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Vinsky : « Avec Escaldes, on va devenir sûrement le club le plus suivi d’Andorre »

Propos recueillis par Thomas Morlec
13 minutes

Après avoir créé son propre club, le youtubeur Vinsky s’est lancé dans un nouveau projet fou : devenir copropriétaire d’un club en Andorre. Si la destination peut paraître surprenante, l’objectif est tout trouvé : tenter de qualifier le Sporting Club Escaldes aux tours préliminaires d’une Coupe d’Europe.

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Comment l’opportunité de reprendre le Sporting Club Escaldes est-elle arrivée ?

Pour résumer, un de mes abonnés, qui avait déjà eu des expériences dans le football andorran, notamment comme directeur sportif, m’a contacté par mail pour me parler de la réalité du football dans ce pays de 80 000 habitants. Il m’a bien précisé que c’était plus petit, qu’il y avait donc la possibilité de se qualifier pour les tours préliminaires en Coupe d’Europe. Forcément, ça m’a intéressé, je me suis renseigné et j’avais la chance d’être en vacances dans le sud de la France à ce moment-là. Donc j’ai pris ma voiture, et j’ai roulé pendant trois heures pour me faire mon propre avis, aller voir un match de Ligue Europa, et très vite, je me suis dit : « Et pourquoi pas ? » C’est un projet qui permettrait de dépasser les limites.

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Un nouveau projet, alors que tu as déjà le Vinsky FC Magnanville à gérer…

C’est le club que j’ai créé et ça me tient très à cœur, parce qu’on est parti de zéro, mais c’est limitant parce que c’est long de monter les divisions. (Rires.) Aujourd’hui, je ne fais plus rien à part streamer les matchs le week-end. J’ai la chance d’avoir mon père, fraîchement à la retraite, qui se démène énormément pour le Vinsky FC Magnanville. Il est même le président du club. C’est un pilier, mais j’essaye quand même de le ménager, et heureusement, beaucoup d’autres personnes jouent un rôle important comme Romain Puteaux, actuellement directeur sportif du club, mais aussi Jérôme Phojo qui est un ancien professionnel (passé notamment par Monaco, Arles-Avignon et Clermont, NDLR). Malgré le fait que tout soit à mon nom, et que ce soit devenu une marque, je ne m’épanouis que par des projets collectifs.

Concrètement, à Escaldes, tu es copropriétaire ?

Oui, copropriétaire. Alors sans rentrer dans le détail sur la question financière, on sera trois associés. Je ne dévoile pas encore leur identité, mais ils vont être présentés bientôt.

Le club a été dissous en 2008, pourquoi le faire revivre maintenant ?

Avant de me lancer dans cette aventure avec Escaldes, j’ai discuté avec des clubs de D1, d’autres clubs de D2 et de fil en aiguille, après plusieurs mois/semaines de discussions, on s’est arrêtés sur ce projet pour plusieurs raisons : déjà par rapport à moi, où j’en suis. Pour arriver en D1 directement, il faut l’assumer financièrement, il y a des clubs qui ont beaucoup de budget, mais personnellement, je ne suis pas multimillionnaire, donc ce n’était pas trop ma réalité. Et si c’était pour batailler pour le maintien, ça n’avait pas trop de sens. Il fallait bien se positionner, puis je ne connais pas non plus le pays, donc la D2 permet d’être une étape, et le tout doit être cohérent. Ce club a été créé en 1977, dissous en 2008, sachant qu’au mieux, ils ont été 5es de D1. J’ai parlé au propriétaire de cette association, et ce dernier a cédé ses parts. Il faut ensuite se réinscrire auprès de la fédération, ce qui a un coût aussi, mais après c’est parti !

Aucune équipe andorrane n’est parvenue à se qualifier en Coupe d’Europe, donc, si on y arrive un jour, ce serait totalement fou, puisqu’il y a quatre tours et tu commences à jouer contre de sacrées équipes.

Qu’est-ce que tu as appris en te rendant sur place ?

C’est la seule coprincipauté du monde. Si j’ai bien compris, Emmanuel Macron est un coprince là-bas, c’est très spécial. Il y a des montagnes partout, le cachet est énorme. Alors oui, la TVA est restreinte, donc beaucoup de gens vont là-bas pour faire des économies, mais personnellement, je n’y vais pas du tout pour faire de l’évasion fiscale (rires), ça n’a aucun rapport. C’est un pays qui a une sécurité accrue, c’est vraiment une vie à part. Les gens sont très sympas, parlent français et espagnol, surtout catalan. Et c’est important, cet aspect de la langue. Personnellement, je parle français, espagnol, anglais. Sur Instagram, tous nos posts seront traduits en catalan. J’ai envie de respecter la culture, de rencontrer des gens qui ont connu le club avant la dissolution. On veut faire les choses bien, ne pas faire l’erreur d’arriver avec nos gros sabots et tout vouloir révolutionner. J’ai encore beaucoup de choses à apprendre, que ce soit de ce pays ou de ma future équipe. Nos premiers matchs auront lieu en septembre 2025.

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C’est vrai que tous les clubs de D1 jouent sur le même terrain ?

Alors, j’apprends tous les jours de nouvelles choses. Dans ma vidéo YouTube, on a parlé d’un terrain, mais en réalité, il y en a deux qui sont collés. L’un d’entre eux est exclusivement réservé à la D1, toutes les rencontres s’y jouent durant un jour et demi, et l’autre est surtout pour la D2, mais une partie des rencontres se joue aussi dans un autre stade. La première division est retransmise en direct sur Twitch. Ce qui est drôle aussi, c’est que dans ce complexe, ce sont des feuilles A4 avec le logo des équipes qui déterminent les vestiaires attitrés pour chaque club.

Quels sont les premiers retours sur ton projet ?

Depuis juillet, je travaillais dessus, avec une certaine excitation. Pour moi, ce projet peut faire bouger les choses. Je suis très content parce que la mission que je m’étais fixée, celle de créer une hype, est une réussite. Après, je ne m’enflamme pas trop non plus. Je suis créateur de contenus depuis 2012, je sais très bien comment ça fonctionne. La hype est là, c’est très bien, mais elle n’est pas éternelle, donc maintenant, il ne faut pas que les gens soient déçus. J’ai l’impression qu’on m’attend au tournant. En tout cas, c’est le sentiment que j’ai. Et c’est normal parce que finalement, il faut assumer.

Tu fixes comme objectif de jouer les tours qualificatifs d’une Coupe d’Europe dans trois ans. Tu y crois sincèrement ?

Oui, le but, c’est de jouer au moins un match de tour qualificatif. Ce qui est très important de préciser, c’est qu’aucune équipe andorrane n’est parvenue à se qualifier en phase régulière de Coupe d’Europe, donc, si on y arrive un jour, ce serait totalement fou, puisqu’il y a quatre tours, et tu commences à jouer contre de sacrées équipes. Quand je travaille sur ce genre de projet, je n’ai pas envie de mentir, ou de vendre du rêve totalement basé sur rien du tout. Donc, dans ces moments-là, c’est toujours bien de trouver l’équilibre entre ce qu’on raconte aux gens, ce qu’on a envie aussi de créer. Il faut forcément une certaine hype parce que c’est le jeu, mais en même temps, il faut quand même que ce soit réalisable. Idéalement, on aimerait au moins frôler cet objectif-là.

Et comment tu comptes y parvenir ?

Ce qu’il faut savoir, c’est qu’avant même de l’annoncer, on s’est renseignés auprès des locaux, qui connaissent parfaitement le milieu du football là-bas, et qui y vivent. Je leur ai demandé si cela leur paraissait viable ou insensé. Ils m’ont répondu que c’était atteignable et pas totalement fou de dire ça. Ce qui permet d’y croire aussi, c’est la Copa Constitució, qui est la coupe nationale. Parce qu’il n’y a que 15 équipes, parfois il y a même un nombre impair, donc tu peux sauter un tour et te retrouver exempt et donc être qualifié pour les quarts de finale. Et on sait très bien que dans le foot, ça peut aller très vite.

Comme toi, Gerard Piqué, qui détient aussi une équipe en Andorre, essaye de donner une autre image du foot. Est-ce que ça t’a inspiré ? Vos deux projets ne risquent pas de se marcher sur les pieds ?

Pour moi, les deux projets sont totalement différents, et je n’ai pas peur de la comparaison, surtout que son équipe est rattachée au championnat espagnol et non à l’Andorre. Peut-être même qu’un jour, on établira une collaboration sur un projet pour mettre en avant l’Andorre ?!

Tu as expliqué faire le choix de rester au Canada, notamment pour la Coupe du monde 2026 et donc de ne pas déménager en Andorre. Pourquoi ?

Je suis un peu à un carrefour de ma vie. J’ai toujours été attiré par l’Amérique du Nord. Et avec la conjoncture de la Coupe du monde des clubs et du Mondial 2026, sans oublier le football féminin avec Marinette Pichon qui est en train de constituer une équipe, les Roses, à Montréal, il y a plein de projets qui m’intéressent. Donc pour le moment, ce n’est pas dans mes projets de vie d’aller vivre en Andorre. Outre l’aspect écologique, je sais aussi que je vais avoir une équipe solide qui va se constituer sur place, et j’ai totalement confiance en eux. Après, quand je rentrerai en France, évidemment, je ferai un crochet par Andorre.

Dans cette vidéo, tu as aussi évoqué la création du Vinsky Group, qui est donc désormais composé de tes trois équipes, Escales, Magnanville et l’Inter Montréal. C’est quoi, l’idée ?

Cette vision de groupe, je l’ai depuis plusieurs années. Je ne connaissais pas encore la forme. J’ai d’abord pensé à une académie. Et de fil en aiguille, avec cette opportunité en Andorre qui est apparue, moi qui avais envie d’une expérience en Amérique du Nord et mon amitié avec le club de l’Inter Montréal, ça s’est accéléré. Tout de suite, j’ai vu des critiques sur le fait d’être propriétaire, de posséder des parts, mais du côté amateur, ce sont des associations à but non lucratif. L’idée, c’est de faire rayonner leur club par mon groupe, notamment en amenant des contrats de sponsoring. Il y a des synergies que j’ai envie de créer. Une autre des priorités, ce sont les échanges, mais pas seulement sur le côté sportif, mais notamment des stages linguistiques. En fait, les réseaux veulent beaucoup la compétition, mais moi, dans l’ombre, je travaille sur des choses qui sont beaucoup plus axées sur des modèles d’affaires très réalistes et qui, je sais, ne feront pas le plus de likes sur les réseaux, mais qui pour moi m’assureront aussi une pérennité financière. L’idée, c’est que ce soit du gagnant-gagnant pour tout le monde, notamment dans le partage de connaissances.

Je peux comprendre que l’esprit de la multipropriété dérange. Tant qu’il n’y a pas de conflit d’intérêts, je n’y vois pas de problème.

Vinsky

La multipropriété est plutôt décriée dans le football. Tu n’as pas peur que ce soit mal compris, qui plus est dans le monde amateur…

Déjà, je pense que le débat serait tout autre si j’avais annoncé un club dans ce groupe qui avait été français. Je ne sais même pas si la Fédération aurait vu cela d’un bon ou d’un mauvais œil. Là, j’aurais plus compris les mauvais aspects de la multipropriété, mais là, dans mon projet, ma vision, je n’y vois aucun problème. Il y aura des échanges bénéfiques pour tout le monde. La connexion entre la France et le Canada est très forte, Escaldes est un club professionnel. Après, philosophiquement parlant, c’est autre chose. Je peux comprendre que l’esprit de la multipropriété dérange. Tant qu’il n’y a pas de conflit d’intérêts, je n’y vois pas de problème.

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Tu comprends que certains peuvent quand même se poser des questions ?

Je pense que les clubs professionnels savent déjà très bien où aller chercher sans avoir besoin de clubs qui les connectent avec d’autres. En revanche, c’est plus ce qu’il y a dans les contrats ou dans l’éthique. Il faut rappeler aussi que dans le groupe, deux clubs ne sont pas professionnels. Et même s’il y a de très bons joueurs à Magnanville, ils ne vont pas tous être transférés dans notre entité andorrane, cela n’aurait aucun sens. Plus généralement, la multipropriété ouvre le débat, mais dans le football, il y a toujours eu l’influence des agents et des clubs amis… c’est ma pensée. C’est du capitalisme à l’état pur. Par rapport à tout cela, je ne sais pas comment me définir. Ce qui a bercé mon enfance et m’a fait rêver, ce sont les réussites d’entreprises comme Google, la Silicon Valley, mais je n’ai jamais été en accord à 100 % avec ce modèle qui est très agressif, brutal, et qui est à l’inverse de mes convictions. J’essaie de trouver le juste milieu, de construire ma réalité. Et le Canada m’y aide un peu, car c’est un juste équilibre entre la France et les États-Unis.

Ce qui a bercé mon enfance et m’a fait rêver, ce sont les réussites d’entreprises comme Google, la Silicon Valley, mais je n’ai jamais été en accord à 100 % avec ce modèle qui est très agressif, brutal, et qui est à l’inverse de mes convictions.

Vinsky

C’est problématique d’être ambitieux dans ce milieu ?

Personnellement, ça va, je suis plutôt épargné. Je pense que c’est parce que je déteste parler pour ne rien dire. Je préfère que les actes parlent pour moi. Parfois, il y a des effets d’annonce, mais c’est fait, je travaille dessus, ce n’est pas pour faire des vues. L’ambition que j’ai ne m’a jamais porté préjudice. Enfin si, au tout début, quand j’ai lancé le Vinsky FC, on m’a vu comme quelqu’un qui ne respectait pas ceux qui étaient là depuis très longtemps. J’ai eu des critiques virulentes, mais maintenant, notre club de Magnanville est très respecté parce qu’on fait du bon travail et j’en suis fier. On ne nous voit plus seulement comme une équipe de youtubeurs. Il y a le côté réseau, mais aussi la réalité. Par exemple, on va devenir sûrement le club le plus suivi d’Andorre avec ma communauté (Vinsky compte plus d’1,5 million d’abonnés sur YouTube, NDLR). On s’affiche, on est ambitieux, mais cela n’empêche pas de tendre la main aux autres. C’est tout bête, mais par exemple, on va faire un post où l’on récapitule l’écosystème de l’Andorre en mettant en avant les clubs les plus titrés en D1 et D2 et Copa Constitució, sans oublier de les taguer. On n’arrive pas pour détruire tout le monde. On est beaucoup moins forts que la première équipe andorrane. C’est pareil avec les Yvelines, mais on n’a jamais été contre personne. Mais après, je comprends, c’est un réflexe humain quand il y a un inconnu d’être méfiant. Alors que finalement, on n’est là pour voler personne. Ce qui compte, c’est la réalité du terrain.

Ton rêve serait qu’un de tes abonnés devienne pro un jour, est-ce que ce n’est pas démesuré ?

Non, je suis sûr à 90 % qu’un de mes abonnés va finir par signer un contrat professionnel en Andorre. C’est l’objectif. Parce qu’on va annoncer en mars des détections de très haut niveau en France, avec des personnes majeures qui ont évolué en N3, N2, N1, voire peut-être Ligue 2. Il y aura des joueurs du profil de Valentin Liénard qui vont venir, donc ce n’est pas pour des gens qui évoluent en dessous. L’idée, c’est de faire une télé-réalité sportive du type : ils sont tant, il n’en restera qu’un. Ce dernier sera celui qui signera. Pour rappel, le joueur du Paris Saint-Germain Lee Kang-in vient d’une télé-réalité coréenne. Il risque d’y avoir de belles histoires.

En direct : Lyon - Manchester United (0-0)

Propos recueillis par Thomas Morlec

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