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Nice-Monaco, sans larme ni haine

À moins d'un scénario catastrophe, l'AS Monaco devrait valider son maintien chez ses voisins niçois lors de la 38e et dernière journée du championnat de France. Pour le soulagement des uns, et la déception toute relative des autres.
C’était, depuis plusieurs semaines, la grande crainte des Monégasques : devoir jouer leur survie en terre hostile, à l’ultime journée. Une hypothèse qui égayait forcément un peu la fin de saison des supporters niçois, logiquement plus intéressés par les intrigues concernant l’éventuel rachat de leur club que par le spectacle un brin décevant offert par leur équipe. Solidement ancré dans le top 10 malgré son statut de deuxième pire attaque de Ligue 1, l’OGC Nice devrait finalement se contenter d’un simple derby pour l’honneur, son voisin ayant retrouvé laborieusement le sien le week-end dernier. Une bataille fraternelle, plutôt qu’une guerre fratricide ? Une issue presque cohérente pour ce qui demeure le plus vrai – géographiquement parlant – des derbys de l’élite, mais aussi l’un des plus apaisés.
Quenelles de voisinage
« Si ça devait se faire, on était content que ça se fasse chez nous, que Nice puisse donner le coup de grâce. Mais même chez les supporters qui avaient envie de voir Monaco descendre, la déception sera minime » , explique Cédric Bertugli, ancien membre de la BSN et impliqué depuis une dizaine d’années dans la préformation niçoise. Mais pourquoi si peu de haine ? Si l’image, réelle ou fantasmée, renvoyée par les deux clubs a nourri le dédain éprouvé par chaque camp, elle les a aussi préservés d’une véritable détestation conflictuelle. « L’air de rien, je pense que beaucoup ont un regard non pas bienveillant, mais tolérant envers Monaco » , observe Cédric.
À Nice l’ancrage local et l’identité populaire, à Monaco l’extension du territoire par l’aura sportive et princière. Les deux clubs ne se ressemblent pas assez pour se sentir en réelle concurrence, mais leurs supporters se côtoient évidemment trop pour ne pas s’asticoter : « Moi-même, j’ai travaillé à Monaco dans la fonction publique, au gouvernement, poursuit Cédric. Même chez les policiers, il y a beaucoup de Niçois. Une fois, au stade Louis-II, devant notre parcage, un policier a ouvert la veste de son uniforme. Il avait un maillot de Nice en dessous ! » Le genre d’anecdote qui aurait pu mal tourner ailleurs, mais qui ne dépasse pas le stade du chambrage grisant dans l’antre du Rocher.
Se quitter en bons ennemis
Derrière l’attraction-répulsion qui se cache parfois dans les regards échangés entre voisins – chacun pouvant légitimement envier et mépriser l’autre selon l’angle choisi –, le besoin de repères et de rituels tempère aussi le désir d’enfoncer le rival. Le fameux cortège de scooters pour avaler les vingt kilomètres séparant les deux villes en est un : « Des gars les ont même faits à pied par le sentier du Littoral » , précise le dirigeant des U13 de l’OGC Nice. Privé de beaucoup de ses ennemis historiques tels que Bastia, Cannes ou Toulon, le club azuréen a besoin d’entretenir et de transmettre les petites rivalités dont il raffole, fussent-elles moins tendues, en même temps qu’il réenclenche sa croissance sportive.
« J’ai vu une évolution de la rivalité avec Monaco ces dernières années chez les petits, dans les deux clubs, note Cédric. Avant, c’était réservé aux équipes premières, réserves, U19, U17. Maintenant, ça se ressent dès la préformation et chez les filles aussi. Sans être méchants, on ne se fait pas de cadeaux. On essaie d’avoir une entente cordiale, mais si on peut les battre… » Ce vendredi soir, l’ASM, balayée 4-0 lors de ses deux derniers déplacements à l’Allianz Riviera, devra juste se battre pour ne pas transformer un derby pour l’honneur en derby de la peur. Et ainsi ne pas décevoir les siens, ni rompre les liens : « Monaco, c’est comme un mec qui vous gonfle un peu. S’il n’est pas là et que vous ne pouvez pas l’envoyer chier de temps en temps, il va vous manquer ! »
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