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Un homme, un stade : Ramón Sánchez-Pizjuán

Par Florian Lefèvre
Un homme, un stade : Ramón Sánchez-Pizjuán

Derrière le nom du célèbre stade andalou se cache celui d’un piètre footballeur. Mais aussi un avocat qui a œuvré toute sa vie pour son club de cœur : le Séville FC.

Les lecteurs de La Provincia se doutaient-ils qu’ils allaient être témoins de l’avènement du football espagnol ? Ce 28 février 1890, il faut ouvrir les pages du journal andalou et se pencher sur cette manchette à l’intention du Huelva Recreation Club. L’objet de la lettre ? Une invitation à disputer un match amical de football. « Si vous êtes disposés à venir le samedi 8 mars, cette date nous conviendrait. Nous proposerions que la rencontre débute aux alentours de 17h, pour profiter de la fraîcheur de la soirée, et il faudrait qu’ensuite, votre équipe passe la soirée avec nous. Dans l’attente de votre réponse… » Le texte, en anglais, est signé Isaías White Jr., secrétaire du Séville Football Club. Football et non Fútbol, car à l’instar de l’auteur, les jeunes Sévillans qui viennent de créer une société pour pratiquer le football sont tous fils d’immigrés britanniques ou irlandais. Invitation acceptée. Le 8 mars 1890, à l’hippodrome de Tableda, à exactement 16h45, le coup d’envoi de la toute première rencontre officielle du football espagnol est donné. Les Sévillans l’emportent 2-0.

D’abord gardien de but

Mais il faut attendre le 14 octobre 1905 pour voir la véritable création du Sevilla Fútbol Club, sous l’impulsion de José Luis Gallegos. Un club dans lequel pourront jouer tous les hommes, « sans distinction de statut social, d’idées religieuses ou politiques » , précise Gallegos, agent de douane dans le civil. Treize ans plus tard, un certain Ramón Sánchez-Pizjuán Muñoz prend sa licence au club. Assez trapu, le visage rond et le regard clair, le jeune homme de dix-huit ans prend part avec l’équipe à une tournée au Portugal. Ramón est gardien de but. Mais Ramón n’est pas très bon. Alors Ramón va laisser tomber les gants, pour s’installer dans les bureaux sevillistas. Quoi de mieux qu’un jeune avocat passionné par le Sevilla Fútbol Club, pour en devenir le secrétaire général ? Le président du club, Manuel Blasco Garzón, lui offre le poste, en 1923. Bientôt, le nouveau président, Juan Domínguez y Pérez de Vargas, le confirme dans son rôle.

Bien qu’enfilant les Coupes d’Andalousie comme des perles, le Sevilla Fútbol Club peine à s’affirmer sur la scène nationale. Faire de l’équipe des « Merengues » (pas encore Blanquirojos) un grand d’Espagne, c’est justement l’ambition de Ramón Sánchez-Pizjuán. En 1932, l’avocat est promu président du club. En avance sur son temps, l’homme fait par exemple préparer des fiches sur les meilleurs joueurs adverses de l’équipe sévillane. Trois ans après l’arrivée de Sánchez-Pizjuán à la tête du club, en 1935, le Sevilla Fútbol Club remporte sa première Copa del Rey, ou plutôt la Coupe du président de la République, en dominant en finale les Catalans du CE Sabadell (3-0). En 1936, la guerre civile paralyse le football espagnol, mais Sánchez-Pizjuán s’attache à préserver son équipe. Quand viennent la fin de la guerre et le début de la dictature de Franco, la génération dorée des « Stukas » – Cayuso, Torrontegui, Lopez, Campanal, Raimundo, Berrocal… – restés au Séville FC va écrire l’une des plus belles pages du club les années suivantes.

Vice-président de la fédé espagnole

S’il démissionne de son poste en 1941 pour poser ses valises à Madrid et occuper le poste de vice-président de la Fédération espagnole, Ramón Sánchez-Pizjuán revient à ses premières amours en 1948. Entre-temps, le club andalou a remporté un titre de champion d’Espagne (en 1946, le seul à ce jour). S’il milite au parti libéral, Sánchez-Pizjuán prend soin de ne pas immiscer ses idées politiques au sein du club. De l’avis général, c’est un grand président, droit et charismatique, qui a œuvré pour son club sur la durée (dix-sept ans de présidence, au total), comme nul autre de ses successeurs. En 1958, le projet de toute une vie, « son rêve » – dixit Ramón de Carranza Gómez Pablo, qui lui a succédé – est enfin sorti de terre ; le Sevilla Fútbol Club inaugure son grand stade. Mais Ramón Sánchez-Pizjuán ne verra jamais l’enceinte qui porte son nom : il est mort, subitement, deux ans plus tôt, à l’âge de cinquante-six ans (1900-1956). L’âme du gardien du temple demeure aujourd’hui dans le stade, à travers un buste érigé en son honneur.

Quel autre nom aurait pu avoir le stade Ramón Sánchez-Pizjuán ?

Le stade Isaías White Méndez, à l’origine de l’acte fondateur de 1890. Le stade José Luis Gallegos, premier président du club, qui l’a créé en 1905. Le stade des « Stukas » , un avion allemand utilisé lors de la guerre civile espagnole, qui a donné son nom à la génération dorée sévillane après la guerre civile espagnole. Le stade Antonio Puerta, le latéral gauche blanquirojo mort sur scène le 18 août 2007. Le stade de la Ligue Europa, parce que le trophée de la C3 a fini en Andalousie cinq fois en l’espace de dix ans. Le stade des trois dents, celles perdues par Patrick Battiston un soir d’été 82.

Par Florian Lefèvre

Sources : L'Œil du Tigre, France Inter // lapalanganamecanica // sevillanosilustres

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