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Kaiserslautern, les diables bougent
Membre fondateur de la Bundesliga en 1963, le FCK se débat depuis trois ans en 2.Bundesliga. Sauf que cette fois, le club a viré en tête à la trêve et songe clairement à la remontée. Et la dernière fois que les Diables Rouges ont fait la bascule, ils ont remporté leur 4ème titre de champion au printemps suivant. On prend déjà les paris pour mai 2011 ?
Il y a une décennie, le 1. FC Kaiserslautern réalisait encore des exploits : remporter le titre l’année de sa remontée en Bundesliga (1998), recruter des stars comme Mario Basler et Youri Djorkaeff ou accueillir cinq matches de la Coupe du monde 2006 dans une ville de seulement 105.000 habitants. Une décennie mais une autre époque, quand le club baignait en “eaux limpides”, traduction de “Lautern”. Depuis trois ans, les Diables Rouges se caguent. Mais voilà, la saison en cours n’a plus rien à voir. En tête à mi-saison, le club rêve de retrouver la première division dans quatre mois.
Le Palatinat ne songerait pas au miracle sans Stefan Kuntz, aka Herr Präsident. L’icône du Betzenberg a remporté la Bundesliga avec les Diables Rouges en 1991, raflant la même année la récompense de Meilleur footballeur allemand. Il dispute l’Euro 96 avec la Nationalmannschaft puis débute une carrière de coach. « Dans ce boulot, il m’a toujours manqué un truc » , dit-il aujourd’hui. Aussi lucide que dans la surface, il pousse le survêt au fond de la penderie et exhibe ses petits polos cintrés de couleur pâle dans le fauteuil présidentiel. Un type honnête le Kuntz, pas comme son prédécesseur Jürgen Friedrich, condamné pour abus de confiance, fraude fiscale et divers bakchichs pendant la période Djorkaeff.
Le club qui filait « de l’urticaire » au Youri à la fin de son passage au FCK a fini par tomber en 2.Bundesliga il y a trois ans et demi. Mi-2008, les Diables Rouges sont même à deux doigts de quitter le purgatoire pour l’enfer de la Regionalliga. Et comme souvent dans ces cas-là, ça se bidouille mieux dans la foulée. Il suffit parfois d’un bon choix.
Cet été, Kuntz-le-finaud promeut un quadra à la tête du plus jeune effectif du championnat : le principal mérite de Marco Kurz, c’est d’avoir fait le nombre à Dortmund puis Schalke quand ces deux-là glanaient un titre de champion (1995) et une Coupe de l’Uefa (1997). Pour son premier poste sérieux, l’ancien défenseur est lourdé par Munich 1860. Qu’importe, Kuntz lui trouve un petit quelque chose de Jürgen Klopp et Thomas Tuchel, les brushings en vogue sur les bancs de Dortmund et Mayence.
En un semestre, Kaiserslautern ne perd qu’une fois. Même si ce fourbe de Santa Claus a laissé dans la cheminée deux défaites pour la reprise, la machine est lancée : K’Lautern a encore huit points d’avance sur le troisième, Augsbourg, en position de jouer les play-offs. Et tant pis si le succès se fonde sur la seconde défense du championnat, loin des standards du club teuton qui a depuis toujours l’habitude de sortir de gros Panzer : Fritz Walter, Michael Ballack et Miroslav Klose.
Cette année, la star ne massacre pas les gardiens, plutôt les chevilles des attaquants : le stoppeur brésilien Rodnei, un subtil alliage de Lennox Lewis pour les mensurations et Mike Tyson pour la tendresse. A côté de lui, Martin Amedick ferait passer l’international du Werder, Mertesacker, pour un nain de jardin. Quand ça taille autant, ça score forcément : sept buts à eux deux. « Pourquoi choisir entre solidité et succès ? Les fans réclament de l’engagement et de la passion, c’est fondamental, mais ça n’exclut pas le beau jeu, explique Marco Kurz. Notre niveau actuel est très élevé » .
La ligne de stat la plus intéressante est ailleurs : plus de 35.000 spectateurs de moyenne au Fritz-Walter-Stadion, ça claque ! Au milieu de la foule, le sélectionneur des U21, Rainer Adrion, s’est entiché du gardien Tobias Sippel, que l’on dit meilleur que Manuel Neuer, et du milieu ambidextre Sidney Sam, prêté par Hambourg. Devant, c’est le duo slovaque Nemec-Jendrisek, en partance pour le Mondial, qui empile les bûchettes. « La montée ? C’est un objectif encore très lointain » , essaie de convaincre Kurz. On n’est pas forcé de le croire.
Aujourd’hui : FC Kaiserslautern – Rot Weiss Ahlen (13 h)
Traduit de l’allemand par Maxime Marchon, source die Welt
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