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Teófilo Chantre : « Gagner un match serait déjà une grande victoire ! »

Propos recueillis par Maxime Delcourt
Teófilo Chantre : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Gagner un match serait déjà une grande victoire !<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Avec la sortie en 2011 de Mestissage, son septième album, le discret mais talentueux chanteur capverdien Teófilo Chantre réinventait le métissage sonore. Aujourd'hui, à l'aube de la première participation de son pays à une phase finale de Coupe d'Afrique des nations, il nous parle de sa passion pour le foot, des chances de son pays et de l'effervescence que cela engendre.

Tout d’abord, le football joue-t-il un rôle très important au Cap-Vert ?Oui, énormément. Beaucoup de gens là-bas ne vivent que pour le football. J’ai déjà pu assister à quelques matchs et je dois dire que l’on ressent une grande passion de la part des supporters. C’est beau à voir.

D’un point de vue footballistique, comment percevez-vous l’évolution du Cap-Vert ? Depuis plus de vingt ans maintenant, le Cap-Vert a trouvé une stabilité économique. Et c’est certainement cette stabilité qui a permis de développer de nombreux secteurs, dont le football. Ce sport est d’ailleurs une tradition très ancienne au Cap-Vert puisque les premiers clubs datent du début du XXe siècle.

C’est la première fois que le Cap-Vert se qualifie pour la CAN. Comment est-ce vécu par les habitants ?C’est à la fois un rêve qui se réalise et une immense fierté. D’ailleurs, depuis que l’équipe nationale s’est officiellement qualifiée, on ressent une ferveur grandissante. Beaucoup de gens à présent se baladent avec le maillot de l’équipe nationale sur les épaules. Des campagnes ont été organisées pour aider financièrement l’équipe et un cortège a été mis en place en son honneur pour accompagner les joueurs jusqu’à leur hôtel.

Pourquoi les surnomme-t-on « les requins » ?Je ne sais pas trop, mais si je devais trouver une explication, je dirais que c’est par rapport à l’île, à la mer. Il y a beaucoup de requins dans cette zone, des requins féroces. Et comme l’équipe nationale porte un maillot bleu, une couleur que l’on assimile facilement aux requins, je pense que ce surnom est venu tout naturellement.

De nombreux spécialistes pensent que le football africain est en constants progrès, notamment grâce à l’essor de « petites nations » comme le Cap-Vert. Pensez-vous que ce soit réellement le cas ?Oui et depuis déjà pas mal d’années. Je me souviens encore de la Coupe du monde 1982 lorsque le Cameroun avait fait 0 à 0 contre la Pologne. C’était magique. Depuis, plusieurs autres équipes se sont illustrées et de nombreux joueurs africains sont aujourd’hui reconnus à l’échelle internationale. C’est plutôt encourageant. Après, il reste pas mal de choses à faire dans les championnats nationaux qui ne pèsent pas bien lourd face aux cadors européens.

Est-ce que, comme la musique, le football peut constituer une stratégie de lutte ?Dans un sens, oui ! Le football est tout de même un sacré coup de projecteur sur le pays. En plus, le Cap-Vert a la chance d’entamer la compétition face au pays hôte, l’Afrique du Sud. Le monde entier va donc nous regarder. Je pense ainsi que beaucoup vont découvrir le Cap-Vert à ce moment-là et comprendre enfin que cette île ne se trouve pas en Afrique du Sud (rires). C’est la magie du football, c’est une vitrine à l’international.

Ancienne colonie portugaise depuis 1975, on retrouve encore beaucoup de joueurs de la sélection capverdienne évoluant en Superliga portugaise. Comme expliquer ce phénomène ?Il y a toujours eu pas mal d’échanges entre les deux pays. Beaucoup de gens du Cap-Vert suivent d’ailleurs régulièrement le championnat portugais. Ensuite, il faut dire que la sélection capverdienne contient beaucoup de jeunes issus de l’immigration et naturalisés par la suite.

Dans votre musique, on ressent beaucoup d’influences, de la bossa-nova au jazz. C’est important pour vous tout ce mélange ?Bien sûr ! Toutes ces choses m’ont formé étant jeune. Elles m’ont aidé à réinterpréter ma culture d’origine. Depuis, j’ai toujours cherché à développer quelque chose d’original tout en cherchant à garder cette touche capverdienne. À l’heure actuelle, je continue d’ailleurs à écouter beaucoup de ces musiques.

On dit régulièrement que le Cap-Vert est la capitale des musiques africaines, pourquoi ?Je ne pense pas qu’elle soit la capitale. Certes, la musique est très importante au Cap-Vert, on y trouve beaucoup de mélanges, de métissages à la fois ethniques et culturels. Mais je ne pense pas que « capitale » soit le bon terme. Disons qu’on participe un peu à cette effervescence africaine (rires).

Comment expliquez-vous le peu d’attention porté aux musiques capverdiennes en Europe ?Beaucoup de choses ont changé ces derniers mois. Je pense que beaucoup de touristes se rendent au Cap-Vert grâce à sa culture musicale. Le football commence également à jouer son rôle. Et les performances de l’équipe nationale durant la Coupe d’Afrique permettront peut-être de nourrir cet engouement. On espère tous que les joueurs feront bonne figure.
Parlez-nous un peu de Cesaria Evora, autre grande figure du Cap-Vert ? Qu’est-ce qui vous intéressait dans le fait de travailler avec elle ?Cesaria Evora est vraiment une personne très importante d’un point de vue international. J’ai eu la chance de faire partie de ses proches et de pouvoir écrire quelques chansons pour elle. Cela m’a beaucoup aidé pour la suite de ma carrière. Mais je ne suis pas le seul à le dire. Aujourd’hui, le pays entier semble la remercier. Il faut dire qu’elle a joué un rôle très important pour le Cap-Vert et je trouve ça normal de lui rendre hommage à présent, que ce soit à travers des concerts ou un aéroport portant son nom.

Que cherchiez-vous en vous installant à Paris ?En fait, j’y vis depuis l’âge de 14 ans. C’est ma mère qui m’a fait venir pour être auprès d’elle. Comme deux-tiers des Capverdiens, je vis donc à l’étranger, même si j’y retourne régulièrement. Je me partage entre les deux pays en quelque sorte.

J’ai lu que vous vous rendiez souvent Chez Celeste, un petit resto capverdien du XIe arrondissement où l’on peut se faire tirer les cartes. Que pensez-vous qu’elles diraient sur les chances du Cap-Vert durant cette Coupe d’Afrique des nations ?Je ne sais pas trop ce que les cartes auraient à dire, mais je suis plutôt optimiste. L’important est de faire bonne figure. Si on passe le premier tour, ce serait déjà une très bonne chose. Même gagner un match serait déjà une grande victoire. Durant cette CAN, j’ai une ambition assez mesurée. Après tout, ce n’est que notre première participation. Mais il y a une carte à jouer dans ce groupe.

Propos recueillis par Maxime Delcourt

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