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Sissoko, un jour sans fin

Par Théo Denmat
Sissoko, un jour sans fin

Bill Murray en deviendrait fou. Mais pourquoi diable Moussa Sissoko revient-il dans les listes de Didier Deschamps avec plus d'insistance que le Jour de la marmotte ? Parce qu'il le connaît ? Sûrement. Parce qu'il offre un profil intéressant ? Probable. Et bordel, personne pour dire qu'il est bon ? Car oui, on peut réussir une performance même quand tout le monde vous a oublié.

Deux salves d’applaudissements en trois jours, c’est peut-être beaucoup pour le cœur d’un type qui n’en avait plus l’habitude. Samedi en 10, fin du match entre Crystal Palace et Tottenham à Selhurst Park, but de Juan Foyth pour la victoire 1-0 des Spurs. Sur le pré après le coup de sifflet final, un type est là, crampons dans le sol, bras vers le ciel, dos à ses coéquipiers. Eux se prennent dans les bras, mais lui a mieux à faire. Après une bataille de quatre-vingt-dix minutes qui l’aura vu aligner sa cinquième titularisation consécutive, Moussa Sissoko a vu son nom être chanté par les supporters de Tottenham ayant fait le déplacement. Et ça, ça vaut tous les câlins d’Harry Kane du monde.

Moqué depuis deux ans par un public qui se demandait bien où étaient passés les 35 millions d’euros investis sur sa tronche, le Français enchaîne depuis ce début de saison – et la blessure de Dembélé – les performances de haut niveau. Au point d’avoir été appelé lundi après-midi par Didier Deschamps sous le maillot de l’équipe de France, une première depuis un an. L’occasion d’une deuxième ovation, et d’une question subsidiaire : Sissoko est-il là pour son passé ou pour son présent ?

« Et pourquoi pas ? »

Avant d’aller plus loin, il faut être conscient d’une chose : lorsque Didier Deschamps se voit poser une question à laquelle il n’a pas forcément de réponse, il renvoie l’ascenseur. C’est sa manière de faire, et elle fonctionne plutôt bien. Conséquence, à la logique interrogation de savoir « pourquoi rappeler Moussa ? » , lundi après-midi en conférence de presse, le sélectionneur français a comme attendu joué les grooms de service : « Et pourquoi pas Moussa ? » , répond-il. Ben oui, et pourquoi pas ? Dit comme ça… Il y a pourtant à redire, au regard du simple fait que le bonhomme a disparu des radars français depuis sa finale dantesque de l’Euro 2016, dernière fois qu’il a enfilé le maillot de l’équipe de France. Il y avait bien eu cette convocation en octobre 2017, oui, mais pas de 54e sélection à la clé. Or, être effacé des radars publics ne signifie en aucun cas disparaître de ceux de Deschamps, prompt à rappeler ses anciens soldats à la première occasion.

Il suffit d’écouter le discours : « C’est quelqu’un qu’on connaît, qui est venu régulièrement. Il n’était pas avec nous pour la Coupe du monde, mais il fait partie des joueurs qui ont été importants ces dernières années. Il a eu des périodes plus difficiles. Là, il sort d’une période où il joue beaucoup plus et il est performant avec son club, donc ça me semblait logique. » Visage égal, traits lâches, expression quelconque. La Dèche sait parfaitement jouer les désintéressés lorsque la situation le demande, concluant sa prise de parole sur le sujet par une phrase qui en dit probablement plus que les quatre précédentes : « Je m’appuie sur des joueurs qui sont déjà venus, par rapport à la logique de la liste et des suppléants. » L’explication se cache ici : l’équipe de France possède des suppléants, rangés par chronologie. Dans l’ordre : les vainqueurs du Mondial, intouchables sauf blessure, puis les participants de l’Euro, et enfin ceux du Mondial 2014. Sissoko, à ce titre, est plus légitime qu’Aouar, présentant en plus l’avantage d’un profil défensif particulièrement recherché vu les performances récentes de Benjamin Pavard. La réalité est là : voir l’équipe de France avec deux ailiers Matuidi-Sissoko est une possibilité.

Paradoxalement, sa présence est plus légitime qu’à l’Euro 2016

Et puis il y a les événements récents. Parce qu’avant de se faire applaudir pour sa performance face à Palace, Sissoko l’avait été pour celle d’avant, contre Wolverhampton (3-2). Puis pour celle d’avant encore, contre City, où il avait été le joueur qui avait remporté le plus de duels sur le terrain malgré la défaite des siens (0-1). Et face à West Ham encore auparavant, pour ce qui restera à la fois comme une renaissance et sa meilleure performance de la saison, délivrant à l’occasion une passe décisive pour Érik Lamela (0-1). Mauricio Pochettino, longtemps critique sur le niveau du bonhomme, a hier consacré une bonne partie de son temps à féliciter Sissoko en conférence de presse : « Parfois, certains joueurs ont besoin d’un laps de temps plus long que d’autres pour produire des performances à la hauteur de ce que vous attendiez d’eux. Mais être honnête, professionnel, et toujours à 100% de ses capacités finit toujours par retourner l’opinion des gens. C’est l’histoire du football, non ?(…)Beaucoup de joueurs de ce sport ont été proches de partir avant, comme lui, de revenir en force. »

C’est peut-être difficile à entendre, mais Sissoko est probablement à un point de sa carrière où il est plus légitime que jamais pour être appelé chez les Bleus. Ça n’est pas très sexy et, couplé aux appels de Sakho, Rami, Sidibé et Digne, on se croirait revenu en 2012, mais il convient d’ôter ces lentilles grossissantes qui déforment la réalité : à quelques jours d’un match décisif en Ligue des nations aux Pays-Bas, voilà une décision qui n’a rien de risible. Le gus est en forme, c’est une certitude, et Wembley en est le premier surpris. L’intéressé en témoignait d’ailleurs lundi à la TV française : « J’ai eu la chance de disputer une Coupe du monde au Brésil et un Euro en France. Le fait de ne pas être allé en Russie est un regret, oui, j’étais un peu touché,(…)mais je ne suis pas abattu, j’ai encore une carrière devant moi. Alors à moi de bosser pour essayer de jouer lors des prochaines grandes compétitions. » À défaut d’originalité peut-être, mais en étant tout de même le deuxième joueur passé par le Téfécé avec le plus de sélections nationales derrière Fabien Barthez (87), et devant Dominique Rocheteau (49). On s’arrêtera là pour les stats, et c’est déjà amplement assez insolite.

Par Théo Denmat

Propos de Moussa Sissoko tirés de RMC Sport 1.

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