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Derby amical ?
Liverpool/Everton ou le fameux derby de la Mersey. Pourtant, il n'existe aucun antagonisme social, religieux ou politique entre les deux clubs. Vraiment, ce derby est unique.
Liverpool et Everton sont comme des jumeaux. Quand il arrive quelque chose à l’un, il y a une répercussion sur l’autre. C’est physique. Comme en 1985 où Everton remporte son seul trophée européen (une C2 face au Rapid Vienne) pendant que son voisin fait parler de lui lors de la catastrophe du Heysel (39 morts). Pis, la même année, les Toffees s’adjugent le championnat d’Angleterre et espèrent s’aventurer en C1 l’année suivante. Sauf qu’entre-temps, la barbarie des supporters des Reds a privé les clubs anglais de compétitions européennes pour cinq ans… L’un trébuchant suite au méfait de l’autre. C’est un peu ça l’histoire du derby de la Mersey.
Pourtant, ce match aurait pu devenir brutal. Suffit de se pencher sur certaines déclarations passées. Comme celle de Bill Shankly, qui s’égosillait en affirmant « qu’il y a deux équipes à Liverpool : le FC Liverpool et son équipe réserve » .
C’est mal connaître l’histoire de la Ville. Car, historiquement, c’est Everton qui débarque en premier (1878), pour évoluer à… Anfield. Mais peu avant 1900, John Houlding, le proprio du quartier, achète les droits du stade et augmente sensiblement le loyer (250 £/an au lieu de 100£). Le board d’Everton refuse de se laisser dépouiller et s’installe à Goodison Park. Houlding se retrouve alors propriétaire d’un stade dans lequel personne ne joue… Il crée de fait son propre club, le Liverpool FC (dont le nom originel était Everton and Athletic Grounds Ltd). Bref, la naissance de l’un a été rendue nécessaire par l’action de l’autre.
Lineker Vs Rush
Les deux clubs ont rarement été au sommet en même temps. Sauf peut-être via ce frémissement positif au milieu des années 80. Les deux squads comptent alors dans leurs rangs deux buteurs d’exception (Lineker à Everton, Rush à Liverpool) et se disputent le haut de l’affiche. 1986, les Reds finissent champions avec deux points d’avance sur les Toffees. Pis, Liverpool scalpe également son gentil voisin en finale de la FA Cup (2-1). La Ville est le centre du football anglais et donc par extension de l’Europe.
Ceci étant dit, Everton prendra sa revanche l’année d’après en s’adjugeant le titre au détriment des Reds. Les deux teams ne se tireront pourtant pas la bourre très longtemps. Lineker parti, Everton sombre petit à petit en milieu de tableau. La division de la Ville est malgré tout internationale. Quand Rafael Benitez signe chez les Reds, il séduit les supporters en une déclaration : « Je rejoins le club du peuple de Liverpool. Les majorité des gens que l’on rencontre dans la rue sont des supporters d’Everton » . Même l’Ibère a compris comment fonctionnait le bastion des Beatles.
2011 n’échappe pas à la règle. Everton veut s’imposer cet après-midi à Anfield. Et ce, pour deux raisons. La première, pour mettre fin à cette série de dix matches sans victoire chez « l’ennemi » (la dernière victoire away remonte à 1999 avec un but de Kevin Campbell dans un match physique avec trois expulsés : Westerveld, Gerrard et Jeffers). La seconde, pour réaliser le dixième grand chelem de l’histoire du club (gagner les deux rencontres dans la même saison). Le dernier en date pour les Toffees remonte à 1985. Au match aller, Everton l’avait emporté 2 à 0.
Mais pour vraiment comprendre ce match, rien de mieux que l’enfant du pays : Jamie Carragher. Le Scouser résume très bien ce big game : « Il n’y a pas d’autre match comme celui-ci. Ça joue à une vitesse incroyable et chacun ne pense qu’à la victoire. Un nul est comme une déception pour les fans. Ils veulent absolument pouvoir fanfaronner dans toute la ville, dans les pubs, au bureau, dans les écoles. Un derby, ici, c’est énorme. Cette ville vit, mange, dort et boit pour le football. Il n’y a pas d’autre ville comme ça dans le monde » . Et tant pis pour Rome, Barcelone, Londres et les autres.
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