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Porto, Salazar et petites magouilles

Par William Pereira
4 minutes
Porto, Salazar et petites magouilles

Si le football français est actuellement éclaboussé par l'affaire nîmoise, au Portugal, on a l'habitude de ce genre de cas. Boavista et Porto ont été au centre du scandale du sifflet doré il y a quelques années, impliquant notamment le président des Dragons. Et ce n'était pas la première fois que les « Azuis e Brancos » trempaient dans des affaires douteuses. Retour à la fin des années 30, au temps de Salazar...

Jorge Nuno Pinto da Costa est un homme heureux. À la fin du mois de septembre, il a été déchargé des accusations de corruption qui planaient au-dessus de sa tête dans le cadre du match FC Porto-Estrela da Amadora 2003-2004, comptant pour le championnat portugais. Les écoutes téléphoniques qui lui posaient tant de problèmes – et qu’on peut trouver facilement sur YouTube – ont été jugées irrecevables par la justice portugaise, car illégales. Un bol d’air frais pour celui qui est impliqué depuis une dizaine d’années dans de nombreux procès liés au plus grand scandale de corruption du football lusitanien : « o apito dourado » (le sifflet doré). Le plus grand, mais pas le seul. À la fin des années 30 et au tout début des années 40, les magouilles gangrenaient déjà l’institution. À l’époque, Pinto da Costa n’était pas encore né, mais, ironiquement, le FC Porto était déjà au centre de la polémique.

Le classico fondateur

La scène se déroule le 23 avril 1939. Le hasard du calendrier a offert aux passionnés le plus beau cadeau qui soit : un classico pour la dernière journée. Benfica se rend à Porto pour coiffer les Dragons au poteau. Mais seule une victoire permettrait aux Aigles de remporter le titre tant convoité. À une minute du coup de sifflet final, alors que les deux rivaux se neutralisent (3-3) et que le FCP est mathématiquement champion, Brito s’offre un hat-trick et par la même occasion le titre aux Lisboètes. Ou du moins, c’est ce qui aurait dû se passer si l’arbitre, Henrique Rosa, n’avait pas fait preuve « d’excès de zèle » , comme n’a pas hésité à le souligner la presse portugaise à l’époque. L’homme en noir accuse le buteur d’avoir étreint un défenseur adverse, siffle faute et annule donc le but. Sauf que les images publiées le lendemain par le magazine Stadium, elles, sont formelles : Brito était libre de tout marquage et, à moins d’avoir des bras de cinq mètres, il n’aurait pu commettre de faute avant de marquer le but victorieux.

En réaction, le club portista lance une énorme propagande contre Stadium, qui se terminera par un autodafé de nombreux exemplaires de la revue sur la place publique à Porto. Qui a raison, qui a tort ? Difficile à dire. Des enquêtes indépendantes, pour la plupart menées par des journalistes, convergent dans le même sens : l’arbitre du match et certains dirigeants du FCP se sont rencontrés en privé pendant de longues minutes peu de temps avant le classico. Aucune d’entre elles n’ira plus loin. Sans jamais que l’on sache pourquoi. Mais Angelo César Machado, président portista, député, intellectuel grandement impliqué dans l’installation de Salazar à la présidence du Conseil des ministres en juillet 1932 et ami du dictateur, pourrait avoir usé de son pouvoir pour mettre un terme à ce qui sera le point de départ de la rivalité entre les deux clubs telle que nous la connaissons aujourd’hui.

Le régime à la rescousse des Dragons

Quelques mois après le scandale du « Campo da Constituiçao » , Angelo César Machado fera cette fois-ci appel à ses relations sans aucune pudeur ni discrétion. Le FC Porto venait de terminer troisième du championnat régional qualificatif pour le championnat national réunissant les huit meilleures équipes portugaises. Troisième place synonyme d’élimination, car seuls le vainqueur de la ligue régionale et son dauphin pouvaient poursuivre leur quête du Graal. Non content de cette situation, le boss portista s’arrange pour que, fait alors inédit, les institutions se réunissent afin de voter l’élargissement du championnat de 8 à 10 équipes uniquement pour la saison 1939-40. Comble de l’ironie, les Dragons glaneront un second titre consécutif au terme de la saison alors qu’ils étaient censés ne jamais disputer cette ligue finale.

L’année suivante, rebelote. Porto termine troisième du championnat régional et doit être éliminé, mais on vote un nouvel élargissement à douze, cette fois-ci. Porto échoue à la deuxième place. À chaque fois, le vote est marqué par l’acquiescement du district de Lisbonne sous la pression du cabinet du régime. Car si Salazar n’avait que faire du sport de masse qu’était le football, il avait une dette envers Machado, propagandiste de luxe en tant que rédacteur pour l’influent Jornal da Manha à une époque où le dictateur n’était pas encore en place. Et ce n’est pas pour rien que le départ d’Angelo César Machado l’année du second élargissement coïncide avec le début d’une crise sans précédent pour les Dragons, qui, étrangement, ne reverront plus le podium du championnat national avant 1951 et seront privés de titre jusqu’en 1956. Tout sauf un hasard.

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