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Top 10 : Films à voir ou à revoir pendant le confinement

Par Valentin Lutz
8 minutes
Top 10 : Films à voir ou à revoir pendant le confinement

En pleine période de confinement, à une époque où les matchs fuient cruellement les postes, il reste possible de voir du football à la télé. Depuis longtemps, des cinéastes du monde entier ont en effet tenté de faire passer le ballon rond du petit au grand écran. Avec des résultats parfois cultes, parfois brillants et parfois beaux.

Onze footballeurs en or, Jean-Christophe Rosé

1996

Si un jour, quelqu’un se mettait en tête l’idée saugrenue de dresser une liste des meilleurs documentaristes sportifs, il aurait probablement du mal à y faire figurer plus d’une vingtaine de titres. Ceci étant, celui de Jean-Christophe Rosé y trônerait très certainement inscrit en lettres d’or. Parmi la dizaine de films que le réalisateur français a consacrés au monde du sport, deux références attachées au football ressortent particulièrement : Pelé-Garrincha, Dieux du Brésil, portrait croisé qui a la touchante idée de s’intéresser, plutôt qu’au Roi, à l’ange aux jambes courbées, mais surtout Onze footballeurs en or, récit de la trajectoire brisée de la grande équipe de Hongrie des années 1950. Dans les deux cas, on retrouve la même attention au détail, aux figures oubliées, à la face cachée, la même rigueur et précision historique. Et aussi, bien sûr, l’impression que Rosé, bien que parfois grandiloquent, est à la fois sensible à la beauté et touché par la grâce.


Looking for Eric, Ken Loach

2009

À chaque film de Ken Loach, c’est la même histoire : on attend toujours, en plein cœur du drame social, la traditionnelle anecdote croustillante sur le ballon rond. C’est que le cinéaste connaît le poids du football dans la culture anglaise : pour compléter son portrait filé des classes populaires de Sa Majesté, il lui fallait donc un film entier sur la question. Il s’agit de Looking for Eric, portrait d’Eric Bishop, fan absolu de Manchester United et postier à ses heures perdues : au moment où il touche le fond, il se met à voir apparaître un autre Éric, le King. Tout y est savoureux, du fait que personne ne parle l’anglais convenablement (mais lequel des accents marseillais ou mancunien est le plus incompréhensible ?) au fanatisme maladif de Bishop, qui peut se rappeler sans mal toutes les réalisations de Canto. On confine même au jouissif, lors de la scène finale de la vengeance en masques. « I’m not a man, I’m Cantona » .


Shaolin Soccer, Stephen Chow

2002

Lorsqu’on aborde la question des films sur le foot, il est difficile de ne pas songer au cocktail déjanté et cultissime qu’est Shaolin Soccer. À mi-chemin entre Inazuma Eleven, Matrix et Bruce Lee, le film culte de Stephen Chow est aussi un exemple parfait de la comédie hongkongaise qui n’est pas surnommée « mo lei tau » ( « ça n’a aucun sens » ) par hasard. De fait, les frasques insensées de Sing « Jambes d’Acier » , qui feraient pâlir d’envie celles de Captain Tsubasa, ne veulent pas dire grand-chose. À dire vrai, tout semble raté : les effets spéciaux, le jeu d’acteur, les tenues et les décors. Et pourtant, à la fin, par on ne sait quel miracle, on s’aperçoit que Shaolin Soccer est un film sympathique, peut-être le meilleur des nanars. Un peu comme si Ed Wood avait posé ses mains cabossées sur le football.


Zidane : un portrait du XXIe siècle, Douglas Gordon et Philippe Parreno

2006

Sur la forme comme sur le fond, Zidane : un portrait du XXIe siècle est peut-être l’anti-Shaolin Soccer, tant il ne s’encombre ni d’arabesques martiales ni d’effets spéciaux ratés. Le résumé des 90 minutes du film tient en quelques mots : Zidane, uniquement Zidane, pendant toute la durée d’un match de 2005, Real-Villarreal, à raison d’une vingtaine de caméras braquées sur la silhouette du numéro 5. Le résultat peut décourager les adeptes de Gegenpressing, de football total et de rythmes effrénés, mais les esthètes y trouveront leur compte. Car si le film vise l’épure, il atteint parfois la magie. Au cours de longues séquences, sublimées par la musique du groupe Mogwai, Zidane ne fait que marcher, lentement : mais c’est là qu’on prend conscience de sa beauté racée, celle d’un pur-sang qu’on aurait laissé galoper sur un terrain de football plutôt que sur les pistes de Longchamp.


Coup de tête, Jean-Jacques Annaud

1979

Qui a dit que le cinéma français ne comprenait rien au football ? Jean-Jacques Annaud, lui, a en tout cas cerné quelques trucs du ballon rond. Car si Coup de tête est bourré de défauts, il touche du doigt la vérité du football franchouillard. Dans ses coulisses d’abord, à travers la scène inoubliable du vestiaire ( « Je veux que vous me les dé-fon-ciez » ). Mais aussi directement sur le terrain, puisque sans avoir l’air d’y toucher, les scènes sportives de Coup de tête sont plutôt réussies. Et au détour d’une phrase, lorsqu’il fait dire au patron du club « J’entretiens onze imbéciles pour en calmer 800 » , on en vient même à se demander si le film ne fait pas de la politique. Comme quoi, le cinéma d’antan, celui de Patrick Dewaere et de Francis Veber, avait quand même quelque chose. « Trincamp, Trincamp, Trincamp ! But, but, but ! »


The Damned United, Tom Hooper

2009

Un an avant de réaliser une razzia aux Oscars pour Le Discours d’un roi, Tom Hooper avait réalisé un film passé bien plus inaperçu et qui valait pourtant le détour. Adapté de l’excellent livre éponyme de David Peace, The Damned United raconte les 44 jours de Brian Clough à la tête de Leeds United à une époque où le football – auparavant discipline de passionnés fanatiques et de savants fous flamboyants – devient aussi une industrie professionnelle et destinée à produire des rendements. Au sein de ce climat changeant, Brian Clough, pourtant auréolé d’une épopée fantastique avec Derby l’année précédente, est aux abois, dépassé par des joueurs bien volontiers violents, détesté par à peu près tout le monde à Leeds et à la tête d’une équipe en perdition. Un portrait formidable de cette figure légendaire, à la fois gourou intransigeant et rockstar autodestructrice.


Football infini, Corneliu Porumboiu

2018

Football infini est probablement l’un des films sur le football les plus arides qui soient. Mais l’austérité dépassée, la réalisation de Porumboiu se révèle touchante, si ce n’est comique. Football infini raconte la vie de Laurentiu Ginghina, bureaucrate de préfecture ennuyé, qui tente à ses heures perdues de modifier les règles du football afin de le rendre plus rapide et d’en supprimer les contacts inutiles. Le résultat ? Des séquences surréalistes dans lesquelles le personnage (touchant car sincère) ébauche des règles incompréhensibles, dessine de nouvelles délimitations et se perd en conjectures. Le tout devant la perplexité contenue de ses interlocuteurs, encore plus déboussolés face à la simulation finale absolument lunaire. Si vous n’êtes pas convaincus, dites-vous que Porumbuiu a fait pire avec Match retour dans lequel le cinéaste roumain et son père ne font, pendant 97 minutes, que commenter le derby 1988 entre les deux clubs de Bucarest. Bon courage.


Maradona, Asif Kapadia

2019

À choisir entre les nombreux films réalisés sur la figure mythique de Diego Maradona, on sélectionnera le plus récent : celui d’Asif Kapadia, présenté en 2019 au Festival de Cannes. Maradona s’intéresse plus particulièrement à la période napolitaine du Pibe, de sa folle adoration jusqu’à sa chute lors de la demi-finale de la Coupe du monde 1990 durant laquelle le public napolitain ira même jusqu’à s’interroger sur l’équipe à supporter. Ne négligeant ni les images d’archives, souvent complètement inédites, ni les témoignages de proches, Asif Kapadia s’offre même le luxe d’une voix-off réalisée par Diego lui-même. Bref, une belle plongée dans le monde à part du plus grand taré de l’histoire du football.


Hooligans, Lexi Alexander

2006

Dans la longue tradition des films sur les supporters et plus précisément sur les mouvements hooligans, débutée dès 1993 avec le film américain The Firm jusqu’à son remake par Nick Love en 2009 en passant par Awaydays, les résultats sont souvent inégaux. Et s’il n’est peut-être pas le meilleur, Hooligans, notamment par son casting plus attirant (Elijah Wood, Charlie Hunnam), fait office de référence. Cette plongée dans les méandres d’une firm affiliée à West Ham offre tout ce qu’il faut si l’on aime l’ivresse de la bière, le dandysme à base de veste Stone Island et de trainers Adidas et, bien sûr, la bagarre. La dernière scène capture une petite, mais précieuse part de cette culture si anglaise : malgré la tristesse reste le football. « I’m forever blowing bubbles. »


Les Collègues, Philippe Dajoux

2006

Parmi les enfants de la victoire du Mondial 1998 figure un film. Quelques mois en effet après le succès de Footix, Zidane et consorts, le futur réalisateur de Plus belle la vie Philippe Dajoux se sent pousser des ailes et réalise Les Collègues, comédie légère et inondée de soleil. Bien avant Bienvenue chez les Ch’tis, ce Bienvenue chez les fadas à la sauce foot reprend le concept de la Coupe du monde… chez les amateurs : pour assurer sa survie financière, l’Espoir Club Boretti se doit de remporter la « Mondialette » . Problème : seuls des bras cassés ultra stéréotypés daignent rejoindre les rangs de l’équipe de Joël Cantona et José Bosso. De quoi construire un parcours burlesque, plein d’accent du Sud et de blagues provençales, et devenir culte pour tous ceux qui connaissent le chant des cigales, les allées de la Canebière ou les bassins du Vieux-Port.


Bonus : Les Yeux dans les Bleus, Stéphane Meunier

1998

D’accord, il ne s’agit pas vraiment d’un film puisque le documentaire de Stéphane Meunier était destiné à la télévision. Mais il est sans doute impossible de parler de films sur le football sans mentionner Les Yeux dans les Bleus, mythique au possible. Tout y est : les coulisses, les punchlines, les anecdotes, les archives… Et puis, forcément, ce parfum savoureux de la victoire ultime qui enrobe les images et fait renaître à chaque visionnage des sentiments figés par le temps. Après tout, les consignes d’Aimé Jacquet ne sont peut-être pas si stupides à une époque où chacun doit, au possible, muscler au maximum son jeu. La victoire est au bout.

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