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À Lille, la nouvelle sensation répond au nom d’Amadou Onana

Par Andrea Chazy, à Lille
À Lille, la nouvelle sensation répond au nom d’Amadou Onana

Recruté cet été pour 9 millions d’euros à Hambourg, Amadou Onana est l’une des rares satisfactions d’un début de saison lillois en dents de scie. Le capitaine des Espoirs belge est un homme pressé : à 20 ans, le bonhomme parle déjà cinq langues et arrive au LOSC pour devenir le grand joueur qu’il a toujours rêvé d’être. Portrait.

Amadou Onana a la tête remplie de rêves. Des rêves dont la frontière avec ses ambitions est poreuse tant le jeune Belge de 20 ans, né à Dakar au Sénégal, gravit les marches du succès à vitesse grand V. Le 14 septembre dernier, au cœur d’un stade Pierre-Mauroy dans l’attente d’un miracle face à un Wolfsbourg réduit à dix, Onana aurait pu se muer en héros. Au bout du temps additionnel du premier match de C1 de sa vie, le numéro 24 lillois crochète à la limite de la surface de réparation Josuha Guilavogui, qui prie alors pour ne pas avoir commis l’irréparable. Les Loups peuvent pousser un hurlement de soulagement : cela ne s’est joué qu’à quelques centimètres. Tant pis pour la gloire, Onana devra encore attendre. Cela ne le dérange pas : « Pour moi, oui, je pensais que j’avais un pied dans la surface, mais ça a été contrôlé par la VAR, expliquait le milieu de terrain nordiste en conférence de presse d’après-match. Donc je pense que la décision finale était la bonne. » Face au FC Séville ce mercredi soir d’octobre, Onana pourrait avoir une carte à jouer une nouvelle fois en sortie de banc. De toute façon, à Lille, Amadou est déjà une évidence.

Dans l’esprit, sur ce que je vois, il est dedans.

Amadouer le Nord

Lorsqu’il avait présenté Amadou Onana à la presse en plein mois d’août, Olivier Létang n’avait pas menti : sa recrue est bien « le footballeur moderne avec beaucoup de qualités techniques, d’endurance, de force et de vitesse » que le président du LOSC avait annoncé. Profitant des soucis physiques de Renato Sanches et de la forme fluctuante d’un onze de départ pas au niveau de la saison passée, Amadou Onana a même débuté comme titulaire à domicile face à Reims et l’OM. Bilan ? Deux succès. Alors forcément maintenant, Onana en veut plus. « Il est impatient, comme tous les jeunes, expliquait à son sujet Jocelyn Gourvennec pour L’Équipe. La nouvelle génération n’a pas peur d’afficher son ambition et de montrer dans la foulée. C’est bien si, derrière, il se donne les moyens à l’entraînement, s’il travaille pour l’équipe. Dans l’esprit, sur ce que je vois, il est dedans. »

Cette progression fulgurante pour un joueur qui n’a fait qu’une saison chez les pros, à Hambourg en deuxième division allemande, n’étonne pourtant pas Thierry Siquet. Son ex-sélectionneur chez les U17 belges revoit aujourd’hui des qualités qu’Amadou a toujours eues en lui : « Il met les pieds là où on ne l’attendait pas si rapidement. D’un point de vue purement technique, ce n’est pas un dribbleur : ce n’est pas lui qui va vous caler des petits ponts à tout bout de champ. Mais en revanche, dans la technique pure, le placement, les passes, il y a une certaine assurance. C’est un garçon qui a envie de travailler, qui a envie d’apprendre et qui a envie de devenir un bon joueur. »

« Lille, c’était une nouvelle marche »

Amadou Onana est habité par cette envie de réussir. Il le dit, et le clame à chacune de ses sorties : il veut devenir à terme « un milieu de classe mondiale ». « J’aurais pu continuer à évoluer à Hambourg, racontait celui qui a quitté les bords de l’Elbe pour le Nord pour la modique somme de 9 millions d’euros cet été. Mais Lille, c’était une nouvelle marche. Ils m’ont fait venir pour que je me développe auprès de joueurs d’expérience, comme José Fonte ou Benjamin André, qui m’encadrent dans la vie de tous les jours. Je n’ai pas la science infuse. Alors je m’inspire de tout le monde et reste ouvert à la discussion. » Hors des terrains, cette ouverture d’esprit et cette soif d’apprentissage lui permettent aujourd’hui de maîtriser cinq langues différentes : le français, le néerlandais, l’allemand, l’anglais et le wolof. Cette dernière, courante au Sénégal, son ex-entraîneur à Hambourg Daniel Thioune la parle aussi. Ce fut d’ailleurs sa manière de nouer le contact pour la première fois avec son poulain, à l’été 2020, alors que tous deux arrivaient à la même période chez le géant endormi allemand. « Quand j’ai signé mon contrat à Hambourg, le transfert d’Amadou était en passe d’être réglé, se souvent Daniel. La première fois que je l’ai vu à l’entraînement, je lui ai demandé« Comment vas-tu »en wolof. Ça l’a surpris. Au début, tout le monde pensait qu’il avait 22 ou 23 ans. Avec son mètre 95 et sa mentalité, Amadou donnait le sentiment au premier abord d’être un père de famille qui avait déjà joué plusieurs centaines de matchs en pros. »

Avec son mètre 95 et sa mentalité, Amadou donnait le sentiment au premier abord d’être un père de famille qui avait déjà joué plusieurs centaines de matchs en pros.

Comme à Lille, celui qui arrive alors des U19 d’Hoffenheim séduit immédiatement son monde dès la présaison. La débâcle au premier tour de Pokal face à Dresde, alors en troisième division, voit Onana entrer en jeu à trente minutes du terme et inscrire son premier but en pro. Voilà le point de départ de sa première véritable saison chez les grands qu’il bouclera avec 25 matchs de championnat sur 34 possibles au compteur, dont la majeure partie comme titulaire. « Cela lui arrivait de faire quelques erreurs techniques lorsqu’il était moins concentré, mais c’est un jeune joueur, reprend Daniel Thioune. Il a quand même pour lui ce self-control, cette confiance et cette capacité à accélérer le jeu sur sa première touche. Face à Bochum, qui a terminé champion cette saison-là, il avait super bien joué et marqué d’ailleurs lorsqu’on a gagné chez eux. Il était fort et puissant ce jour-là, c’était peut-être son meilleur match chez nous. »

Le futur roi belge ?

Si le public lillois se prend petit à petit au jeu avec Onana, son voisin belge n’est pas loin de déjà lui emboîter le pas. S’il a beau être le capitaine des Espoirs belges depuis juin, Onana est encore méconnu au Plat Ppays. Siquet : « À l’époque, c’est un garçon dont on n’avait pas spécialement connaissance. Un jour, c’est sa sœur qui m’a téléphoné et qui m’a dit :« Vous savez qu’il y a un joueur belge qui joue à Hoffenheim ? »Nous, on n’était pas au courant, il devait avoir 15-16 ans à l’époque. Encore aujourd’hui, il est méconnu en Belgique, et le grand public le découvre via ses récents bons matchs avec l’équipe nationale. » Si la petite mobilité du joueur, passé jusqu’à ses 17 ans par Anderlecht, le White Star Bruxelles et Zulte-Waregem n’excuse pas certains dysfonctionnements au sein des détections de la Fédé belge, il faut quand même avouer qu’Amadou Onana a tout fait pour mettre toutes les chances de son côté. « À Zulte, je faisais mes devoirs pendant l’heure du trajet en train aller et retour, cinq fois par semaine, détaille le joueur pour L’Équipe. J’étais prêt à me donner les moyens et à faire des sacrifices, comme ne pas voir ma famille. Mais je n’ai joué que six matchs. C’était juste pas possible. Pourtant, je n’ai jamais douté de moi-même. »

Forcément, celui qui est un meneur dans l’âme ne compte pas indéfiniment débuter sur le banc. Sans pour autant brûler les étapes, Daniel Thioune lui voit un avenir radieux : « C’était une fierté pour moi de le voir arriver à Lille, et face à Wolfsburg en Ligue des champions, il n’était pas loin d’obtenir ce penalty. C’est un joueur très rapide avec le ballon, et c’est difficile de l’arrêter lorsqu’il s’élance avec ses grandes jambes. Dans ces moments-là, il me rappelle Paul Pogba. » Cela tombe bien puisque Amadou Onana « s’inspire au quotidien » de La Pioche, comme il le glissait récemment à RMC. À lui désormais de jouer. Dès ce mercredi face à Séville ?

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Par Andrea Chazy, à Lille

Propos de TS et DT recueillis par AC, ceux d'Onana par L'Équipe et RMC.

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