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Superligue : pourquoi l’UEFA commence à flipper…

Par Pierre Rondeau
Superligue : pourquoi l’UEFA commence à flipper…

Avant de démissionner, l’ancien président du Barça Josep Maria Bartomeu a déclaré avoir validé le projet de Superligue européenne, nouvelle compétition continentale prévue en 2022. La rumeur existait depuis 20 ans, elle semble dorénavant se concrétiser.

Jusqu’ici, on la regardait comme une légende, comme un mythe. Dorénavant, la superligue européenne – bon d’ailleurs, faudra s’accorder pour savoir si on écrit Superligue, SuperLigue, Super-Ligue ou Super Ligue – n’a jamais semblé si proche. Entre la crise économique touchant de plein fouet les pays européens, les tensions sanitaires et les risques de faillite parmi les diffuseurs, une telle idée, calquée sur les standards économico-sportifs des ligues américaines, richissimes et rentables, semble se matérialiser un peu plus chaque jour. Tout s’est accéléré à la fin du mois d’octobre lorsque le média britannique Sky a révélé que la FIFA, avec l’aide d’une quinzaine de clubs du continent, préparait le lancement d’une nouvelle compétition, la « Premier League européenne » , valorisée à plus de 5 milliards d’euros et soutenue par des fonds d’investissement.

Par la suite, alors que des équipes comme Manchester United, Liverpool ou le Real Madrid étaient derrière ce plan, le président démissionnaire du Barça, Josep Maria Bartomeu, déclarait, mardi 27 octobre, avoir « accepté la participation du club à une future Superligue européenne.[…]Une nouvelle qui changera notre perspective de nouveaux revenus dans les prochaines années. » Dès cette annonce, le président de l’UEFA, Aleksander Čeferin, est monté au créneau pour s’opposer unilatéralement à une telle initiative, en admettant qu’une compétition fermée serait « ennuyeuse » et « tuerait le football ».

Portes ouvertes pour la Superligue ?

Néanmoins, il apparaît aujourd’hui évident qu’un projet comme la Superligue est véritablement dans les petits papiers. Ou, tout du moins, que l’idée s’accélère. Selon un cadre de la fédération européenne, interrogé en off par nos soins, « la crainte d’une Superligue est concrète.[…]Il y a une véritable inquiétude et l’UEFA appréhende réellement, dans les années qui viennent, qu’une telle compétition voit le jour.[…]Il faudra jouer serré et intelligemment pour bien faire comprendre que l’intérêt économique et sportif des clubs est de jouer une ligue ouverte, intensive et épisodique. Il ne faut surtout pas normaliser et banaliser l’extraordinaire. » Avec la crise économique et sanitaire actuelle, qui oblige la majorité des clubs à rechercher de nouvelles sources de financement, la perspective d’un éclatement de la bulle footballistique inciterait les plus gros à faire sécession, à se protéger et à se recentrer autour d’une seule et unique compétition, stable, rentable et pérenne, sans incertitude de résultat ni risque d’élimination précoce. Les gains seraient garantis et assurés, quoi qu’il arrive. Et juridiquement, cette perspective est parfaitement légale. En 2018, à la suite d’un conflit qui avait opposé l’Union internationale de patinage à deux athlètes néerlandais, Mark Tuitert et Niels Kerstholt, désireux de participer à des compétitions non officielles lucratives et privées, la commission européenne et la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) avaient conclu en faveur d’une libre concurrence et d’une liberté de choix : « La commission européenne souhaite mettre fin au monopole des fédérations sportives internationales concernant l’organisation des compétitions et rappelle aux fédérations internationales présentes dans un pays de l’Union européenne que leur pouvoir de régulation ne peut être utilisé à des fins commerciales. La Commission européenne admet donc qu’un organisateur indépendant puisse organiser une compétition non officielle et y convier et rémunérer des athlètes professionnels, sans que ceux-ci ne soient sanctionnés. »

Autrement dit, n’importe quel acteur peut, s’il le désire, créer une nouvelle compétition sportive privée et n’importe quel jouer peut y participer, sans crainte de sanction ou de suspension. Rien n’empêcherait donc que les clubs pondent une Superligue, en dehors des clous de l’UEFA ou des Ligues nationales. À échelle politique, les décideurs l’ont compris et admettent qu’ils ne pourront rien faire ou rien tenter en cas de constitution d’un nouveau championnat. Contacté, un proche de l’Élysée et du président Emmanuel Macron reconnaît que « la jurisprudence européenne était claire, nous n’aurons aucun moyen de nous opposer même si nous restons définitivement contre.(…)Les seuls outils que nous aurons seront législatifs. Il faudra imposer, si une telle compétition venait à voir le jour, des régulations et des contrôles sur les transferts, notamment des mineurs, sur les droits et les indemnités de formation, et éviter le règne d’un libéralisme dérégulé. »

Un outil d’influence

Alors, c’est parti, on y va vraiment tout droit ? Si l’UEFA est réellement inquiète, si la justice européenne est d’accord et si le pouvoir politique n’aura aucun moyen de pression, la Superligue européenne pourrait commencer dès l’année prochaine, non ? En fait, c’est un poil plus compliqué. Interrogé, un ancien cadre de l’ECA, le syndicat européen des clubs, restait, encore aujourd’hui, très sceptique et dubitatif quant à la création de cette compétition continentale : « Ça reste très politique et il faut parvenir à un difficile consensus, réussir à mettre tout le monde d’accord.(…)N’oublions pas que dans une organisation avec 246 clubs, il y a beaucoup d’avis. La Superligue n’a pas été un sujet de travail concret, au plus un vieux serpent de mer, un outil d’action et d’influence. En clair, il y a quelques clubs qui veulent une Superligue, mais ils ne sont même pas 16.[…]L’ECA, c’est surtout une association de dialogue, de services et de réflexions. Nous cherchons le consensus avec l’UEFA, pas le conflit. »

En d’autres termes, tout cela ne servirait pour l’instant que les tractations politiques des clubs vis-à-vis de l’UEFA, dans une perspective de réformes en leur faveur. Exactement à l’image d’un serpent de mer menaçant, ce qu’est la Superligue depuis le début : un outil d’influence afin d’imposer ses choix et ses envies. Parce que tout semble présager d’une future Superligue, parce que sa création n’a jamais été aussi proche, elle ne verra peut-être jamais le jour. L’UEFA a trop besoin des clubs pour exister et ces derniers ne peuvent pas prendre le risque d’un affrontement. Dès lors, on pourrait imaginer une nouvelle route entre les deux et se diriger par exemple vers une Ligue des champions semi-fermée ou agrandie. C’est peut-être là le véritable objectif de la menace du projet « Superligue » …

Par Pierre Rondeau

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