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Sporting Portugal, le lion rugit encore

Par Steven Oliveira
5 minutes
Sporting Portugal, le lion rugit encore

Emmené par Rui Jorge, Rui Bento, Beto, Jardel, João Pinto et le jeune Ricardo Quaresma, le Sporting Portugal remportait le championnat portugais lors de la saison 2001-2002. Depuis ? Plus rien... jusqu'à cette incroyable saison 2020-2021 qui a vu les Lions écrabouiller le championnat. Depuis mardi et sa victoire face à Boavista (1-0), le Sporting, invaincu à deux journées de la fin, est le nouveau champion du Portugal.

Et tout d’un coup, la Covid a disparu. Ou du moins, tout le monde l’a oubliée le temps de quelques heures. Que ce soit les joueurs qui se font des câlins, s’embrassent et soulèvent leur coach Rúben Amorim dans le ciel d’un Estádio José Alvalade vide. Ou bien les supporters du Sporting qui se sont amassés aux alentours de l’enceinte durant la rencontre face à Boavista pour apporter leur soutien à leurs héros et envoyer quelques feux d’artifice. Mais aussi les téléspectateurs qui ont pris un immense plaisir à revoir la vie d’avant – et la vie future – avec le bus à impériale des Leões qui traverse les rues de Lisbonne escorté par des milliers de supporters tout de vert vêtu avant d’arriver sur la fameuse Praça Marquês de Pombal, colorée en vert pour l’occasion, là encore noire de monde vêtu aux couleurs du gang de Grove Street dans GTA San Andreas. Même si le Portugal sort peu à peu de la crise sanitaire – le couvre-feu est levé, les restaurants et les cinémas sont rouverts -, les autorités avaient pourtant demandé de ne pas se rassembler en grands groupes, ou du moins d’essayer de respecter les distanciations sociales. Sauf que ce mardi 11 mai, ceci était impossible pour le Sporting Portugal qui a attendu 19 ans avant de reconquérir la Liga Nos.

Souviens-toi l’été 2018

Parmi ces supporters heureux, certains étaient pourtant présents il y a 3 ans quasiment jour pour jour lorsque le Sporting Portugal vivait l’une des pires journées de ses 115 ans d’existence. Après une énième défaite sur la pelouse de Maritimo, une cinquantaine de « supporters » s’étaient alors rendus au centre d’entraînement des Leões et avaient frappé certains joueurs. Des joueurs qui étaient déjà au bord de l’explosion et en guerre avec leur président Bruno de Carvalho qui les taclait publiquement sur les réseaux sociaux après chaque contre-performance. Une situation intenable qui a mené au départ de l’entraîneur Jorge Jesus, qui avait pourtant permis au club de croire au titre en 2016 en terminant à 2 petits points du leader Benfica, mais aussi des cadres du vestiaire (Rui Patrício, William Carvalho, Gelson Martins, Bas Dost), puis surtout à la destitution de Bruno de Carvalho.

Cinq coachs en un an

Élu président par les sócios, Frederico Varandas s’est alors retrouvé devant un chantier. Novice, jeune – il a alors 39 ans -, le médecin tâtonne logiquement à ses débuts. D’autant plus que la mission est difficile, puisque l’argent se fait rare, les plus grandes valeurs marchandes ayant rompu leur contrat unilatéralement après les sombres évènements au centre d’entraînement. Et c’est ainsi qu’en un an, cinq entraîneurs vont se succéder sur le banc du Sporting Portugal, dont deux en intérim. Jusqu’en mars 2020 où Frederico Varandas profite de la rentrée d’argent du départ à Manchester United de Bruno Fernandes pour casser la tirelire sur Rúben Amorim. Dix millions d’euros pour l’arracher de Braga et en faire le troisième coach le plus cher de l’histoire derrière André Villas-Boas et Brendan Rodgers. Pourtant, l’ancien international portugais, et ancien joueur de Benfica, n’a pas fait la moindre saison pleine sur un banc et n’a disputé que 13 matchs avec Braga. Mais son bilan de 10 victoires – dont une contre les 3 gros – et son style de jeu bien défini ont suffi pour séduire.

Un doux mélange de jeunes et de vieux

Un an après ce transfert, personne ne regrette ce choix du côté du Sporting Portugal. Logique, chez les Leões, Rúben Amorim a posé les bases en fin de saison dernière, avant de dérouler son jeu cette année. Un jeu qui se déroule en 3-4-3 – ou 5-2-3 en phase défensive – avec des pistons qui cavalent et enchaînent les allers-retours, deux milieux solides à l’aise avec la relance et un triangle offensif porté vers l’intérieur. Une tactique millimétrée qui fonctionne, puisque le Sporting n’a encaissé que 15 buts en 32 journées de championnat. Mieux, les Leões sont toujours invaincus à deux journées de la fin et visent le record de points en championnat. Pour égaler la performance de 88 points de Benfica et de Porto, le Sporting Portugal va devoir remporter ses deux dernières rencontres dont la prochaine… sur la pelouse du Benfica.

Si tout le monde est d’accord pour saluer le travail de Rúben Amorim, il est coutume de dire que ce sont les joueurs sur la pelouse qui gagnent un match. Et par manque d’argent, le Sporting Portugal – qui s’est offert une seule petite folie à l’hiver avec les 15 millions injectés sur l’attaquant de Braga Paulinho, qui a inscrit le but du titre – s’est alors tourné vers son centre de formation qui a historiquement toujours fait des merveilles. Et c’est ainsi que les jeunes pousses Nuno Mendes, João Palhinha, Tiago Tomás, Gonçalo Inácio, Daniel Bragança, ajouté à d’autres bambins recrutés à bas coût – Pedro Gonçalves, Matheus Nunes, Pedro Porro – ont permis au Sporting de retrouver les sommets. Pour accompagner le tout, Rúben Amorim s’est appuyé sur des joueurs plus expérimentés comme João Mário – prêté par l’Inter dans son club formateur -, Antonio Adán, Zouhair Feddal, Luis Neto ou encore Sebastián Coates, rare rescapé de 2018, capitaine et pilier défensif du Sporting. Sans compter les darons João Pereira et Vitorino Antunes débarqués pour contrôler le vestiaire. Un joli melting pot qui permet au Sporting de remporter son 19e championnat du Portugal avant un été qui s’annonce palpitant. Si Rúben Amorim a annoncé qu’il sera encore là, l’an prochain, quid des jeunes pépites qui ont attiré le regard de tous les clubs européens ? Et surtout, quel poste pour Cristiano Ronaldo dans ce système en 3-4-3 ?

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