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Tu sais que ton équipe va faire un hold-up quand…

Par Arnaud Clément
Tu sais que ton équipe va faire un hold-up quand…

Comme Newcastle face à Chelsea, il t'est déjà arrivé de résoudre une incroyable équation et de signer un résultat improbable face à plus fort que toi. Parce que le football, « ce domaine où se produit souvent ce qu'on n'attendait pas » comme le dit Bielsa, est aussi fait de buts du tibia à la 89e minute sur la seule offensive du match d'une équipe, tu sais qu'il va y avoir un vol en bonne et due forme quand...

… tu entends, au moment de découvrir la pelouse grasse et pourrie du leader invaincu, ton coach se fendre d’un petit : « C’est pas un terrain pour technicien, ça… Sortez les 18, le cercle des poètes pourrait bien disparaître, aujourd’hui. » Avec ce petit sourire en coin coquin…

… tu aperçois l’arbitre désigné au moment de rentrer aux vestiaires. Le vieux de la vieille et ses 300 matchs de district le reconnaît et balance : « Vous pouvez y aller, les gars. Un jour, j’ai plaqué un attaquant qui partait au but et allait trop vite pour moi. Il m’a seulement dit de ne plus le refaire. »

… ton entraîneur a fait parler ses classiques musicaux pour signer sa plus belle causerie : « Les gars, quand le temps tourne à l’orage, il faut savoir revenir à l’état sauvage pour forcer les portes et les barrages. Et je vous le dis, aujourd’hui, il suffira d’une étincelle, d’un rien, d’un geste… »

… en même temps, une telle prose venant d’un mec aux faux airs de Leonardo Jardim… Comme si Émile Louis chantait Les sucettes à l’anis.

… le message de départ est clair : « Les gars, je veux qu’on garde nos deux lignes bien en place, on m’a dit que ça allait vite en face. Et toi, Rachid, je sais que ça va être dur, mais tu vas jouer tous les coups à fond… » Rachid, c’est ton attaquant. Le plus rapide, bien entendu. Il faut bien détaler comme un lapin pour jouer la carotte.

… la superbe pin-up blonde du capitaine d’en face est le long de la main courante. Une raison suffisante pour donner envie au chien de talus de ta bande de se sublimer et de lui marcher dessus.

… tu gagnes le toss. Ça, c’est toujours bon pour la confiance.

… première incursion et premier face-à-face. La fusée du camp d’en face, au style impeccable et aux appuis redoutables, part seul au but et envoie un tir foiré sur orbite. Aujourd’hui, les vers de terre et les petits mottes qu’ils génèrent sont tes alliés.

… en se replaçant, tu l’entends marmonner « Terrain de merde… » Un soupir qui fait tilt chez toi : Georges Abitbol, l’homme le plus classe du monde, a mis pied à terre en s’exclamant « Monde de merde » ? La revanche des sans-dents est arrivée.

… même en infériorité numérique, l’équipe d’en face continue à multiplier les offensives. L’une d’elles se termine avec un double poteau miraculeux, façon Bastia ce week-end contre Saint-Étienne avec l’occasion de Boudebouz et Kamano (à 2’40)

… deuxième incursion : ça file sur un côté, l’incursion qui va bien dans la surface, le centre en retrait parfait au point de penalty, le but est grand ouvert pour le numéro 10 d’en face qui la met pourtant à côté. « J’ai oublié de mettre mes lentilles, putain !! » , se justifie-t-il auprès de ses coéquipiers. Toi, tu souries, forcément. Pendant qu’un spectateur gueule un « Atooooool, les opticiens ! »

… ton gardien de but est resté sur deux cagades lors du week-end précédent, mais sort aujourd’hui parade sur parade. Toi-même, tu sais qu’un David James dans un bon jour a toujours été meilleur qu’un Peter Schmeichel.

… tu te fais balader aux quatre coins du terrain pour le moment, mais ton entraîneur n’en démord pas et martèle : « Mais pressez-moi ce 4 et ce 5, ils ne font qu’arroser devant. » Une réflexion pas toujours vraie, mais que tu crois volontiers.

… à la mi-temps, tu reviens miraculeusement à 0-0, sans trop comprendre pourquoi. En face aussi, l’incrédulité gagne les rangs. Le seul à se marrer ? Ton vieux briscard, dont le numéro est déjà recouvert par la boue. Il a déjà compris en voyant tout le camp d’en face brailler sur le croqueur du jour.

… l’expérience a parlé et a dit vrai au sujet de cet arbitre au style anglo-saxon. Plus le match avance, plus les contacts se durcissent et plus les joueurs du camp ennemi se comportent tels des Michael Ballack avec M. Ovrebo.

… puis finalement, au troisième tacle consécutif litigieux dans la surface, un penalty finit fatalement par être sifflé contre ton équipe. Le tireur désigné s’avance et marque, contre-pied parfait. Sauf qu’il a saccadé sa course d’élan et que l’arbitre, soudain pointilleux, le donne à retirer.

… à son deuxième essai, le tireur tente une panenka que ton gardien, toujours à deux de tension, capte avec chance, en ayant oublié de plonger sur un côté.

… ce fait de jeu te redonne espoir, tu réussis enfin à aligner trois passes consécutives que la poignée de spectateurs derrière la main courante célèbrent de « olé ! » chambreurs.

… résultat, le plus sanguin des joueurs d’en face finit par s’énerver et prend deux jaunes en quelques minutes : un premier suit à un tacle appuyé, puis après avoir dégagé le ballon de rage dans les sapins derrière le but, après un coup de sifflet qui ne lui a pas plu. C’est ballot, l’entraîneur avait senti le coup venir et s’apprêtait à le remplacer…

… sur un énième tacle appuyé, le fauché se relève vers le faucheur et commence à lui promettre une fin de match violente. Mais la peur a changé de camp. Ton partenaire ne se démonte pas et lui sert du Depardieu dans le texte, qui a le mérite de le faire disparaître pour le reste du match :

… et voilà qu’une petite main dans la surface sur une frappe déviée vient mettre un peu plus de pagaille. Le sifflet est bien monté à la bouche, mais aucun bruit n’en est sorti. Et l’arbitre d’asséner au capitaine adverse : « Vous avez besoin de tous ces penalties pour marquer franchement ? »

… 89e minute de jeu et toujours 0-0. Un exploit qu’a déjà commencé à fêter ton président à la buvette en offrant sa tournée, tandis que d’inquiétantes veines apparaissent sur le front de ton entraîneur, qui n’en peut plus de s’agiter, regarder son chrono et donner des consignes qui ne servent plus à rien.

… temps additionnel : 2 minutes. Oui les six changements, oui le temps qui s’est écoulé au moment de l’expulsion du joueur adverse. Et alors ?

… dernier corner pour les visiteurs, tous les joueurs de champ sont dans la surface. Ton gardien manque sa sortie. Grosse confusion autour du ballon, un premier tir contré, un deuxième qui heurte la barre, un troisième empêché par un défenseur qui botte dans le camp d’en face…

… le dernier entrant, celui qui vient de remplacer Rachid pour gagner du temps, le seul pas cramé de l’équipe, le gamin de 17 ans aux chaussures fluo, a suivi et réussit à prendre de vitesse le gardien avancé. Il redresse sa course et marque dans le but vide, 1-0 !

… l’arbitre siffle la fin sur l’engagement qui suit. Oui, tu as raison de le crier aux oreilles de tes coéquipiers, ce match était vraiment un « putain de hold-up » .

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Par Arnaud Clément

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