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Serie A – La Juve va-t-elle croquer l’Inter ?

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Serie A – La Juve va-t-elle croquer l’Inter ?

Ce week-end, c'est derby d'Italie. Opposition culturelle, courbes de formes croisées, les deux formations ont toutes les raisons du monde pour se foutre sur la gueule. Et nous offrir un beau match.

Ah, Inter-Juve… Ça n’a pas le souffre incestueux d’un Lazio-Roma, ça ne sent pas la lutte des classes comme un Milan-Naples, ça n’a pas le goût du choc des civilisations d’un Trieste-Bari et pourtant. Promenez-vous dans une rue italienne et demandez un peu aux passants, pour voir: il existe de fortes chances pour que la réponse arrive avant même que la réponse ait fini d’être posée. Oui, ce match dépasse tous les autres rendez-vous de l’année, quels que soient le classement et la météo du jour. Pas pour rien qu’on l’appelle le derby d’Italie.

La raison? Difficile de trouver plus opposé que l’Inter Milan et la Juventus Turin. Les deux villes ont beau n’être distantes que d’un peu plus d’une centaine de kilomètres l’une de l’autre, riches et industrielles, on chercherait en vain le seul point commun entre Nerazzuri et Bianconeri.

A vrai dire, l’opposition est presque culturelle. L’Inter, c’est le club qui réussit toujours à tout foirer, même quand tout va bien – par exemple, les dernières campagnes de Ligue des Champions, sabotées alla grande. La Juve, celui au contraire qui retombe sur ses pieds quelles que soient les circonstances – scandale judiciaire, mauvaises performances sportives, rétrogradation en Serie B.

L’Inter, c’est l’auberge espagnole, toutes les nationalités du monde sur le terrain, presque une pub Benetton. La Juve, un noyau dur italien maintenu contre vents et marées. A l’Inter, les joueurs se détestent entre eux. A la Juve aussi, mais au moins ont-ils la décence de ne pas le montrer sur le terrain. Si on n’avait pas peur de vous lasser, on pourrait continuer comme ça sur une dizaine de lignes qu’on n’aurait pas toujours été exhaustif.

Bon, et alors ?

Et alors, cela nous donne quelques clés pour le match de ce soir. Face à une Inter solide leader, en bonne place dans son groupe de Champion’s League et pourtant en état de crise de nerfs quotidienne, la Juventus se pointe presque les mains dans les poches. Pour preuve, Cobolli Gigli, le président des Turinois, a tenu à dire à la presse qu’il avait très bien dormi ces derniers jours. Il a pourtant dû présenter son projet de nouveau stade à la terre entière (ouverture en 2011), démentir la possibilité d’un départ de l’amulette Gianluigi Buffon (malgré une offre de 75 millions des tarés de Manchester City), gérer la guéguerre Mourinho-Ranieri. Mais bon: cela fait deux ans que la Juve vient gagner 2-1 à Milan, donc Cobolli pronostique un 2-1. Il faudra bien regarder les tribunes ce soir: pendant que Massimo Moratti cramera clope sur clope, Cobolli Gigli et Jean-Claude Blanc dégusteront peut-être des cornetti vanille-pistache.

Non, sérieusement. Sans être le Barça, la Juventus est sacrément en forme, il faut le dire. Cinq victoires consécutives en championnat, deux petites quiches distribuées sur la nuque du Real en passant et, gâteau sur la cerise, la résurrection d’Alessandro Del Piero, le tout pendant que Buffon et Trezeguet font de la bicyclette pour se remettre à niveau, cela suffit à désigner un favori. Surtout qu’en face, l’Inter donne l’impression de ramer, avec ses buts marqués à la dernière minute, son absence de système de jeu, ses recrues inefficaces (Muntari blessé longtemps, Quaresma en maison de repos), son problème Adriano, son Jose Mourinho nerveux. Le pire, bien sûr, c’est que tout cela ne veut évidemment rien dire.

Ennio Gnocchi

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