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Moussa Sissoko : « Je suis respecté par tout le monde »

Propos recueillis par Mathieu Rollinger
Moussa Sissoko : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Je suis respecté par tout le monde<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

À 31 ans et 68 sélections, Moussa Sissoko fait partie des meubles de cette équipe de France. De ceux que l'on sait robuste, fiable et très pratique. Dans cette optique, voir Didier Deschamps l'embarquer pour cet Euro est d'une logique implacable. Et s'il veut « savourer chaque rencontre tant elles sont précieuses », le milieu aimerait connaître le goût de l'or, ne serait-ce qu'une fois dans sa carrière.

Pour tous les Français et beaucoup d’Européens, le dernier souvenir qu’ils ont d’un Euro, c’est une finale France-Portugal en 2016, lors de laquelle tu avais été élu meilleur joueur. Qu’est-ce que ça te fait de retrouver cette compétition ?C’est un réel plaisir. Cet Euro en France reste un grand moment pour moi et pour tout le pays. Nous avions fait un beau parcours, même si on n’a pas pu finir comme il le fallait. On veut tous revivre des émotions aussi fortes.

Est-ce qu’il y a un sentiment de revanche avant de recroiser le Portugal ?2016, ça commence à remonter. Parler de revanche, ce serait trop fort comme mot. Et puis on ne peut plus revenir en arrière, ils ont gagné cette finale, chapeau à eux, nous, on est passé à autre chose. Depuis, il y a eu d’autres matchs contre le Portugal en Ligue des nations, mais surtout le Mondial en Russie même si je n’y étais pas. Cela dit, le match qui nous attend contre le Portugal sera très important et crucial pour atteindre nos objectifs : être premier de ce groupe et se qualifier pour le tour suivant.

Avant que Karim Benzema revienne, tu étais le doyen des joueurs de champ en sélection. Qu’est-ce que ça implique comme responsabilités ? C’est vrai que je suis un ancien ! Depuis que je suis là (avec une première cape en octobre 2009 contre les îles Féroé, NDLR), j’ai vu passer beaucoup de joueurs. Mais je me sens toujours très bien dans ce collectif. Je suis respecté par tout le monde. J’essaye de donner des conseils aux plus jeunes, de les encourager, de les booster ou d’apaiser les esprits quand ça va mal. Le dernier exemple en date, c’est Jules Koundé : au moment où il s’apprêtait à entrer en jeu contre le pays de Galles, je suis allé le voir pour lui dire de jouer libéré, sans complexe. J’essaye de faire ce lien. J’assume ce rôle de modèle ou d’exemple. C’est toujours bien d’avoir une personne expérimentée, avec un peu plus de recul sur les choses, donc si je peux aider l’équipe à ce niveau-là, ça ne peut être que positif. Mais si on y regarde de plus près, tous jouent dans les plus grands clubs d’Europe. Ils ont l’habitude de cette pression qui entoure les grands événements.

Depuis le début de ma carrière, je me suis fixé une ligne de conduite : je ne m’enflammerai jamais après des éloges, comme je ne m’enfoncerai jamais sous terre après des critiques.

Est-ce que ça te dérange d’être réduit à être « le soldat » de Didier Deschamps ou d’avoir « un totem d’immunité » ? Ne mérites-tu pas plus de reconnaissance ? Pour être honnête, tout ce qu’on peut dire sur moi, rien ne me dérange. On sait qu’on ne peut pas plaire à tout le monde, ça fait partie de la vie et il faut savoir accepter la critique. Depuis le début de ma carrière, je me suis fixé une ligne de conduite : je ne m’enflammerai jamais après des éloges, comme je ne m’enfoncerai jamais sous terre après des critiques. En gros, je ne me prends pas pour quelqu’un d’autre. Le plus important pour moi est de faire mon boulot et de donner le maximum pour l’équipe.

C’est quoi ton boulot, exactement ?Être bon à l’entraînement, tout donner, travailler, mettre l’équipe dans les meilleures conditions, que je commence le match ou non… Quand le sélectionneur me donne du temps de jeu, c’est être un exemple, être performant pour aider l’équipe à entrer dans ses objectifs. Voilà mon boulot, tout simplement.

Quel est ton lien avec Didier Deschamps ?J’ai la même relation avec lui que celle qu’il entretient avec tous les autres. C’est quelqu’un qui est proche de son groupe, qui rigole avec tout le monde. On peut s’envoyer des blagues, comme avoir des discussions plus sérieuses. Et quand on ne se voit pas, je peux recevoir un message de sa part pour mon anniversaire, lors des fêtes de fin d’année, à la suite d’un pépin physique, pas plus. On a chacun notre vie en dehors de l’équipe de France, mais c’est bien d’avoir un entraîneur comme ça, ouvert à l’échange. S’il est encore en poste aujourd’hui, après neuf ans de service, c’est qu’il est la bonne personne pour guider cette équipe de France.

Le sélectionneur devra faire ses choix, mais avec de tels milieux, c’est un problème de luxe que beaucoup d’autres coachs aimeraient avoir.

Est-ce qu’il a cherché à te rassurer en fin de saison, alors que c’était un peu plus compliqué pour toi à Tottenham après le départ de José Mourinho ?On n’en a pas discuté, non. J’essayais de faire de mon mieux avec mon club, d’être patient en attendant que la liste sorte. J’espérais de tout cœur en faire partie et quand elle a été dévoilée, j’étais forcément heureux et un peu soulagé.

Comment évalues-tu ce milieu de terrain ? On dirait que vous êtes tous interchangeables…C’est un milieu garni, avec différents profils. Les équipes qu’on va rencontrer ont toutes un style différent. Avec ce mix, on pourra répondre à toutes les situations. Le sélectionneur devra faire ses choix, mais avec de tels joueurs, c’est un problème de luxe que beaucoup d’autres coachs aimeraient avoir.

Sais-tu dans quel registre tu seras utilisé ? Sur un côté ou plus dans l’axe comme au moment de ton entrée contre les Gallois ?Je n’en ai aucune idée, sincèrement. Même si vous demandez au coach, lui-même ne pourra pas y répondre. Ça va dépendre de l’opposition, du scénario du match, des besoins de l’équipe. J’ai toujours affiché ma préférence pour l’axe. C’est le poste où je suis le plus à l’aise, mais si je dois aider sur un côté, ce sera avec plaisir. Comme depuis déjà pas mal d’années.

Ce n’est pas vexant pour le reste de l’équipe d’entendre en permanence ces louanges destinées seulement aux attaquants ? Non, du tout, c’est même plutôt plaisant ! Les joueurs qu’on a devant sont des joueurs de très très bonne qualité, c’est évident. On espère qu’ils feront un bon tournoi pour nous emmener jusqu’au bout. Et puis, il n’y a pas besoin d’être jaloux, on sait très bien comment ça se passe dans le foot… Selon moi, on est complets à tous les niveaux, des cages à la ligne d’attaque.

Didier Deschamps parlait du retour de Benzema comme d’un « non-événement ». Tu ne vas pas me dire que personne ne parlait de ce sujet en équipe de France ? Je ne suis pas dans la chambre de tout le monde H24, mais je n’ai jamais entendu quelqu’un en parler. Aujourd’hui, il est avec nous et on en est très contents. Je pense que ça s’est vu contre le pays de Galles. Karim était à l’aise, mobile, disponible. Il lui a juste manqué ce but, mais on a vu le Karim du Real. Ça prouve qu’il est vraiment heureux de revêtir ce maillot bleu. Il reste plein de matchs à venir, j’espère qu’il donnera le meilleur de lui-même pour mettre des buts.

Si je n’ai pas gagné de titre pour le moment, c’est Dieu qui en a décidé ainsi. Je continue de faire mon petit bonhomme de chemin.

Tu as 31 ans aujourd’hui, est-ce qu’il t’arrive de te poser pour faire un bilan de ce que tu as déjà accompli dans ta carrière ? Ça m’arrive quand je traverse des moments difficiles. J’essaye de me recentrer, de penser à ce que j’ai déjà réussi. Ça me permet de garder de la lucidité et de relativiser pour affronter ces mauvaises passes. J’ai la chance de faire un métier fantastique, d’être en bonne santé, de pouvoir bien gagner ma vie et d’avoir vécu pas mal de mes rêves. Il y a plein de gens qui souffrent de choses qu’on aimerait ne plus voir dans ce monde. À côté de tout ça, j’ai conscience d’être privilégié de vivre tout ça. Parfois, ça peut piquer, mais il faut se relever et travailler encore plus. Je n’ai pas le droit de me plaindre.

Parmi ces moments compliqués, il y a ta non-participation au Mondial 2018. Cet Euro est-il l’occasion de rattraper cet acte manqué ?Le temps perdu, on ne peut plus le rattraper. Ils ont gagné un titre de champion du monde, j’étais très content pour la France et pour tous les joueurs. Ce sont tous des potes. Ils l’ont mérité. Maintenant, il y a une nouvelle aventure qui débute, et notre but est d’aller le plus loin possible. Nous sommes des compétiteurs. Ça se voit dans les jeux à l’entraînement, lors du premier match de préparation (victoire 3-0 contre le pays de Galles, NDLR), à la Play ou même un jeu de cartes, on est là pour gagner.

Quand on regarde ton palmarès, on voit : finaliste de l’Euro 2016, vice-champion d’Angleterre 2017, finaliste de la Ligue des champions 2019. Il serait temps d’aller soulever un trophée, pour connaître cette sensation ?(Rires.) J’aurais aimé connaître ça depuis longtemps, c’est vrai. Mais je suis quelqu’un de très croyant et je me dis que tout ce que Dieu fait, c’est qu’il y a une raison. Si je n’ai pas de trophée pour le moment, c’est Dieu qui en a décidé ainsi. Je continue de faire mon petit bonhomme de chemin. Il y a une belle compétition qui arrive, avec l’opportunité d’aller au bout. D’autres équipes prétendent à ce trophée, donc on devra se battre tous les jours.

Cette chanson était marrante, plaisante et puis elle a réussi à l’équipe et à moi personnellement. Donc si vous voulez en refaire une, oui, je suis chaud !

Tu es dans une équipe composée de 14 champions du monde. Est-ce que tu les sens aussi concernés et motivés que toi ? Il n’y a pas un risque de relâchement de leur part ?Non ! Nous sommes tous concentrés, déterminés et plein d’envie. Tout le monde veut marquer l’histoire de ce pays. On sait ce qu’a fait la génération 1998-2000, avec un doublé Mondial-Euro. On aimerait marcher dans leurs pas. Ça serait magique.

Sais-tu si tu entames là ta dernière campagne avec les Bleus ?Je ne vois pas plus loin que cet Euro. Je vis au jour le jour. J’ai la chance d’être là, donc je savoure. Quand ça sera fini, je partirai en vacances, des vacances méritées je l’espère avant d’attaquer une nouvelle saison, avec de nouveaux objectifs en tête, collectivement ou individuellement.

Tu gardes un œil sur ce qui se passe dans ton club de Tottenham ? On parlait ces derniers jours de l’arrivée d’Antonio Conte sur le banc.Je vois ce qui se passe à travers les médias. Je ne peux pas faire l’aveugle. Mais le président prendra la meilleure décision pour le club, j’en suis sûr. Moi, je n’ai pas mon mot à dire. Donc je reste concentré sur l’équipe de France.

En 2016, So Foot avant lancé une chanson à ta gloire. Tu t’en souviens ?(Rires.) C’était marrant, c’était plaisant et puis elle a réussi à l’équipe et à moi personnellement. Donc si vous voulez en refaire une, oui, je suis chaud !

On partirait sur quelle base ?C’est vous les experts, vous allez trouver la meilleure chanson possible.

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Jonathan Clauss sera absent pour trois à quatre semaines

Propos recueillis par Mathieu Rollinger

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