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Antony, le coup de cœur du Betis

Par Louis Leymarie, à Séville
5 minutes

Après un prêt idyllique mais de courte durée, Antony a finalement été définitivement transféré au Real Betis dimanche soir. Officialisé lundi matin à Triana, son quartier d’adoption, le Brésilien a attiré les foules pour son retour tant espéré depuis des mois. Entre émotion sincère et euphorie, récit d’une matinée que Séville n’est pas prête d’oublier.

Antony, le coup de cœur du Betis

On dit souvent qu’il ne faut jamais s’attacher à un joueur en prêt. Encore moins d’en tomber amoureux. Pourtant, ils étaient des centaines de milliers de fans du Betis, à espérer le retour presque illusoire d’Antony. En quelques mois à peine, le paria de Manchester United est devenu une idole en Andalousie, adopté à Séville comme « Antonio de Triana ». Ce surnom affectueux, en référence au nom d’un quartier de la ville, symbolise mieux que tout la relation qui s’est créée entre le club le plus populaire de Séville, et le Brésilien en quête d’amour. Lundi matin, c’est ce lien qui a fait se déplacer des centaines de Beticos afin d’accueillir leur néo-protégé pour son officialisation. Car après des mois d’attente, de doutes sur la capacité financière du Betis à attirer un joueur de la sorte, et de propositions onéreuses venues du Golfe, oui, Antony est enfin de retour chez lui.

À peine le pied posé dans la Calle Betis, lieu évidemment bien choisi pour sa présentation, les chants à la gloire du Brésilien se succèdent. Derrière ses lunettes noires, la blancheur apparente de ses dents laisse deviner à quel point ses yeux pétillent devant l’effervescence qui l’entoure. Rapidement confiné dans un restaurant de Triana afin de remplir ses obligations médiatiques, la simple présence d’Antony continue d’attirer au fil des minutes de nombreux supporters impatients d’enfin revoir celui qui les a tant fait rêver : « Antonio (Antony) est un putain de joueur, un gars de classe mondiale. C’est incroyable pour nous de le voir revenir ici », s’extasie un jeune supporter. Dispersée aux deux extrémités de l’établissement, chacun espérant être le premier à voir l’ancien de l’Ajax sortir, la foule verte et blanche patiente en chantant à la gloire du Betis sous le soleil tapant. Et lorsque deux jeunes supporters sevillistas agitent leur drapeau rouge et blanc du haut d’un balcon de la rue en signe de provocation, les chants de gloire se transforment en différentes injures dont on vous laisse imaginer l’inventivité.

J’ai attendu 40 jours dans un hôtel, mon agent et toute la direction savaient à quel point je voulais retourner au Betis. Pour moi c’est un rêve.

Antony

De l’autre côté de la baie vitrée teintée, la joie ambiante laisse place à quelques larmes. Ému de son retour et de l’attention qui lui est portée, Antony raconte son périple : « quand ma famille a appris la nouvelle, ils se sont tous mis à pleurer, ils étaient très heureux pour moi car ils savent à quel point ç’a été difficile pour moi à Manchester, balbutie-t-il la gorge nouée. J’ai attendu 40 jours dans un hôtel, mon agent et toute la direction savaient à quel point je voulais retourner au Betis. Pour moi c’est un rêve. » Il faut dire que lui aussi a tout fait pour revenir sur sa terre d’accueil. Au point d’accepter de diviser son salaire de moitié, alors qu’Al-Nassr lui faisait des propositions autrement plus alléchantes financièrement. Il est même allé jusqu’à refuser une offre du Bayern en fin de mercato : « le deal avec le Betis était conclu à 95%, j’ai respecté ma parole. Je me sens tranquille d’avoir pris cette décision parce que je suis très heureux ici. »

Un flocage refusé la saison dernière

Au fur et à mesure que la conférence de presse s’éternise, les supporters à l’extérieur ne s’impatientent pas malgré le soleil de plomb qui tape sur leurs crânes depuis un bon moment. Ils ont attendu des mois pour ce moment, ce n’est pas quelques minutes de plus qui les feront flancher. À travers la masse, des gamins hauts comme trois pommes arrivent à se frayer un chemin au devant des barrières, photo et crayon en main espérant une dédicace. D’autres occupent leur temps en dépoussiérant la vitre arrière d’une voiture pour y marquer le nom de celui que tout le monde attend.

Antony m’a donné des émotions que je n’ai presque jamais ressenties auparavant

Une supportrice

Dans la rue Betis, habituellement calme à cette heure-ci, les voitures klaxonnent au rythme de la foule en passant. Une touriste anglaise s’interroge sur cette réunion désorganisée, « it’s for Antony, the new player », lui répond-on poliment, ce qui ne l’éclairera sans doute pas plus. Puis après presque deux heures d’attente, Antony apparaît enfin, ballon du Betis à la main et maillot à son nom sur les épaules. Il n’est toujours pas floqué « Antonio de Triana » comme il voulait qu’il le soit pour la dernière journée de Liga la saison dernière, mais qu’importe puisque le chant éponyme est beuglé en chœur à peine a-t-il posé un pied dehors.

Photo : Noémie Betton
Photo : Noémie Betton

La bousculade dure quelques minutes et les autres supporters groupés de l’autre côté de l’enseigne accourent pour eux aussi vivre ce moment. Antony lui prend le temps de faire quelques selfies le long des barrières, le sourire enfin retrouvé. Qu’elles paraissent loin à cet instant, les différentes moqueries mancuniennes sur son spin ou ses sourcils froncés. Ici, on se souvient plutôt de son coup franc direct et de sa demi-volée surpuissante face à la Fiorentina en demi-finale de Ligue Conférence, ou encore de son but salvateur face à l’Espanyol. « Antony m’a donné des émotions que je n’ai presque jamais ressenties auparavant », explique une supportrice arborant elle aussi le numéro 7 des vert et blanc sur son dos. Des dizaines de photos et autographes plus tard, la nouvelle recrue star prend une pose finale devant ses fans, puis s’éclipse définitivement pendant qu’on continue à chanter à son nom.

Sur les coups de 14 heures, la rue Betis retrouve enfin son calme, à une heure où plus grand monde ne sort par cette chaleur. Dans l’après-midi, Antony est allé découvrir son stade d’emprunt, La Cartuja, dans lequel le Betis passera ses deux prochaines années le temps des travaux du Benito-Villamarin. Il lui faudra encore attendre presque trois semaines pour jouer à nouveau sous les yeux des 70 000 supporters du stade olympique, situé comme un symbole dans le quartier de l’idole locale, Triana.

L’accueil démentiel réservé par les supporters du Betis à Antony

Par Louis Leymarie, à Séville

Tous propos recueillis par LL. Photos : Noémie Betton

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