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Top 10 : Foot & Black Music

Par Nicolas Kssis Martov
Top 10 : Foot & Black Music

La Cité de la Musique accueille en ce moment la très belle exposition consacrée à la Great Black Music. Ce titre un peu ronflant, et vaguement fourre-tout, sert en l'occurrence à définir, un peu artificiellement, un immense ensemble de styles qui circulent entre l'Afrique et les Amériques, du ska jamaïcain à l'afro-beat nigérian, de la samba brésilienne à la rumba congolaise, avec le hip-hop en fils rebelle. Et, forcément, dès qu'on essaie de dégoter ou de traquer les rapports avec le football, dans un champ culturel où les USA dominent largement, c'est plutôt du côté du São Paulo ou de Kingston, voire d'Abidjan qu'il faut se tourner. Mais bon, tant que ça permet d'oublier cet hymne officiel horrible du Mondial 2014...

Bob Marley – TottenhamEn 1978, l’attaché de presse d’Island offrit à Bob Marley un maillot des Spurs. Mais ce choix résultait moins de l’exil londonien du chanteur en 1977-78, après un attentat, que de son penchant pour Oswaldo Ardilès, le milieu argentin alors fraîchement débarqué à White Hart Lane (il jouera temporairement au PSG durant la guerre des Malouines). Sinon, il ne jurait que par la Seleção et son pote Alan Skill Cole, le seul Jamaïcain à avoir évolué – un temps court – au Brésil. Cela dit, regrettons que Tottenham n’ait pas sauté sur l’occasion pour puiser un hymne à la hauteur du Liquidator de Chelsea dans le répertoire de BMW. Et d’ailleurs, par exemple, Hooligan aurait fourni, en y réfléchissant un peu, un très bon riddim pour la « Yid army » .

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Jorge Ben – FlamengoL’artiste brésilien a intégré dans sa jeunesse l’équipe junior de Flamengo. C’est peu dire dès lors que son penchant pour le club ne cessera jamais de l’accompagner (le maillot ornera même les pochettes de ses albums). Jusqu’à cette fameuse chanson consacrée à Fio Maravilha, composée en 1972, après qu’il eut assisté à un match entre Flamengo et Benfica ou le joueur en question fit une entrée salvatrice à la demande du peuple des tribunes.

Elza Soares – Botafogo/CorinthiansCette Eartha Kitt de la samba provoqua un drame national en extirpant La joie du peuple des bras de son amour d’enfance et certains l’accusèrent ensuite d’avoir provoqué sa chute. Elle fut pourtant une fidèle parmi les fidèles de Garrincha, quel que soit son maillot, et comme toujours, c’est la fille qui reçut le mauvais rôle. Elle fut aussi la première à donner un sens quelque peu glamour et classe au concept de « femme de footballeur » .

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IAM – OMCertes, on peut avoir des doutes sur le besoin de les placer en si bonne compagnie, mais comme l’expo qui nous inspire cette petite séquence les a intégrés, il faut reconnaître que le groupe incontournable du rap phocéen a sans conteste tressé les liens les plus intimes et évidents en France entre le hip-hop et un club de foot. Le feu, au refrain emprunté aux tribunes du Vélodrome, restera dans les annales de ce point de vue, à défaut du reste…

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Gilberto Gil – Botafogo/Afonsinho Avec un quasi homonyme chez les Corinthians (et il chanta le club), l’ancien ministre de la Culture ne pouvait que difficilement ignorer le ballon rond. Toujours évidemment avec une petite touche politique. Et son morceau Mei de campo rendra un juste hommage au joueur de Botafogo Afonsinho qui sera une sorte de précurseur de Sócrates, s’opposant en pleine dictature militaire au régime astreignant imposé par les clubs aux joueurs.

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The Specials – Conventry FCJe vous vois arriver, les pinailleurs. Toutefois, parmi les groupes qui surent le mieux rendre hommage à la « Great Black Music » , version soul & ska, la transcender et l’actualiser, les Specials peuvent largement prétendre à leur place dans ce top. Et comme racontait leur guitariste Lynval Golding : « Terry et moi étions des supporters, et nous étions imprégnés des chants du stade. Si tu écoutes attentivement Concrete Jungle, tu te rends compte que la rythmique est piquée aux ambiances des gradins de l’époque, des choses qu’on avait entendues à Highfield Road (nom de l’ancien stade du FC Coventry), du style « You gonna get a fuckin’ ambulance ! » Elvis Costello, notre producteur sur le premier album, a très bien capté le truc. Il a capturé cette pulsation qui venait des tribunes sur le morceau. Après, je suis d’accord, c’est le seul titre où tu peux ressentir cette référence un peu explicitement. »

Jay Z – ArsenalPour le coup, le plus grand rappeur (pour son œuvre et son talent capitaliste) en ce monde a choisi sûrement le club avec le nom le plus accrocheur (ignorant sûrement l’existence du petit label de rap français). Grâce à Thierry Henry, il a décidé que niveau « soccer » , son truc, ce serait Arsenal, au point de prétendre vouloir y investir… Seul petit problème, l’homme aime les trophées….

Lord Kitchener – ManceshesterLa calypso, musique de Trinidad où le cricket est n°1 (avec son héros national : Brian Lara, aujourd’hui gratifié de ses propres jeux vidéos), n’avait pas vraiment de raison de croiser le ballon rond. Cependant, les expatriés en Angleterre y découvrirent que leur sport y restait l’apanage de l’aristocratie et que le peuple ne jurait que par le foot et ses clubs. Lord Kitchener séjourna pas moins de 15 ans en perfide Albion. Il y grava en 1956 cette aimable chanson à la gloire des deux équipes phares de Manchester, histoire de ne fâcher personne. City n’était déjà pourtant plus que l’ombre d’elle-même (le dernier titre des Blues remontait alors à 1937, en attendant le réveil de 1968), et United représentait alors le club dominant, en remportant le quatrième succès d’une longue série.

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Gadji Celi – Stella Club d’Adjamé Gadji Celi, footballeur international ivoirien au début des années 90 (le public du FC Séte put le voir évoluer en D2), trouva un second souffle et une bien meilleure carrière dans la chanson populaire. Surtout, ce grand supporter du Stella Club d’Adjamé à Abidjan (né au passage d’une fusion avec notamment un Red Star local), en chanta la gloire dans un titre modestement appelé Et dieu créa l’ASEC. Après, je vous fais cadeau du « Great » si vous voulez discuter artistique…

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Gil Scott-Heron – Celtic Glasgow Gil Scott-Heron est né à Chicago et s’affirma comme l’archétype du poète soul. Mais son père fut un footballeur jamaïcain, Gil Heron, surnommé Black Arrow, premier noir à endosser les couleurs du Celtic FC avant d’essayer de venir construire le « soccer » aux USA. Son fils se contenta d’être un des plus grands génies de la musique engagée.

Chico Buarque – Flumisense/PolytheamaLe plus rassembleur des artistes brésiliens avait chanté le football et les grands footballeurs confondus sans s’embarrasser de trop choisir son camp (bien qu’il fut de notoriété publique qu’il penchait vers Fluminense). Pour finalement construire son propre stade en banlieue de Rio et y baser son équipe, Politheama. En 1980, Bob Marley se rend au Brésil. Il joue alors un match contre une sélection emmenée par l’auteur de O que sera dans le stade de la star locale. La boucle est bouclée.

Exposition : Great Black Music, à la Cité de la Musique (Paris 19e) jusqu’au 24 août 2014.Coffret CD Great Black Music (1927-1962) (Frémeaux & associés) À lire : Pierre-Étienne Minonzio – Petit Manuel musical du football (Le mot et le reste)

Par Nicolas Kssis Martov

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