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  • Le 20 ans du drame de Furiani

Furiani, la tribune de l’horreur

Par Thomas Goubin
3 minutes
Furiani, la tribune de l’horreur

Le 5 mai 1992, une ambiance de fête irradiait Bastia. Les Corses accueillaient l'OM pour une demi-finale de Coupe de France. Mais à 20h20, la tribune provisoire du stade de Furiani cède. Retour sur cette funeste soirée.

C’était le temps du grand OM : Papin, Waddle, Mozer, Angloma, Deschamps, Pelé. L’une des meilleurs équipes d’Europe. C’était aussi le temps où l’on bourrait encore les tribunes jusqu’à la gueule lors des grands soirs. Bastia, héroïque pensionnaire de deuxième division, allait jouer une place en finale de Coupe de France face au puissant Marseille. Toulouse, Nice, puis Nancy avaient déjà cédé devant la furia corse. Pourquoi pas l’OM ? En quart de finale, déjà, une tribune avait été aménagée pour absorber le surplus de demande de billets. Bastia bouillait pour la Coupe, ce trophée que le modeste représentant corse avait remporté en 1981. Malgré le pédigrée de l’opposant, toute la ville, toute l’Île de Beauté voulaient croire à une conclusion heureuse de l’épopée des Bleu et Blanc. Elle se terminera dans l’horreur.

Le jour de la rencontre, un mardi 5 mai, le stade affiche complet dès l’échauffement. Dix jours avant la rencontre, la tribune Claude Papi a été rasée sans autorisation pour laisser place à un immense assemblage métallique devant supporter le poids de 10 000 supporters. Construction, contrôles de sécurité, démarches administratives, rien n’a été fait dans les règles, mais le résultat est là : le stade Armand-Cesari, populairement appelé Furiani, a doublé sa capacité pour recevoir le grand OM. Le jour du match, l’assemblage métallique tangue. L’inquiétude commence à prédominer chez certains, supporters, journalistes ou pompiers. Le speaker du stade demande aux spectateurs de cesser de taper du pied. A la vue de cet instable monstre métallique, certains joueurs de l’OM craignent son effondrement. Sous la tribune, l’envers du décor sidère : des ouvriers resserrent des boulons pour tenter de maintenir le précaire équilibre de la tribune. La fête doit avoir lieu. L’investissement être rentabilisé.

18 morts et 2357 blessés

A 20h20, la partie haute de la tribune cède. Patrick Poivre d’Arvor se trouve alors en duplex avec Thierry Roland et Jean-Michel Larqué. Les caméras gravent des scènes de panique. La pelouse ressemble désormais à un champ de bataille. Les blessés allongés sont entourés de leurs proches et des personnels de secours. Les joueurs aident comme ils le peuvent les victimes. Au fracas de l’assemblage métallique s’effondrant succèdent le hurlement des sirènes, le bruit assourdissant des hélicoptères qui se posent sur le rectangle vert. Des victimes sont transportées jusque Marseille faute de places dans des hôpitaux corses saturés. La plus grande catastrophe liée à l’organisation d’un événement sportif en France vient de se produire : 18 morts et 2 357 blessés.

Malgré l’ampleur du drame, le président de la FFF de l’époque, Jean Fournet-Fayard, veut dans un premier temps fixer une nouvelle date pour disputer une demi-finale qui n’aura jamais lieu. Les responsables du drame se défaussent tous. Jean-François Filippi, le président du SC Bastia, assure qu’ « un simple accord verbal au téléphone » , « sans signature de contrat » , a conduit à la construction de la funeste tribune provisoire. Il sera assassiné deux ans plus tard, deux jours avant le début de procès. Selon les enquêteurs, il ne s’agissait pas d’une vengeance liée à la tragique soirée du 5 mai 1992. Huit prévenus seront condamnés pour leur responsabilité dans le drame de Furiani. La peine la plus lourde n’excède pas les deux ans. Elle concerne l’ingénieur de la tribune, Jean-Marie Boimond, et Michel Lorenzi, vice-président du SC Bastia. En appel, la prison ferme se transformera en sursis, à la grande indignation des familles des victimes.

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