This is Henk Ten Cate !!!
C'est donc bien Henk Ten Cate qui viendra épauler Avram Grant à Chelsea, où l'inverse. Bref. Mais que sait-on vraiment de celui que l'on surnomme, tel un redoutable catcheur en slip, « The Volcano » ? Le Hollandais traîne une réputation pour le moins bouillante, qui pourrait rapidement faire des étincelles à Stamford Bridge...
Roman Abramovitch pensait certainement en avoir fini avec les caractères bien trempés façon Mourinho. Toutefois, en enrôlant le truculent Henk Ten Cate dans son escouade, il n’a peut-être pas trouvé moins égocentrique que le Portugais. Ceux qui l’ont connu s’allongent sur le divan et racontent.
La carrière de HTC est effectivement marquée de régulières controverses, dans les vestiaires des huit clubs européens qu’il a fréquentés. Charles Aalbers, le président du Vitesse Arnheim, se souvient qu’il avait dû se séparer de lui pour cause de « très mauvaises relations » avec ses joueurs. « Chaque jour, il avait une dispute intense avec quelqu’un. Avec lui, vous avez certes un bon coach au club, mais aussi un volcan » prévient-il. Le problème avec les volcans, c’est qu’on ne sait jamais trop quand ça va péter. N’est pas Haroun Tazieff qui veut.
Au NAC Breda, on se jette encore sous les tables, méthode japonaise, à la simple évocation de son nom. « C’était une saison tragique avec Ten Cate. Il avait des problèmes persos avec notre manager, Cor Blocks, et notre psychothérapeute, Jan Lukx. Les choses allaient si mal qu’un jour, il y a eu une bagarre entre Cate et Blocks sur le parking du club. Lukx était tellement affecté par les conflits incessants et les agressions constantes qu’il a dû recevoir une aide psychiatrique. Il suivait toujours ce traitement deux ans après le départ de Ten Cate » se rappelle douloureusement le directeur technique, Jan Rad. Ça a l’air drôlement sérieux.
Dans les rangs de Breda, on ne dément pas. Le milieu Jeffrey Van As se souvient que « sur le terrain il n’y avait pas meilleur entraîneur, mais socialement il se battait sur tous les fronts » . Et quand le joueur a le malheur de revenir sur les troubles de Jan Lukx, dont il a eu vent par les journaux, Ten Cate arrive furax le lendemain, lui balance le quotidien en pleine poire et agrémente ce doux moment d’un délicat : « Va te faire enculer et rejoins ton pote » . Classe.
HTC débute sa carrière aux Go Ahead Eagles où il gagne le championnat dès sa première saison. Mais Fritz Korbach, le coach qui lui laissa son banc pendant la saison en février 90, est amer. « Il a reçu toute la gloire alors que j’avais travaillé très dur là-bas pendant trois ans. C’est toujours la même chose avec lui. Quand nous faisions bien, c’était lui, quand nous perdions, c’était notre échec et il se cachait dans les fourrés » peste-t-il encore.
Ensuite, à Heracles, son capitaine de l’époque, Hans Voskamp, tient le même discours : « Comme coach, il n’y a rien à dire sur ses capacités, mais comme être humain, il était terrible. C’était toujours la même histoire. Des choses étranges arrivaient et il avait des embrouilles avec tout le monde » .
Au Sparta Rotterdam, le buteur star de l’équipe, Dennis de Nooaer, s’est fait une analyse du personnage. « Dans chaque club, vous voyez la même chose avec lui. La première saison, tout va bien. Le seconde saison, il a des emmerdes avec chacun. Il a fait ça dans chaque club pour lequel il a travaillé » livre-t-il.
Pourtant, Ten Cate, aussi explosif soit-il, a connu des blessures. Deux saisons dévastatrices moralement au MTK Budapest. En Hongrie, les joueurs et les fans se sont ainsi montrés particulièrement violents à son encontre. « Le problème, c’était qu’ils étaient racistes. Ils n’aimaient pas les Noirs et ils lui ont gâché deux ans de sa vie » raconte Bob Maskaant, son agent.
C’est à ce moment-là que le NAC Breda vient à sa rescousse. En guise de remerciements, il y ouvrira donc son Fight Club sur le parking.
Une initiative qui plût à Frank Rijkaard, qui l’embaucha comme bras droit. Et c’est à Barcelone qu’Abramovitch tombera sous le charme du roc de lave, lors de la fameuse polémique en Ligue des Champions, édition 2005.
À la mi-temps, Mourinho crie au scandale après avoir aperçu Rijkaard et l’arbitre Anders Frisk discuter le bout de gras. Le natif d’Amsterdam prend les choses en main, se fritte avec tout le staff londonien. La rumeur veut qu’il ait même flanqué un coup de latte à Mourinho. « Leur réaction est pathétique » lâche HTC.
Des temps révolus, espère-t-on à Stamford Bridge. « C’est une opportunité qu’on a qu’une seule fois dans sa vie. Je ne pouvais pas refuser de travailler avec le meilleur groupe de joueurs du monde » flatte-t-il aujourd’hui.
Sur son passé chaotique, il a sa répartie : « Les présidents ne m’ont jamais pris pour faire copain-copain, mais pour gagner des matchs. Donc, quand je suis le coach, je pose mes limites. Soyez sûrs que je serai le boss » .
Reprendre le flambeau sur les braises de l’ère Mourinho. C’est tout ce qu’attend Abramovicth de son duo avec Avram Grant, au moins en Premier League. Pour remarcher vers les sommets. En faisant gaffe au cratère.
Hennie Van Chouchouveren
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