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  • Ces buts qui ont marqué le football

Top 100 : Buts de légende (15 à 11)

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6 minutes
Top 100 : Buts de légende (15 à 11)

Ils sont beaux (souvent), moches (parfois), émouvants (toujours), importants (quand même), futiles (donc utiles), impossibles (et pourtant), voire contre leur camp (Escobar RIP), et vont se découvrir au fur et à mesure de ce dernier mois de l'année. Ou s'il ne devait rester que 100 buts, pour autant d'histoires qui racontent la même chose : le football.

15. Madjer : Porto – Bayern (Finale de Coupe d’Europe, 27 mai 87, 2-1)

« À la mi-temps, on perdait 1-0. On était presque en train de chialer. Moi, j’avais honte de regarder Artur Jorge dans les yeux. Puis il nous a parlé. Nous sommes sortis des vestiaires remontés et on a complètement dominé la deuxième mi-temps. » Paulo Futre a tout vu. Il était là, dans la surface, au moment où Juari, le Julian Ross de Porto, décale à l’arrache Rabah Madjer. « Je ne sais pas d’où ce geste est sorti. » Le geste en question est une talonnade, mais pas n’importe laquelle. Pas celle qu’un joueur est sûr de réussir. Au contraire. Plus que de la technique, c’est de l’instinct qu’il fallait pour laisser la balle passer derrière son pied gauche et la reprendre du talon au bon moment. Et s’il était plus un attaquant complet qu’un renard, Madjer l’avait, l’instinct. « Il était fou » , ajoute Futre. Aussi. Car Porto disputait sa deuxième finale européenne, sa première en C1. Face au Bayern en plus. C’était la 77e minute, et les hommes d’Artur Jorge étaient en train d’offrir à Pinto da Costa sa deuxième défaite en finale après l’échec de la Juve en Coupe des coupes trois ans plus tôt. Madjer, d’un geste divin, a libéré toute une ville. Après le deuxième but et le coup de sifflet final, Lisbonne n’était plus la seule ville à avoir gagné une Coupe d’Europe. Tout ça grâce à Madjer.

14. Carlos Alberto : Brésil – Italie (finale Coupe du monde 1970, 4-1)

Et quatre ans avant une vague venue des Pays-Bas, le Brésil inventa le football total. Un football où l’avant-centre pique un ballon en position d’arrière gauche (Tostão, le 9 altruiste), un football où le milieu défensif offre son solo entre quatre Italiens (Clodoaldo, le George Harisson de la bande), un football où Rivelino a vu sans même le regarder Jairzinho, un football où Pelé contrôle une fois, deux fois avant de suspendre le temps. A-t-il aperçu, senti ou alors Gerson l’a-t-il averti de l’arrivée dans trois, deux, une seconde de leur capitaine et arrière droit ? Personne n’a vraiment envie de savoir, personne ne sait vraiment dans le fond. Pelé se contente juste de jouer là où l’incite à le faire le sens du jeu, là où l’histoire le dicte. La frappe de Carlos Alberto n’est qu’une virgule dans ce qui ressemble furieusement à l’action parfaite. Quand il reçoit en 2006 le prix du plus beau but de l’histoire de la Coupe du monde, l’homme fusée de Mexico arrête sa course et lâche : « Même si le but n’est qu’un détail dans cette action, je suis quand même heureux de l’avoir marqué. » Pas la peine d’en rajouter.

13. Álvaro Recoba : Inter – Brescia (Serie A, 31 août 1997, 2-1)

Álvaro Recoba. Ce nom sent quand même pas mal la lose, le talent gâché et les regrets. El Chino est un symbole, celui de l’Inter-minable qui n’en finissait plus de perdre et de la déraison de Moratti, qui l’avait acheté une petite fortune. Mais aussi celui de l’Inter-galactique imprenable à PES (selon certaines rumeurs, le jeu aurait même été pipé à sa conception…) et donc toujours vainqueur dans un monde virtuel, ludique et peut-être bien meilleur. Álvaro Recoba, c’est une certaine idée de la vie, donc du football. Pour beaucoup, sa carrière est un échec ; pour d’autres, plus rares, elle est magnifique. L’Uruguayen lui-même n’en sait rien. « La réponse, je l’aurai quand j’arrêterai de jouer. Maintenant, je prends ça comme si ce n’était pas vraiment important. Je suis très tranquille, je ne regrette rien. Mais plus tard, sûrement, quand je ne serai plus footballeur, je me dirai :« Mais quel con j’étais ! » » Et tout ça le fera bien marrer. Tout particulièrement la vidéo de ses débuts sous les couleurs de l’Inter le même jour que Ronaldo, la megastar tant attendue. Álvaro, lui, commence sur le banc, tranquille, comme toujours. Et comme toujours, rien ne se passe comme prévu pour l’Inter. Ronaldo marque un but refusé pour hors-jeu, Brescia mène 1-0. Entre alors Recoba, et la suite dans la légende. Merci. Car il y a encore mieux que réussir sa vie, et encore plus beau que de la rater de peu. Quel plus grand plaisir, en effet, que de mener une vie différente de celle prévue par les plus hautes divinités ?

Vidéo

12. Ferenc Puskás : Angleterre – Hongrie (match amical, 25 novembre 1953, 3-6)

Sous prétexte d’avoir inventé ce sport, les Anglais ont longtemps considéré qu’ils n’avaient même pas besoin de se mêler aux autres pour se décréter comme la meilleure équipe. Même le fiasco de 1950 pour leur première Coupe du monde ne suffit pas à leur faire ravaler leurs certitudes. Un homme va s’en charger. Il est petit, déjà un peu gros et fâché avec son pied droit. Ferenc Puskás trône déjà sur le foot, mais l’Angleterre ne voit en lui qu’un petit bidon posé sur des jambes trop courtes. À Wembley (où aucune équipe continentale ne s’est jamais imposée), la Hongrie a décidé de faire comprendre aux locaux que le football n’était plus leur chose. À 2-0, le père est déjà mal en point, mais c’est le Major Puskás qui se charge de le tuer. Son arme : un râteau. Un râteau qui claque à la gueule des maîtres présumés du football, un râteau qui envoie Billy Wright taclé dans le vide ( « comme un pompier qui intervient sur le mauvais feu » , écrira l’envoyé spécial du Times), un râteau qui plus d’un demi-siècle plus tard est devenu Puskás Awards et désigne le plus beau but de l’année selon la FIFA. L’Angleterre a peut-être inventé le football, mais Ferenc Puskás l’a sublimé. C’était le 25 novembre 1953.

11. Marco van Basten : Pays-Bas – URSS (Euro, 25 juin 1988, 2-0)

Van Tiggelen, habituellement défenseur gauche, surgit plein axe pour intercepter une passe de Belanov, puis se rue à l’attaque. Alors se présentent à lui trois solutions : l’appel de Mühren à sa gauche, Gullit qui, après avoir permuté avec son avant-centre, a pris l’axe et donc, à droite, Marco van Basten. Écartelée, la défense russe est à la rue ; Van Tiggelen a choisi Mühren, qui choisit lui de centrer pour Marco, excentré au coin des six mètres. Et si les grands maîtres signent leur toile dans le coin en bas à droite, Marco, lui, signe Van Basten dans le coin en haut à gauche. Le pire, c’est que l’artiste se la joue modeste : « Je l’ai vu et revu, ce but. Un but important, beau aussi, mais peut-être pas mon plus beau. Là, c’est la qualité technique du geste qui primait. » Il faut dire aussi que Marco n’était même pas titulaire au début du tournoi. Mais suite au premier match de poule, et à cette défaite 1-0 (contre cette même URSS…), Rinus Michels titularisera ensuite le « cygne d’Utrecht » . Et comme l’explique Gullit himself : « Nous ne savions pas vraiment où nous en étions avant l’Euro. On avait perdu notre premier match 1-0 contre l’URSS, il pleuvait, on n’était pas au mieux. Et puis Rinus Michels a fait entrer Van Basten : ça n’a pas changé le résultat, mais notre manière de jouer, et ce pour la suite du tournoi aussi. Je devais lui faire donner le plus de ballons possible et, avec son touché magique, il créait du jeu, tout simplement. » Tout simplement, soit la marque des génies.

Retrouvez le top 100 des buts de légende

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