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Vincenzo Montella : « Il y a moins de talents en Serie A aujourd’hui que lorsque j’y jouais »

Propos recueillis par Andrea Chazy, avec Diren Fesli
Vincenzo Montella : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Il y a moins de talents en Serie A aujourd&rsquo;hui que lorsque j&rsquo;y jouais<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Après des expériences en demi-teinte du côté de Séville et de la Fiorentina en 2019, c’est sur le banc d’Adana Demirspor que revit Vincenzo Montella. À 48 ans, le buteur vedette de la Roma des années 2000 a pris le temps de parler de sa nouvelle vie à la tête de l’actuel leader du championnat turc, du football italien, mais également de ses souvenirs dans la Ville Éternelle... et de cinéma.

Vous êtes arrivé en Turquie il y a un peu plus d’un an pour devenir le coach d’Adana Demirspor. Pour le moment, c’est un succès. Vous vous y attendiez ?Non. J’ai accepté de devenir le coach d’Adana Demirspor, car le président a réussi à me convaincre avec des arguments, des objectifs. La proposition était stimulante. Jusqu’à présent, cela se passe bien c’est vrai. Mais dans le football, rien n’est jamais définitif. C’est pour cela qu’il faut continuer à travailler et avoir de grandes exigences.

Pourquoi avoir décidé de dire « oui » à Adana ?Après un break entre ma dernière expérience (à la Fiorentina, en 2019, NDLR) et celle-ci, j’avais cette envie de grandir. J’ai eu d’autres opportunités avant Adana, mais elles ne me plaisaient pas. Pendant la pandémie, j’étais bien chez moi et j’avais pris la décision d’attendre qu’une proposition correspondant à mes attentes arrive pour accepter. Plutôt que d’accepter trop vite un challenge. Quand Adana m’a contacté, j’ai pris le temps de venir pour voir la structure, le club, la ville, et j’ai accepté avec enthousiasme.

Je ne connaissais pas grand-chose d’Adana, hormis que Mario Balotelli, Gökhan Inler et Benjamin Stambouli y jouaient.

Qu’est-ce que vous connaissiez d’Adana avant d’y aller ?Je ne connaissais pas grand-chose d’Adana, hormis que Mario Balotelli, Gökhan Inler et Benjamin Stambouli y jouaient. J’ai appelé certains d’entre eux, puis je me suis entretenu avec le président que je suis allé rencontrer sur place au moment de signer. J’avais besoin de savoir où j’allais, de me rendre compte aussi par moi-même où je mettais les pieds.

Il y a quelques mois, vous déclariez à la Gazzetta dello Sport : « La Turquie est le trampoline pour ma renaissance… »
(Il coupe.) Je ne me souviens pas si j’ai vraiment dit cela mot pour mot. Ce que je sais en revanche, c’est que la Turquie a un passé sur le plan international et qu’elle possède un championnat très compétitif. Les équipes sont proches les unes des autres en matière de niveau, et je ne crois pas me tromper quand je dis que cette saison, le niveau des grosses cylindrées a augmenté.

Mais pour vous, venir en Turquie, c’était aussi une manière de vous renouveler en quelque sorte, non ? De voir un autre football ?Je suis quelqu’un qui aime changer, voyager, découvrir de nouvelles cultures et des endroits que je ne connais pas. Ce n’est pas quelque chose qui me fait peur, au contraire même : ça me stimule beaucoup.

Aider Mario Balotelli à retrouver l’équipe nationale a été une source de motivation supplémentaire pour moi. Si j’ai été surpris qu’il soit rappelé alors qu’il jouait ici, en Turquie ? Non.

À quoi ressemble votre vie à Adana ?C’est plus ou moins la même qu’aux autres endroits où j’ai entraîné auparavant. Quand tu es entraîneur, tu passes la plupart de ton temps sur le terrain, tu bosses 12 à 15h par jour, tu manges puis tu dors chez toi. Je vis dans un hôtel que je peux rejoindre à pied depuis le centre d’entraînement. C’est une vie très routinière finalement.

Parvenez-vous à vous évader du foot par moments ?En dehors de mon sport personnel et de séries télé par exemple, je suis quelqu’un qui lit beaucoup. J’aime principalement les romans historiques. Dernièrement, j’ai lu Antifragile de Nassim Nicholas Taleb. J’ai beaucoup aimé !

Andrea Pirlo à Karagümrük, Francesco Farioli à Alanyaspor, vous à Adana ou même Roberto Mancini à Galatasaray en 2013-2014… Comment expliquer ce mariage entre la Turquie et les coachs italiens ?Déjà, je crois qu’il ne faut pas oublier qu’il y a beaucoup d’entraîneurs italiens en activité. (Sourire.) C’est ce qui explique en grande partie pourquoi on en arrive à ce genre de réalité aujourd’hui, d’avoir trois entraîneurs de chez nous qui officient en Turquie. Comme c’est le cas dans d’autres championnats par ailleurs, comme en Angleterre. Aussi, au cours de sa formation, l’entraîneur italien passe par Coverciano (le Clairefontaine italien, NDLR) qui est, selon moi, la meilleure école au monde pour former les entraîneurs. Cela peut être un gage de qualité pour les clubs.

Vous avez passé un an avec Mario Balotelli l’an dernier. Comment c’était ?Stimulant, car c’est un joueur qui a d’évidentes qualités techniques. Aider Mario Balotelli à retrouver l’équipe nationale a été une source de motivation supplémentaire pour moi. Si j’ai été surpris qu’il soit rappelé alors qu’il jouait ici, en Turquie ? Non, car le championnat turc est de qualité. Si Mario a été rappelé, c’est que Roberto Mancini a estimé qu’il avait les qualités pour faire partie de cette équipe.

Quel est votre objectif avec Adana cette saison ?Faire de notre mieux, assurément, et se mêler à la lutte avec cinq-six autres équipes qui sont très bien pourvues. Je pense notamment à Galatasaray qui a pris Juan Mata, Mauro Icardi et tant d’autres champions, à Trabzonspor qui a gagné l’an passé. Il y a aussi Beşiktaş, Konyaspor, İstanbul Başakşehir, Fenerbahçe… À nous de donner le meilleur de nous-mêmes pour comprendre où l’on se situe par rapport à eux. Dans le football, tu as besoin de te confronter à tes adversaires pour te jauger.

Vous entraînez depuis plus de dix ans maintenant. Comment décririez-vous votre philosophie ?Je crois qu’un entraîneur doit avant tout s’adapter aux joueurs qu’il a sous ses ordres. Après avoir dit cela, j’aime que l’on se concentre sur nous, ce que nous produisons sur le terrain, avant de penser à l’adversaire. J’aime avoir une équipe organisée qui met en valeur ses meilleurs éléments. Prenons l’exemple de Younès Belhanda : cette saison, il est à un excellent niveau qui lui a d’ailleurs permis de retrouver l’équipe nationale. L’an dernier, il a eu quelques pépins physiques qui l’ont gêné et dont il s’est débarrassé cette année. Effectivement cette saison, on a pu le voir dans un rôle de faux neuf comme lors des deux derniers matchs. Mais c’est un joueur qui a toujours joué juste derrière l’attaquant, comme un vrai numéro 10, et c’est là qu’il s’exprime le mieux.

Aujourd’hui, les enfants ont beaucoup plus de distractions. À leur âge, on avait un ballon, le foot était notre jeu préféré, é basta. Sans forcément parler d’entraînement, je devais jouer en moyenne 5h par jour au foot. C’est devenu rare de voir cela aujourd’hui.

Il y a un dicton qui dit qu’on apprend tous de nos erreurs. Sur quoi estimez-vous avoir appris depuis que vous entraînez ici ?Je pense que je suis beaucoup moins drastique dans mes choix. Je fais beaucoup plus attention à comment tirer le meilleur de chaque joueur en fonction du caractère qu’il a, de sa situation, de beaucoup de paramètres. C’était l’un de mes défauts, un trait de caractère que j’avais déjà lorsque j’étais joueur. Mais oui, je crois avoir progressé là-dessus.

Vous avez joué en Serie A dans les années 2000, vous avez entraîné en Serie A dans les années 2010. Que pensez-vous de la Serie A en 2022 ?Il y a assurément moins de talents, que ce soit des Italiens ou des étrangers, par rapport au temps où j’y jouais. Il y a d’autres championnats plus compétitifs aussi, je pense notamment à l’Angleterre, que ce soit au niveau sportif ou économique. Le niveau a quelque peu baissé, mais je trouve que depuis deux ans, la tendance commence à s’inverser.

Pour la deuxième fois consécutive, l’Italie va regarder la Coupe du monde à la télévision. Qu’est-ce que cela veut dire de l’état du football italien ?Bon, je crois que la non-qualification au Mondial 2022 est avant tout une histoire de malchance. Ce sont quasiment les mêmes joueurs qui ont remporté l’Euro quelques mois plus tôt. Pour moi, ces deux échecs ne sont pas du tout de la même nature. Il y a eu du chemin qui a été parcouru depuis 2018, j’espère que l’équipe va continuer à grandir pour que cela ne se reproduise plus.

Votre génération, ainsi que les précédentes, a grandi avec le football des oratori, un football davantage « de rue » . Quelque chose que l’Italie n’a pas su remplacer.
C’est tout à fait vrai. Mais je crois que ce n’est pas propre à l’Italie, aujourd’hui dans le monde entier, les enfants ont beaucoup plus de distractions. À leur âge, nous n’avions pas tous ces loisirs. On avait un ballon, le foot était notre jeu préféré, é basta. Sans forcément parler d’entraînement, je devais jouer en moyenne 5h par jour au foot. C’est devenu rare de voir cela aujourd’hui.

Cela explique-t-il en partie la perte de « magie » , de créativité chez les joueurs actuels ?De tous temps, les grands joueurs sont ceux qui ont ce mix entre créativité et capacités physiques. Aujourd’hui, les enfants décortiquent les choses avant de les vivre. C’est une erreur selon moi, car si tu apprends par toi-même très jeune comment résoudre certains problèmes sur le terrain, dans des situations qui vont se répéter par la suite, tu seras plus facilement en mesure d’y parvenir. Aujourd’hui, il y a un encadrement et « une aide » plus importante qu’avant, notamment avec la mise en place des secteurs jeunes.

En France, le nom de Vincenzo Montella est inévitablement associé à la Roma des années 2000. Et notamment à ce quadruplé lors du derby face à la Lazio, en 2002 (5-1). Quel souvenir avez-vous gardé de ce match-là ?J’ai forcément un souvenir un peu moins nourri qu’il y a quelques années, quand je n’étais qu’un gamin qui vivait ça à fond. (Rires.) Mais c’est forcément beau quand, encore aujourd’hui à Rome, on me parle de ce quadruplé lorsque je viens rendre visite à mes enfants qui vivent là-bas. Ce qui est sûr, c’est que je ne l’oublierai jamais.


Ce Scudetto en 2001, c’est votre plus grand souvenir là-bas ?Forcément. Cela faisait vingt ans que la Roma n’avait pas remporté le Scudetto et aujourd’hui, cela en fait vingt qu’elle ne l’a pas gagné. Cela démontre que ce qu’on avait fait était grand. La fête était merveilleuse. Il devait y avoir près d’un million de personnes au Circo Massimo, un lieu chargé d’histoire qui plus est, pour faire la fête avec nous. C’était grandiose.

Que représente Rome aujourd’hui pour vous ?Dix ans de ma vie, soit plus de la moitié de ma carrière de joueur professionnel. Forcément, cela a une place importante dans mon cœur, cela fait partie de qui je suis. Si je pense y retourner pour entraîner un jour ? Je n’y pense pas, sincèrement. J’ai eu l’opportunité de le faire sur quelques matchs au début de ma carrière d’entraîneur, et je me raccroche à cela. Un entraîneur ne vit pas de rêves, mais du moment présent.

Je me souviens des cinq ou six heures qu’ils ont passé à me faire une fausse barbe, qui devait être à la base une barbe bien fournie. Lorsqu’ils ont terminé, le réalisateur m’a vu et m’a dit :  » Mais qui a fait ça ? On ne voit même pas que c’est toi ! » Finalement, ils m’ont enlevé la barbe.

En 2002 d’ailleurs, on vous a aperçu dans le film Volesse Il Cielo (Si le ciel le veut, en VF) en train de faire un foot avec Fabio Cannavaro et Ciro Ferrara. Tous les trois avec des cheveux longs. Comment vous êtes vous retrouvé là-dedans ?
C’était vraiment amusant à vrai dire. Le réalisateur Vincenzo Salemme est un ami, et un jour où l’on traînait ensemble, il m’a dit : « Tu voudrais faire une apparition dans mon prochain film ? » Cannavaro, Ferrara et moi étant tous les trois issus de la région napolitaine, on a accepté. Je me souviens des cinq ou six heures qu’ils ont passé à me faire une fausse barbe, qui devait être à la base une barbe bien fournie. Lorsqu’ils ont terminé, le réalisateur m’a vu et m’a dit : « Mais qui a fait ça ? On ne voit même pas que c’est toi ! » (Rires.) Finalement, ils m’ont enlevé la barbe.

Vidéo


Quel rapport avez-vous avec le cinéma ? On pourrait vous retrouver dans un prochain film turc ou italien ?Il ne faut jamais dire jamais, mais je ne crois pas ! J’aime beaucoup le cinéma, ma femme adore, c’est une grande passionnée. Après, je dois dire que je n’ai pas une grande mémoire pour les noms de films et les acteurs. Depuis un an, je regarde encore plus de films qu’avant, car lorsque je rentre à l’hôtel, la télé me tient compagnie.

Est-ce que l’on pourrait voir Vincenzo Montella faire « l’aeroplanino » (l’avion, son surnom d’où était tiré sa célébration à Rome) en tant qu’entraîneur d’Adana ?
Je me suis fait la promesse, que je tiens encore aujourd’hui, de laisser cette partie de moi appartenir au passé, à une autre histoire. Mais qui sait… Après, le problème dans l’immédiat, c’est que je ne sais pas si je suis encore capable de le faire. (Rires.)

Propos recueillis par Andrea Chazy, avec Diren Fesli

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