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Roland-Garros : Pourquoi le parcours de Pavlyuchenkova n’est pas une surprise ?
Par Tom Binet
5 minutes
Anastasia Pavlyuchenkova et Barbora Krejčíková. Voici les noms des deux finalistes du tableau féminin cette année à Roland-Garros. Un parcours que la Russe attendait depuis ses débuts en pro en 2005, et qui ne doit rien au hasard. Un magnifique retour vers le futur pour une joueuse qui a connu les plus belles heures de sa carrière il y a bientôt dix ans.
Le tant attendu retour dans le monde d’avant
Un an et demi que tout le monde attend avec impatience le grand retour au fameux monde d’avant, eh bien le voilà. Passée professionnelle en 2005 à seulement 14 ans, au sommet de sa carrière il y a une dizaine d’années, Anastasia Pavlyuchenkova a parfaitement attendu son heure pour revenir au premier plan. Avec au passage un joli record : une première finale en Grand Chelem pour son… 52e majeur en carrière, aucune joueuse n’avait dû patienter autant pour goûter à la dernière marche à Melbourne, Londres, New York ou Paris. Interrogée sur ce qu’en aurait pensé la jeune adolescente à ses débuts à l’issue de sa demie contre Tamara Zidansek, l’intéressée a répondu dans un sourire : « Elle me dirait :« Pourquoi ça t’a pris aussi longtemps ? »C’est dur d’en parler, ça a été une longue route, j’ai eu une route spéciale. Tout le monde a son chemin. » Celui de la Russe devait forcément la mener sur le court Philippe-Chatrier pour une grande finale.
L’heure de gloire d’une championne
Six quarts de finale en Grand Chelem (au moins un dans chaque majeur), une victoire en FedCup pour couronner une année 2011 au zénith de sa carrière, douze titres… Anastasia Pavlyuchenkovaest loin d’être une inconnue dans le monde du tennis féminin, elle qui fut l’une des premières à rejoindre l’académie de Patrick Mouratoglou dès 2006. Une collaboration fructueuse puisqu’en deux ans, la jeune virtuose de la petite balle jaune – championne du monde juniors en 2006 – avait intégré le top 30 du classement WTA. « J’ai toujours cru que je pouvais arriver en finale de Grand Chelem, parce que je sentais que j’avais le jeu, mais mentalement, je n’étais peut-être pas assez prête », confiait-elle encore jeudi dans la foulée de sa victoire. Non, une championne ne pouvait se contenter de cela, et à 29 ans, la native de Samara a enfin décidé de s’offrir son moment de gloire. Et elle a choisi pour cela le décor de la terre battue de la porte d’Auteuil, rien de bien étonnant à cela pour une joueuse toujours à l’aise sur l’ocre.
Les notes d’Arsenal-Monaco
L’expérience, ça paie Bientôt seize ans de professionnalisme, ça aide forcément dans les grands moments. Habitué à voir de jeunes athlètes inattendues se frayer un chemin jusqu’au bout ou presque chaque année, le public parisien a cette fois pu apprécier la résilience d’une fille engagée pour la 52e fois de sa carrière en Grand Chelem. Pas anodin lorsqu’il faut s’arracher pour l’emporter 9-7 au troisième set contre sa coéquipière en double, Elena Rybakina, de 8 ans sa cadette et professionnelle depuis 4 petites années seulement. L’expérience et la persévérance, ça paie. Demandez à Joe Biden, élu président des États-Unis à sa troisième tentative après avoir échoué à deux reprises aux primaires démocrates. Quelqu’un avait-il alors parlé de surprise ? Une quinzaine de haut vol Christina McHale, Ajla Tomljanović, Aryna Sabalenka, Victoria Azarenka, Elena Rybakina, Tamara Zidanšek. Un joli parcours et quelques figures du circuit WTA, voilà le tableau de chasse d’Anastasia Pavlyuchenkova dans ce Roland-Garros. Mieux, la joueuse de 29 ans a démontré qu’elle était dans la forme de sa vie en atteignant son meilleur résultat en doubles, aux côtés de Rybakina : un quart perdu en trois sets devant Magda Linette et Bernarda Pera. À l’image de Pierre-Hugues Herbert et Nicolas Mahut, toujours prêts à faire la fierté tricolore dans un tournoi de moins en moins vêtu de bleu, la tête de série n°31 a prouvé depuis son entrée en lice que non, sa présence en finale n’avait rien d’un énième coup de théâtre comme le tournoi parisien a pris l’habitude de nous en réserver ces dernières années.
Les joueuses russes en finale de Roland : la force de l’habitude Sept ans. Sept longues années que les spectateurs parisiens n’avaient pas vu une joueuse russe se hisser jusqu’en finale du tournoi. C’était en 2014, pour voir Maria Sharapova prendre le meilleur en trois sets sur une Simona Halep déjà maudite. Au total, ce sont pas moins de cinq joueuses venues de la Mère Patrie qui ont eu l’honneur de faire se lever les foules parisiennes au dernier samedi de la quinzaine, pour un total de quatre sacres (Anastasia Myskina en 2004, Svetlana Kuznetsova en 2009 et Maria Sharapova en 2012 et 2014). Mieux, les finales 2004 et 2009 furent 100% russes avec les défaites d’Elena Dementieva et Dinara Safina. Alors oui, rien d’étonnant à voir les drapeaux blanc-rouge-bleu s’agiter une nouvelle fois ce samedi après-midi. La vraie surprise aurait été de voir une Française en finale Le temps doit sembler long à Mary Pierce depuis son poste de commentateur, elle qui suit désormais le tournoi pour France TV. Voilà désormais seize ans que la Franco-Américaine attend de voir une Française lui succéder en finale de Roland-Garros. Dernière lauréate tricolore en 2000, elle s’était ensuite inclinée cinq ans plus tard aux dépens de Justine Henin. Caroline Garcia, Kristina Mladenović ou encore Alizé Cornet ne sont une nouvelle fois pas parvenues à créer la surprise et briser cette série. Mais tout espoir n’est pas perdu, puisque la relève commence à arriver : Clara Burel et Diane Parry sont les deux dernières championnes du monde juniors. Comme une certaine Pavluchenkova il y a 15 ans.
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