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Et Pioli s’est mis à grincer

Par Tristan Pubert

Sous le feu des critiques depuis plusieurs mois, Stefano Pioli n’a pas arrangé son cas avec la défaite dans le derby de Milan. À tel point que la direction devrait sauf surprise s’en séparer à l’issue de la saison. Mais Pioli est-il vraiment une pipe ?

Et Pioli s’est mis à grincer

Ce lundi 22 avril 2024 restera dans les mémoires. Pour les tifosi de l’Inter, d’abord, parce que cette victoire historique dans le derby (2-1) est synonyme de 20e Scudetto. Pour les tifosi du Milan, aussi, parce que cette énième défaite face au rival nerazzurro sonne comme une humiliation. Sous la pluie lombarde, Stefano Pioli s’est de nouveau montré impuissant face à la machine de Simone Inzaghi. Cette nouvelle leçon tactique a mis en exergue les lacunes de celui qu’on appelait « le divin chauve », qui a souhaité se rassurer en conférence d’après-match en avançant que « ce derby était équilibré » et qu’il « n’était pas déçu de la prestation de ses joueurs ».

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Pourtant, avec ce sixième derby perdu consécutivement (record dans l’histoire du club), Stefano Pioli a très certainement scellé son avenir au pied du Duomo, quatre jours après l’élimination en quarts de finale de Ligue Europa. Face à la Roma d’un novice dans la profession, Daniele De Rossi, le Parmesan s’est de nouveau retrouvé en panne d’inspiration tactique : une équipe trop friable défensivement, incapable de concrétiser sa domination et des choix difficiles à comprendre, à l’instar de Samuel Chukwueze, le Rossonero le plus en vue ces dernières semaines, qui a commencé ces trois rencontres cruciales (l’aller et le retour face à la Roma et le match face à l’Inter) sur le banc. Le temps où San Siro reprenait à l’unisson « Pioli is on fire » est révolu. Désormais, l’ancien défenseur est vivement critiqué en Lombardie, en témoignent le hashtag #PioliOut qui pullule sur les réseaux sociaux et les sifflets à son encontre lors de l’annonce des compositions à San Siro. Néanmoins, si Stefano Pioli a sa part de responsabilité, remettre l’entièreté des maux milanais sur ses épaules est une faute.

Rendre à Stefano ce qui appartient à Stefano

En octobre 2019, Stefano Pioli débarque sur le banc rossonero après le licenciement de Marco Giampaolo. La suite appartient à l’histoire. Épaulé par Paolo Maldini mais aussi par Zlatan Ibrahimović qui décide de s’offrir une dernière danse à Milan, le quinquagénaire est parvenu à ramener le Milan sur le toit de l’Italie. Cette réussite s’explique par la personnalité de Stefano Pioli, loin d’être un tacticien de renom, mais qui puise sa force dans sa capacité à fédérer un groupe. Rafael Leão parle de lui comme d’un « deuxième père », Sandro Tonali souligne « son côté protecteur ».

C’est un vrai meneur d’hommes et un fou de travail. Il accorde une grande importance à l’aspect humain et c’est ce qui fait la différence.

Bryan Dabo

« C’est de très loin le meilleur entraîneur que j’ai eu durant ma carrière », tease Bryan Dabo. L’international burkinabé – qui a évolué sous ses ordres durant un an et demi du côté de la Fiorentina – souligne ses qualités fédératrices : « C’est un vrai meneur d’hommes et un fou de travail. Il accorde une grande importance à l’aspect humain et c’est ce qui fait la différence. » Sous ses ordres, le Milan retrouve alors de sa superbe avec des individualités qui performent, surperforment même, à l’instar de Tomori, Hernández, Tonali, Brahim Diaz (depuis parti au Real Madrid) et bien évidemment Rafael Leão. « Il a redonné ses lettres de noblesse au Milan. Remporter un Scudetto n’est pas rien, il ne faut pas l’oublier », surenchérit Dabo.

Avec ce Scudetto glané au printemps 2022, Stefano Pioli est alors en odeur de sainteté dans la ville lombarde. Et forcément, la chute en est bien plus brutale. Le Milan connaît une baisse de régime avec des individualités plus autant étincelantes (Leão, Hernández, Tomori pour ne citer qu’eux), sans oublier la vague de blessés en début de saison. Le Mister se retrouve démuni, incapable de trouver les solutions, et les critiques commencent à se faire entendre. Pour Dabo, c’est incompréhensible : « Le métier d’entraîneur est un métier ingrat. Tu peux être sur le toit du monde, et le lendemain, on te descend plus bas que terre. Et c’est ce qui se passe avec Pioli. Pourtant, quand on regarde ses résultats, ils sont plus que positifs, les Milanais sont deuxièmes de Serie A (avec 5 points d’avance sur la Juventus, adversaire du week-end, NDLR), ce n’est pas rien. » L’été dernier, déjà, l’avenir de Stefano Pioli est remis en question, notamment par un certain Paolo Maldini (ce qui lui coûtera en partie sa place). Finalement, il sera confirmé pour l’exercice 2023-2024. La saison de trop ? En effet, si le piolismo correspondait au projet rossonero il y a encore quelques années, ce n’est plus le cas aujourd’hui. La faute à un changement de politique sportive.

Un échec prévisible

Depuis août 2022, le Milan est sous pavillon américain. Une nouvelle direction de Red Bird pratique une politique de trading en achetant des jeunes prospects pour les développer et réaliser de belles plus-values. Cette méthode n’a jamais correspondu pas à la vision de Stefano Pioli : beaucoup plus pragmatique, il préfère miser sur des joueurs plus confirmés (ce qui veut dire avec un minimum d’expérience). Former des jeunes talents et les développer, avoir une vision sur le long terme, le Parmesan ne sait pas faire. Son credo est sommaire, critiquable par certains : si t’es bon tu joues, si t’es pas bon tu ne joues pas. Le meilleur exemple est celui de Charles De Ketelaere. À 21 ans, le jeune Belge a débarqué à Milan sur la pointe des pieds. L’adaptation fut difficile, Pioli perdit patience et l’envoya sur le banc sans frémir. Il est donc difficile pour les joueurs en développement de se faire une place sous les ordres de Stefano Pioli et ils doivent souvent forcer le destin. Relégué sur le banc pendant toute une saison, Yacine Adli a dû attendre la vague de blessés du début de saison pour gratter du temps de jeu et prouver à Pioli qu’il est un excellent joueur de pallone.

« Stefano est un entraîneur très exigeant et demande à ses joueurs, qu’ils soient jeunes ou pas, d’être prêts à tous les niveaux avec des qualités tactiques avancées », souligne Dabo, qui prend l’exemple de Federico Chiesa : « Il avait 20 ans avec nous et jouait tous les matchs. Il était déjà prêt mentalement, physiquement, techniquement pour le haut niveau. Mais des jeunes joueurs comme Chiesa sont rares, et je pense qu’à Milan, les exigences sont plus élevées qu’à la Fiorentina. On lui demande de gagner des titres, donc forcément, il exige des joueurs confirmés et prêts pour le haut niveau. » Alors que la direction milanaise s’appuie désormais sur ces potentiels cracks (Chukwueze, Okafor, Musah), Stefano Pioli ne correspond donc pas à cette nouvelle politique. Paolo Maldini l’avait prédit l’été dernier, et il faut toujours l’écouter.

Dans cet article :
Fonseca agacé par les penaltys manqués contre la Fiorentina
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Par Tristan Pubert

Propos de Bryan Dabo recueillis par TP.

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