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Angleterre-Belgique, un gueuleton en famille

Par Mathieu Rollinger
5 minutes
Angleterre-Belgique, un gueuleton en famille

Le sommet du groupe G met aux prises deux sélections unies par les liens des clubs, anglais en l’occurrence, et beaucoup de coéquipiers au quotidien se retrouvent opposés ce jeudi (même si les titulaires habituels y assisteront certainement depuis le banc). Mais derrière l'air de famille évident, Belges et Anglais n'ont pas le même projet.

Le rendez-vous était pris. Ce sera jeudi à 20 heures à Kaliningrad. Belges et Anglais se retrouveront pour le troisième match de poule de la Coupe du monde. Le genre de retrouvailles délocalisées où tout le monde prendra plaisir à se revoir, et trinquera (à la bière), loin de la grisaille anglaise. Certains étaient même ensemble lorsque la date a été fixée. « Eric (Dier) était chez moi le soir du tirage au sort, racontait le défenseur belge des Spurs Jan Vertonghen. C’était un moment particulier et nous en avons beaucoup parlé les jours suivants. » Une rencontre entre deux équipes qui se ressemblent (une défense à trois et les deux meilleurs buteurs du Mondial de chaque côté) à marquer d’une pierre blanche sur son calendrier. Notamment pour les nombreux Diables rouges issus de la diaspora belge en Premier League.

Made in England

Sur les 23 sélectionnés, onze y jouent actuellement (Alderweireld, Dembélé et Vertonghen à Tottenham ; Courtois et Hazard à Chelsea ; De Bruyne et Kompany à City ; Fellaini et Lukaku à United ; Mignolet à Liverpool ; Chadli à WBA) et quatre y sont passés (Batshuayi, Boyata, Januzaj et Vermaelen). Suffisant pour parler d’une communauté, grandissante a fortiori. Les pionniers, les Mancuniens Fellaini et Kompany, peuvent en témoigner. « Vincent et moi avons montré la voie, rembobinait le milieu cette semaine. D’autres nous ont suivis et ont fait leur chemin. Le petit Belge, en Angleterre, est devenu quelqu’un. On s’est tous fait un nom. »

Cette tendance ne peut être atténuée par le staff, puisque Robert Martinez a trimbalé son imper sur les banc de Swansea, Wigan et surtout Everton, alors que son adjoint Thierry Henry a passé huit ans à empiler les buts à Arsenal. Le style anglais et les joueurs qui le pratiquent n’ont donc rien d’une surprise pour le technicien espagnol. « Quand j’ai débarqué en Premier League en 2009, il y avait un vrai contraste dans le championnat entre les locaux et les étrangers, analysait Martinez face à la presse. Mais je pense que les joueurs anglais ont développé une incroyable conscience d’un point de vue tactique. C’est la plus grande différence à noter depuis cinq ou six ans. »

En face, les Anglais connaissent par cœur les forces des Belges, tant leurs stars sont également celles de leur championnat. Mais plutôt que de tourner à un règlement de compte fratricide, cette rencontre pourrait ressembler à une cousinade un peu mielleuse. Car après avoir fantasmé, redouté et imaginé ce match pendant sept mois, Three Lions et Diables rouges ont eu le bon goût de laisser leurs tracas à la porte. Tous deux qualifiés, présentant une égalité quasi parfaite au classement, le seul enjeu sera de choisir son futur adversaire et sa partie de tableau. Les lauréats du groupe H seront connus plus tôt dans la journée et la logique voudrait que chacun cherche à affronter au prochain tour le Japon ou le Sénégal, plutôt qu’une Colombie ragaillardie. Mais comme au moment de négocier un héritage en famille, c’est sur ce point que les dissonances se font entendre en amont de la rencontre.

France-Italie 1998, version 2018

Roberto Martínez, lui, devrait opter pour une large revue d’effectif, histoire de ne pas risquer les suspensions (De Bruyne, Meunier, Vertonghen) ou préserver les joueurs fragilisés physiquement (Lukaku, Kompany). « Ce serait un manque de professionnalisme de les faire jouer, assure le sélectionneur. Je ferai l’équipe en fonction de ça, mais aussi de l’état de forme. Je sais que beaucoup de Diables ont envie de jouer contre les Anglais qu’ils connaissent si bien en Premier League, mais le collectif passera avant. Et ça ne sera un problème pour personne. On a tous un objectif commun dans ce tournoi. » Un discours calqué sur les ambitions d’une sélection qui a un statut à affirmer, doit se débarrasser de cette étiquette d’outsider sexy, mais fragile, et se poser enfin en prétendant crédible à la course finale. Et cela passe par ne pas cramer toutes ses cartouches pour un match de gala.

De l’autre côté de la table, les intentions sont tout autres : les Anglais joueront la gagne. « Nous voulons rester dans notre dynamique, qui est celle de gagner des matchs. On veut que cette mentalité de gagneurs soit partagée par tout le monde dans notre groupe, clamait mercredi Garry Southgate. Commencer à réfléchir à quelle équipe et à quel stade pourrait mieux nous convenir en vue d’une demi-finale ou je ne sais pas quoi, ça me dépasse, vraiment. Aujourd’hui, on n’a aucune idée de l’équipe que l’on affrontera en huitièmes, on se concentre sur cette rencontre face aux Belges. » Typique d’une Angleterre pour qui cette compétition est une expérience qui permettra de passer au révélateur sa nouvelle génération. Pas d’ambitions démesurées, mais des certitudes à trouver, un groupe à former, afin de s’armer pour le futur. Les déroutes passées ont trop blessé l’ego pour se projeter, mais tout ce qui est à prendre est bon à prendre. Et dans ce match qui sert d’entrée, Belges et Anglais se soucient surtout de garder un peu de place pour le plat de résistance que sera la phase finale.


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Par Mathieu Rollinger

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