Chacun cherche son foot II
L’info appartient à ceux qui se lèvent tôt. Mercredi 23 mai, cinq heures du mat, direction Rouen via Saint-Lazare et, au bout des rails, un scoop. Ou plutôt un chiffre : 35.000, soit le nombre de contacts annuels moyen entre les pieds d’un joueur de foot pro et l’objet de ses désirs. Mieux qu’un stakhanoviste du porno. L’exercice tourne pourtant au coïtus interruptus. Avec un temps de contact d’un dixième de seconde seulement, le footballeur ne connaît au total que cinq minutes et cinquante secondes de volupté par an. L’homme qui a lâché cette bombe est belge. Il s’appelle Michel Bruyninckx et a développé une technique pour augmenter les liens charnels entre les joueurs et le ballon, et, partant, leur habileté. L’objet est un rien onaniste, il s’agit d’un filet que l’on tient à la main et dans lequel pend, à hauteur du pied, le cuir. Un coup de crampons et le ballon revient sans qu’un Gattuso de bac à sable ne tente de s’en emparer. L’affaire fait un malheur outre-Quiévrain et Bruyninckx d’annoncer de nouveaux matins triomphants pour le foot belge.
Cela se passait à Rouen à l’occasion du deuxième congrès annuel de l’Association des chercheurs francophones en football. Un an après un premier rendez-vous amiénois centré sur les sciences dites « dures » , la sociologie a fait une entrée remarquée dans les débats. Régional de l’étape, le jeune sociologue Ludovic Lestrelin a relevé avec brio le défi toujours casse-gueule de séparer le bon grain ultra de l’ivraie hooligan. Si les deux groupes ont recours à la violence, les premiers mettent avant tout en avant une éthique contre le sport business et ses dérives et créent du lien social dans la tribune, quand les seconds font de la castagne une raison d’être.A Rouen, on a aussi appris que les filles se blessaient beaucoup plus que les garçons aux ligaments croisés, faute d’un travail physique conséquent, les entraîneurs des féminines préférant mettre l’accent sur la technique. Et puis encore que les filles de l’équipe de France avaient eu recours à la technique dite « du papillon » dans leur préparation mentale. Planant. A ce propos, leur préparateur mental, Jean-Cyrille Lecoq, a démontré que si les hommes étaient psychologiquement des commodes, les femmes étaient, elles, des armoires. Quand une porte se ferme, c’est l’ensemble qui devient inaccessible.
Clou du spectacle, l’arbitre Laurent Duhamel a parlé de la prise de décision dans sa noble corporation et a profité de l’intimité de la réunion pour confesser une erreur fatale lors du dernier Lyon-Lens. Ah bon, fallait pas le répéter ?A 17 heures, les débats étaient clos et chacun est rentré chez soi pour suivre la finale de la Ligue des champions en méditant sur les paroles prémonitoires de Bill Shankly, entraîneur mythique des Reds de Liverpool des années 60 : « On a du mal à jouer ces équipes défensives du continent. » C’était après un 1-5 subi face à l’Ajax…
JDL