La dynastie Manchester City

13 mai 2012. Mené 1-2 à la 91^e minute lors de l’ultime journée par Queens Park Rangers, Manchester City retourne la situation pour s’imposer 3-2 et gratter le titre de Premier League au nez et à la barbe de Manchester United. Sept ans plus tard, les Citizens ont rejoué un scénario quasiment équivalent avec Liverpool dans la peau de victime collatérale en étant menés par Brighton à la 27^e minute avant une réaction de champion (1-4). Et visiblement, Manchester City a pris du plaisir à jouer avec les rêves des supporters adverses puisque les Skyblues ont réédité l’exploit en ce dimanche 22 mai 2022. Menés 0-2 à la 69^e minute par Aston Villa, les hommes de Pep Guardiola ont troqué leurs habits de poules mouillées pour ceux de patrons d’Angleterre : trois buts en cinq minutes, un succès 3-2 et un nouveau titre remporté d’un cheveu devant Liverpool, qui avait pourtant accompli sa part du travail dans le même temps en disposant difficilement de Wolverhampton. Huitième titre de l’histoire pour Manchester City, et surtout le sixième en dix ans. Colossal.

2005 – Manchester City have won a Premier League game in which they trailed by 2+ goals for the first time since February 2005 against Norwich (3-2). Scenes. #PL pic.twitter.com/Q0I96lpKV2

— OptaJoe (@OptaJoe) May 22, 2022

Guardiola, pas comme à son habitude

Et pourtant, rien n’aura été facile pour les Citizens. Face aux Villans de Steven Gerrard et de Philippe Coutinho, deux anciens Reds qui se voyaient bien donner un coup de pouce à leur ancien club, Manchester City a longtemps balbutié son football et fait preuve d’une fébrilité qu’on ne lui connaît pas en championnat. Au début de la seconde période, les visages dans l’Etihad Stadium alternaient d’ailleurs entre l’inquiétude et le dépit, bien que, dans le même temps, Liverpool était encore tenu en échec par Wolverhampton. Et puis Guardiola, peut-être emporté par la folie, s’est décidé à faire ce qu’il se refuse trop souvent à exécuter : faire du coaching avec trois changements entre la 46^e et la 68^e minute (sorties successives de Fernandinho, Riyad Mahrez et Bernardo Silva, tous les trois décevants, pour les entrées d’Oleksandr Zinchenko, Raheem Sterling et İlkay Gündoğan).

Bien lui en a pris : malgré le deuxième but de Villa dans la foulée de son dernier changement, City a tordu le scénario dramatique grâce à ses remplaçants : deux buts pour Gündoğan ainsi qu’une passe décisive pour Sterling et Zinchenko. Du flair, mais aussi le choix d’assumer, une fois n’est pas coutume, ses torts pour tenter d’aller chercher son titre. Un tourment qu’il semblait volontiers accepter au regard de sa joie au coup de sifflet final, le Catalan célébrant avec son staff et ses joueurs, les larmes aux yeux. La conséquence, aussi, d’un match galvaudé pendant plus d’une heure et qui aurait pu coûter un titre, le seul que City pouvait encore gagner après avoir échoué partout ailleurs cette saison (Ligue des champions, FA Cup, Coupe de la Ligue et même Community Shield).

Une dynastie prête à durer

Ce quatrième titre en cinq ans sous le management de Pep Guardiola est néanmoins loin d’être immérité. Leader avec treize points d’avance mi-janvier, les Citizens semblaient intouchables durant l’hiver (douze victoires consécutives en championnat), à tel point qu’un potentiel sacre de Liverpool ressemblait à un exploit historique. Il n’en est rien, et ce sixième titre depuis 2012 renforce la dynastie de Manchester City, incontestablement la plus grande équipe d’Angleterre depuis une décennie, un exploit d’autant plus fort qu’il est réalisé dans le championnat le plus relevé au monde. Et pour conserver ce trône, City devra continuer à faire évoluer un effectif usé par endroit : Fernandinho et Gabriel Jesus devraient quitter le navire, d’autres cadres ne sont pas assurés de rester et, surtout, Pep Guardiola et son staff vont chercher de nouveaux noms pour renforcer l’effectif. Une tâche qu’ils ont déjà entamée en recrutant le joueur le plus convoité au monde avec Kylian Mbappé : Erling Haaland. À peine champion, Manchester City envoie déjà un message : son règne n’est pas terminé.