Vis ma vie : Rio Ferdinand
Qui n'a pas rêvé d'être un jour footballeur pro. De rouler sur l'or, les coupes, les mannequins et accessoirement les ballons. Pour le Times, Rio Ferdinand décrit sa journée-type. Une existence bien loin des trois-huit et même des 35 heures. De quoi vous faire regretter d'avoir séché les séances «sans ballon» du lundi soir.
Je n’ai pas besoin de réveil ces jours-ci car d’habitude les cris de mes garçons me réveillent. Tate a seulement 19 semaines et Larenz a 2 ans. Ma femme Rebecca va voir Tate tandis que je descends Larenz vers 7 heures du mat’ et lui prépare ses Weetabix. On regarde un bout du Mickey Mouse Clubhouse et je l’habille pour aller à la crèche. Trois à quatre fois par semaine, c’est moi qui le conduit, donc nous sommes dans la voiture à 8h un quart, à parler sur le chemin de voitures et de motos. Il est à l’âge merveilleux où chaque jour il emploie un mot nouveau, et j’adore ça. C’est l’un des meilleurs moments de la journée.
Dès que je l’ai lâché, j’ai encore 20 minutes jusqu’au terrain d’entraînement. C’est le moment où je ne fous rien et mets du son – n’importe quoi, de la pop jusqu’au reggae old-school… Les enfants et les chasseurs d’autographes attendent généralement à l’extérieur du terrain, donc je vais signer quelques livres. Puis je me dirige vers la cantine pour me faire un petit-déj’ – un thé avec deux sucres et deux tranches de pain de mie. Je jette un coup d’œil aux tabloïds, bavarde un peu avec celui que je croise, puis je fais 40 minutes de gym avant que l’entraînement ne commence.
À 10 heures, toute l’équipe démarre avec les vélos d’appartement. On est alignés par rangées donc il y a plein de conversations qui se créent tandis qu’en face la télé est allumée – toujours branchée sur Sky Sports, donc si l’un d’entre nous passe, vous pouvez être sûr qu’on lui réserve une bronca. On se dirige ensuite à l’extérieur et on démarre l’entraînement avec un “toro” – c’est une sorte de jeu de la vachette avec deux mecs au milieu et les autres autour qui essayent de les empêcher de toucher la balle. Après, on travaille la tactique pour le match à venir et on finit souvent par une opposition à 8 contre 8. La session se termine aux alentours de 12h30 voire 13h, et après la douche, ça m’arrive de causer un brin avec Nemanja Vidic dans le vestiaire, ou de charrier l’un des coéquipiers sur sa tenue vestimentaire.
« À l’exception des vendredis, je rentre à la maison à 14h »
D’habitude, je vais déjeuner à la cantine – hier j’ai pris des pâtes avec des cubes de poulet grillés, du parmesan sur le dessus, et j’ai terminé par un gâteau à la banane. À l’exception des vendredis où nous avons une journée pleine, je rentre à la maison vers 14h, dis bonjour à Tate et à ma femme, puis vais mettre Larenz au lit pour sa sieste de l’aprem. Ce qui est super, c’est que quand il roupille, je roupille aussi. Mais à 16h, il se réveille et c’est l’heure des jeux. Il peut être très violent : il veut jouer à la bagarre et sauter sur le canapé, chose que n’aime pas ma femme. Il est têtu et sait ce qu’il veut, un peu comme moi à son âge.
Avoir des enfants a été un véritable tournant dans ma vie. Parfois, j’aurais aimé les avoir eus plus tôt, mais si je prends en compte ma propre maturité, ils sont certainement arrivés au bon moment. J’espère juste que je pourrai leur transmettre le même sens du travail que mes parents ont inculqué à moi et à mon frère Anton. Notre mère était nourrice. Elle s’occupait d’enfants à Peckham, l’endroit où l’on habitait. Notre père était couturier et bossait comme videur la nuit. Souvent, il était encore dehors à 6h du mat’ et revenait après que j’étais allé me coucher. Pourtant, quand j’ai commencé à jouer au foot, il m’emmenait religieusement à l’entraînement. Puis quand j’ai eu 12 ans, il est parti de la maison, mais l’aspect positif de la chose est que ça m’a permis de mieux le connaître. Et ma mère aussi. Les deux sont avec d’autres concubins aujourd’hui, et j’ai cinq frères et sœurs.
Ils vivent toujours à Londres, mais malgré le fait qu’ils me manquent énormément, signer à Man U en 2002 a été évidemment un grand truc pour moi, un grand moment dans ma vie. Et comme pour ma famille, je veux tout donner à cette ville. Nous habitons dans une charmante demeure ancienne à Alderley Edge et quelques-uns de mes coéquipiers vivent à côté.
« On s’écroule devant la télé et on mate un truc débile genre Big Brother »
À 17h, je me lance dans le dîner, chose que je commence à faire plus souvent que ma femme. Je fais d’abord celui de Larenz puis le nôtre. Par exemple, je vais cuire un bar en papillote avec des champignons, des courgettes, du poivron, et je vais assaisonner le tout. Je le fous dans le four. Je l’accompagne de riz et prépare une salade d’avocats en entrée.
À 19h, on met les petits au lit. Ma femme nourrit Tate et je donne le biberon à Larenz. Il s’endort souvent dans mes bras. Ensuite, la plupart du temps, on s’écroule tous les deux devant la télé et on mate “East Enders” (ndrl : sorte de “Plus belle la vie” à la sauce londonienne ) ou un truc débile genre Big Brother. Rebecca va se coucher à 22h, mais moi je reste un peu plus longtemps et me prends des fruits et des biscuits au chocolat. Puis je vais donner à Tate son repas de 23h, je le fais souffler puis je le rendors.
Je suis normalement au lit à 23h20 et généralement hors d’état. Dans tous les sens du terme, à ce moment précis, je suis dans un super endroit, et je regarde la balle que je ne veux pas quitter des yeux une seconde.
Interview de Ria Higgins
Portrait de Mark Guthrie
TimesOnline (18 Janvier 2009)
Traduction: Maxime Marchon
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