- Serie A
- Udinese/Roma (1-2)
Totti contre tous
Au terme d'un match âpre et combattu, la Roma est allée s'imposer à Udine, là où l'Udinese ne perdait plus depuis 13 matches. Une victoire signée Totti. Comme toujours.
Udinese – AS Rome : 1-2
Buts : Di Natale (88eme) pour l’Udinese – Totti (57eme sp et 90eme) pour l’AS Rome
Un seul nom. Francesco Totti. Après avoir remporté à lui-seul le derby romain il y a quelques semaines, le Capitaine de la Roma récidive, cette fois-ci pour un match importantissime contre l’Udinese, 4ème. Et pourtant, Dieu sait que l’on s’était emmerdé dans cette rencontre, jusqu’à l’ouverture du score de la Roma, sur pénalty. Le match s’est enflammé dans les dernières minutes. L’Udinese y a cru, est passé à deux doigts de la victoire. Et puis, il y a lui. Lui, avec un L majuscule même. Monsieur Totti, qui, à 4 secondes de la fin du temps additionnel, inscrit son 203ème but en Serie A, probablement l’un des plus importants. A six journées de la fin, les giallorossi reviennent ainsi dans la course à la Ligue des Champions, alors que tout aurait pu basculé en faveur des Frioulans. Pas brillants, pas dégueulasses non plus, les joueurs romains, impuissants face à une Udinese à des années lumières de la fabuleuse équipe d’avant la trêve internationale, s’en sont remis à celui qui ne les abandonnera jamais. C’est sûr : Totti jouera jusqu’à 40 piges et claquera des buts décisifs jusqu’à 40 ans. Même avec de l’arthrose ou un genou en carton. Peu importe, la Roma ne peut pas composer sans lui. Ce soir, la Louve revient à 3 points de la quatrième place qualificative pour la Ligue des Champions. Non. Totti revient à 3 points.
Première surprise au coup d’envoi, sans en être vraiment une : Di Natale est privé de son jumeau. Sanchez blessé et donc absent, c’est déjà l’assurance que l’Udinese ne sera pas réellement l’Udinese. Un peu le Barça sans Messi. Ou Brest sans Nolan Roux. Pourtant, malgré l’absence de sa tornade chilienne, l’Udinese débute le match sur les chapeaux de roue. Di Natale remue comme un lièvre et la défense romaine, orpheline de Mexès, a bien du mal à trouver ses marques. C’est néanmoins la Roma, en contre, qui allume la première mèche avec un coup de tête de Vucinic. Pas vraiment son fort. Les Frioulans réagissent par une jolie demi-volée de son capitaine Antoine De Noël. Sans danger. Au quart d’heure de jeu, la pression des locaux s’intensifie et on se dit qu’à n’importe quel moment, la Roma peut craquer. Une frappe de Denis déviée par Juan, un coup de tête du même Denis au-dessus : en quelques secondes, l’Udinese passe proche de l’ouverture. Mais bon, ce n’est pas transcendant non plus. Au final, la plus grosse occasion du match arrive peu après la première demi-heure. Et comme la Roma n’arrive pas à se créer d’occasion franche, malgré une possession de balle stérile, c’est la défense de l’Udinese qui lui offre son premier frisson. Un coup franc de Totti est déviée de la tête par Isla : Handanovic est obligé de se faire un tour de rein pour éviter un joli « autogol » . Quelques minutes plus tard, Vucinic, à l’apogée de sa nonchalance, vendange un deux contre deux en foirant sa passe. Ah, tiens, déjà 45 minutes écoulées. 45 minutes d’ennui, n’ayons pas peur de le dire. Sans Sanchez, l’Udinese manque cruellement de fantaisie et rate les trois quarts de ses passes. Sans Mexès, la Roma n’a jamais été solide. Merde alors.
Deuxième période, même combat : rien à se mettre sous la dent. Isla réveille le stade avec une frappe croisée qui effleure le poteau. Deux minutes plus tard, Vucinic répond par une volée dans les nuages. Mais comme souvent lorsque la Roma ne réussit pas à débloquer la situation, elle s’appuie sur son arme fatale : le pénalty. Fauché dans la surface, Pizarro obtient la sentence préférée de son capitaine. En pleine confiance, Totti tente et réussit son geste de prédilection : la Panenka. Humiliante à souhait pour le portier. Le stade Friouli et tous les gens devant leur téléviseur, amis ou ennemis, s’exclament en même temps : « Quel enfoiré » . Galvanisée par son but, la Roma tente d’enfoncer le clou. L’Udinese est sonnée. Domizzi sauve sur la ligne un coup de tête de Juan après une bourde d’Handanovic. Puis le match devient haché. Beaucoup de fautes, beaucoup de hors-jeu, beaucoup de critiques envers l’arbitre. L’équipe de Montella contrôle sans problème et se voit déjà repartir avec les trois points en poche. C’est sans compter sur Di Natale. A deux minutes du terme, le meilleur buteur du championnat profite de son seul ballon exploitable du match pour égaliser. Et de 26. Délire dans le stade. 1-1. Un score qui n‘arrange personne, hormis la Lazio. Puis tout s’emballe. L’Udinese part à l’abordage. Asamoah marque. C’est fou, les tifosi pètent un plomb. Mais un coup de sifflet retentit. Le but est annulé. Asamoah a marqué de la main. Changement de côté. Il reste 20 secondes. La Roma joue intelligemment une touche. Riise met un magnifique centre en retrait. Totti est là. Totti est toujours là. 203 fois là. La Roma s’impose au bout du bout. La fête va se prolonger tard dans la nuit. Cette Roma-là veut la quatrième place et ne lâchera rien. Ce soir, elle l’a clairement fait savoir.
Eric Maggiori
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