Spurs très hot pour les Blues

Parfois, les duels les plus passionnants ne se déroulent pas sur le pré mais au bord de la touche. Dans quelques heures à White Hart Lane, malgré une pelouse gorgée de grands joueurs, l’opposition la plus intéressante sera peut-être celle Harry Redknapp et Guus Hiddink. Deux magiciens à leur façon. L’un tout en gouaille cockney, l’autre plus dans le genre assassin silencieux. Avec un point commun : une capacité hors norme chez les deux techniciens à fédérer et à tirer la quintessence d’un groupe, quelle que soit la valeur intrinsèque des joueurs à disposition. A première vue, sur ce coup-là, on ne se rend pas trop compte : Blues et Spurs sont à classer entre cracks et super-cracks. Et pourtant, chaque équipe, à sa manière, a galéré avant que leurs mentors respectifs n’arrivent à la rescousse.

Chelsea fout de nouveau les chocottes

Depuis l’arrivée de Hiddink, Chelsea ne perd pas : neuf matches sans défaite dont huit succès. On est loin, très loin du massacre entrepris par Luiz Felipe Scolari et ses velléités de futbol arte chez les rois du béton de ces dernières saisons. Conscients du rétablissement opéré par Hiddink, les dirigeants de Chelsea envisagent de faire sauter le contrat de celui qui reste le sélectionneur de l’équipe de Russie. De toutes façons, tout le package appartient à Roman Abramovitch alors… Mais revenons à nos moutons. Gars futé par excellence, Hiddink ne s’est pas cassé la tête, a repris l’historique et est revenu aux basiques. 4-3-3 et tant pis pour Nicolas Anelka désormais invité à animer les flancs.

Résultat, Didier Drogba flambe comme à ses plus belles mourinhesques. Seul en pointe, l’Ivoirien dézingue de nouveau défenseurs et filets adverses : quatre buts décisifs toutes compétitions confondues depuis la prise en main de Hiddink. De plus, le sorcier néerlandais a tout de suite diagnostiqué l’état de délabrement physique d’une escouade nourrie aux toros de Scolari. Pas le temps de concocter une soupe de tortue coréenne. Hiddink s’est donc appuyé sur ceux dont la sueur était le fond de commerce naturel ? Pas étonnant du coup de voir Frank Lampard et John Terry être de nouveau décisifs. Le pari est d’autant plus gagnant que Michael Essien, revenu d’une longue blessure au genou, joue de nouveau les bisons providentiels (2 buts pour ses 2 premiers matches). Résultat : Chelsea fout de nouveau les chocottes et même Liverpool, double bourreau des Londoniens cette saison, n’est pas forcément rassuré à l’idée de prendre les Blues en quarts de la Ligue des Champions.

Lennon, la bombe du moment

Puisqu’on parle des Reds, ce sont justement leurs premiers tombeurs de la saison qui accueillent Chelsea samedi. Si on voit bien le rétablissement spectaculaire des Blues, celui des Spurs n’apparaît pas au premier regard du pékin moyen. Et pourtant… Juande Ramos avait mis un sacré bazar dans le club du nord de Londres. En vendant, certes à bons prix, des valeurs confirmées comme Dimitar Berbatov, Robbie Keane, Jermain Defoe ou encore Pascal Chimbonda (vous marrez pas, ce gars-là a été élu meilleur latéral droit de Premier League en 2006) par exemple… Pour compenser, l’Espagnol avait attiré des tout bons en devenir (Modric, Pavlyuchenko, Giovani…) mais pas forcément encore aguerris aux furieuses joutes pur bœuf du Royaume. Bilan : un cauchemar sous la forme d’une lanterne rouge aussi grotesque que tenace.

Alors Redknapp est arrivé à l’automne. Comme Hiddink, l’Anglais a fait preuve d’un bon sens paysan. Les nouveaux sont-ils trop inexpérimentés dans ce contexte ? OK, on rapatrie quelques mecs fiables (Keane, Defoe, Chimbonda) pour relancer la machine. Là encore, le bilan est plutôt causant : depuis janvier, Tottenham n’a perdu que 4 fois en 16 matches toutes compétitions confondues. Dernière victime en date, Aston Villa (2-0), at home qui plus est. Dans ce concert, Aaron Lennon figure un soliste hors-norme. La défense des Villans a pris cher la semaine passée face au déboulé de la petite bombe anglaise. Quelques jours avant, en finale de Carling Cup (perdue aux tirs au but), c’est Patrice Evra qui s’est fait casser les reins par Lennon, absolument intenable actuellement. Ashley Cole sait ce qui l’attend et de ce duel entre pétrolettes pourrait bien dépendre une partie du sort du match.

Du coup, le clash paraît sacrément ouvert entre Chelsea qui œuvre de nouveau dans le bâtiment et ce Tottenham revenu aux fondamentaux et de nouveau prompt à enflammer le dance-floor surtout quand il s’agit du sien. Et les Spurs, désormais quasi assurés du maintien, joueront sans autre pression que celle du rachat devant leurs fans. En revanche, les Blues doivent, eux, gagner pour rester dans la course au titre. Le Chelsea de Mourinho excellait sous la pression. Et celui de Hiddink ?