le barbu le plus aimé du Sud de la capitale espagnole.

« Il fallait se rendre à Lisbonne pour la finale de Ligue des champions. Là-bas, vous auriez pu voir quel club des deux avait le plus de fierté. Nous avons perdu 4-1, mais nos supporters ont été de loin les meilleurs. » Arda Turan évoque l’Atlético de Madrid avec cet amour aveugle de l’aficionado. Le derbi madrileño de Lisbonne, auquel il n’a pu participé, il en tire une note positive. Plus que cette défaite cruelle au bout du temps réglementaire, il retient la fierté retrouvée du peuple des Colchoneros : « Si nous gagnons une finale, nous la gagnons tous ensemble, y compris avec les supporters. Après la finale, c’est le retour à la normalité. La déception est quelque chose de normal. Pour moi, elle a duré une heure et demie. Mais c’était la plus grande déception de nos vies, de la mienne en tout cas. C’est désormais du passé. » Aujourd’hui, son présent est synonyme de retour dans le groupe de Simeone face à Almería, après une blessure qui l’a éloigné quelques semaines des terrains. Et son futur, il ne l’image pas vraiment ailleurs qu’au Vicente-Calderón, lui l’habitué des ovations de l’antre des Rojiblancos.

« L’Atlético, c’est devenu ma famille »

Son idylle avec l’Atéltico de Madrid, Arda Turan l’entame en 2011. Nihat Kahveci, son ancien coéquipier de sélection, se rappelle les semaines qui ont précédé son arrivée en provenance du Galatasaray : « Il m’a appelé à la fin de ma carrière, lorsque j’étais revenu au Beşiktaş. Il m’a dit : « Nihat, j’ai une offre d’un club espagnol ». J’ai joué plus de huit ans en Liga, je connais très bien le championnat, qui est pour moi le meilleur au monde. Je lui ai dit : « Vas-y. Peu importe combien ils te paient, fonce. L’Atlético est l’un des plus grands clubs d’Espagne, tu n’as aucun doute à avoir ». Il s’est engagé avec l’Atlético dans la foulée. Le club pourrait me remercier (rires) » . Le barbu le plus fameux de Turquie retrouve alors un fanion lui rappelant un club stambouliote. « L’Atlético de Madrid rappelle plus le Beşiktaş Istanbul, avoue-t-il. Économiquement, le Gala a plus d’argent que le Beşiktaş, comme le Barça par rapport à l’Atlético. Le Beşiktaş est une équipe plus rugueuse, son stade est plus petit, et ses supporters ressemblent plus à ceux de l’Atléti. Mais comme l’Atlético, il se bat chaque année contre les plus gros. Ici, on joue match après match. »

Cette philosophie du dia a dia, il ne la côtoie que six mois après son arrivée. Car ses débuts, bien que prometteurs, sont soumis à la longue période de turbulences que traverse le club des bords du Manzanares. Et ce, jusqu’à l’arrivée en décembre de la même année de Diego Simeone. Avec le Cholo sous la guérite, Arda se métamorphose. De son propre avis, « depuis que Simeone est mon coach, je suis beaucoup plus fort. Pas seulement physiquement, mais également dans la tête. Il t’apprend à encaisser toutes les sortes de coups » . Dans ce style tout en testostérone, le Turc détonne. De son sourire et sa désinvolture germe même un nouveau courant de pensée : l’ardaturanismo. « C’est l’idée d’additionner l’éthique et l’esthétique, de mettre toutes les belles choses de la vie, et du football, sur le devant de la scène » , raconte Juan Esteban Rodríguez, son biographe et l’un des instigateurs de cette nouvelle philosophie. L’amour que lui portent les supporters de l’Atlético, Arda ne se l’explique pas trop : « C’est devenu ma famille. À mon arrivée, je leur avais promis que j’allais essayer de bien jouer. Mais surtout, que j’allais me battre à tous les matchs. Je pense que cela explique la bonne relation que j’ai avec les supporters » .

« Le plus important est d’être heureux »

Avec son importance grandissante au sein du club, il permet à ses dirigeants d’arracher son aîné et ami de la sélection, Emre Belözoğlu. L’actuel joueur de Fenerbahçe se remémore son arrivée : « Directement, il m’a proposé de venir loger chez lui, car je n’avais pas encore de maison. C’était un mois génial, surtout que ma famille était restée à Istanbul. C’est le mec le plus facile à vivre au monde. J’étais comme chez moi. On a passé de nombreuses heures à jouer à la Playstation. Je battais souvent Arda, ça a presque réussi à l’énerver. On était comme un vieux couple » . Tout en strass et paillettes au pays, Arda trouve une certaine quiétude dans la capitale espagnole. L’Atlético et Madrid, il ne semble pas vraiment les quitter. Lors de l’été 2012, il reçoit une offre mirobolante de l’Anji Makhatchkala, mais « ce n’est pas la seule offre que j’ai reçue » : « Mais moi, je suis bien à l’Atlético, j’aime ce club, je n’ai pas envie d’en bouger. Je suis heureux ici, et c’est le plus important. Plus que d’avoir de l’argent ou un énorme contrat. L’histoire, les supporters… tout ça n’a de l’importance que si je suis heureux où je suis. C’est vrai qu’ici, je me sens super bien avec les supporters, que nous avons une grande histoire. Mais vraiment, le plus important est d’être heureux » . Dans la victoire comme dans la défaite.

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Par Robin Delorme, à Madrid

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