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Sánchez Flores, le pragmatique espagnol

Par Maxime Brigand
Sánchez Flores, le pragmatique espagnol

Septième de Premier League avec Watford, Quique Sánchez Flores est depuis cet été l'un des nouveaux hommes qui comptent en Angleterre. Un coach qui a sû remettre du style dans un Watford qui en manquait cruellement.

C’est le temple de la créativité. Le lieu où les artistes de Madrid se donnent rendez-vous, une fois par semaine, plusieurs par mois et au moins un soir dans l’année. Au cœur de la Maria de Molina, à Madrid, dans les seventies. C’est le Madrid de la fête où l’on se retrouve pour fêter Noël, tous ensemble, chez Lola Flores, La Faraona, icône du flamenco espagnol. Enfoncés dans les canapés, des danseurs comme Antonio Gades, l’ancien champion du monde des poids légers Pedro Carrasco, mais aussi des metteurs en scène. On rentre comme ça. Tous, sauf un couple qui est, lui, reçu en personne par la maîtresse de maison. L’homme est plus qu’une icône, c’est une légende à Madrid. Alfredo Di Stéfano est une référence, un joueur qui a gagné cinq C1 avec le Real Madrid, huit championnats d’Espagne, mais surtout confondu son histoire à celle du Real. Di Stéfano et sa femme, Sara, sont des amis intimes de Lola Flores. Ils sont même une partie de son histoire personnelle, car depuis quelques années, Alfredo est le parrain du neveu de Lola. Un certain Quique Sánchez Flores.

Quique, fils d’Isidro

Enrique a aujourd’hui 50 ans et se souvient de « ces manteaux qui s’entassent, des gens qui dansent » . Plus encore, il raconte une famille habitée « par l’esprit de la scène » . Car si Lola est une référence du flamenco en Espagne, sa sœur, Carmen, la mère d’Enrique, est actrice. Le père, lui, a épousé l’autre passion de Madrid. Isidro Sánchez est un joueur du Real et un coéquipier de Di Stéfano avec qui il remporta quatre Liga. Il ira terminer sa carrière en Catalogne, à Sabadell. Nous sommes en 1965, Enrique a seulement quelques mois. « Quand mon père jouait à Sabadell, je voulais aller le voir jouer. J’y allais avec mon frère et on jouait sur le terrain pendant la mi-temps. C’est à cet âge-là, très tôt, que j’ai commencé à comprendre mon rapport particulier au football. » Longtemps, Enrique est jugé comme le fils d’Isidro. Il commence le football au Galáctico Pegaso, un club de la banlieue de Madrid, avant de rejoindre à l’âge de 19 ans le FC Valence. Il y jouera dix ans avant de connaître lui aussi l’atmosphère du Bernabéu, y gagner une Liga en 1995, et finir sa carrière à Sagarosse.

Comme son père, Quique Sánchez Flores deviendra latéral droit. Comme son père, il gagnera la Liga avec le Real. Sauf qu’à côté de cette passion, le joueur cultive et travaille ses influences : le théâtre, la danse et le cinéma. C’est un homme de culture. « Joueur, j’aimais travailler sous pression. J’aimais passer chaque jour un examen qui me donnait le droit de pouvoir jouer le match du week-end. J’adorais m’entraîner et jouer sous la pression, et c’est comme ça que les acteurs travaillent aussi. C’est comme une représentation » , expliquait il y a quelques mois Quique Sánchez Flores. Il le répète souvent : le théâtre et le football sont situés sur le même rang de sa vie personnelle. Il se compare à un metteur en scène, voit son nouveau métier comme une évidence. Car, contrairement à son père, Enrique est devenu entraîneur. À la Castilla, la réserve du Real Madrid d’abord, puis à Getafe, Valence, Benfica ou encore l’Atlético. L’autre club de Madrid, celui avec lequel il touchera l’Europe en remportant la Ligue Europa en 2010, alignant au passage le FC Valence, Liverpool et Fulham en finale, porté par un doublé de Diego Forlán. C’est l’époque de la doublette avec Agüero avec qui il gagnera également la Supercoupe d’Europe face à l’Inter.

La référence Phil Jackson

Reste que la personnalité de Sánchez Flores divise. L’homme est volcanique au point de se friter avec Forlán, mais également incompréhensible lorsque, au sommet, il décide de faire ses valises pour Dubaï. L’entraîneur espagnol va alors y rester trois ans, rester dans l’anonymat, revenir un mois à Getafe début 2015 jusqu’à un coup de téléphone de la famille Pozzo. Watford vient de monter en Premier League après avoir consommé quatre entraîneurs en une saison et cherche de la stabilité pour installer un projet durable. Le nom de Quique Sánchez Flores circule rapidement. Les Pozzo voient en lui un bâtisseur, un homme de convictions et à la philosophie différente. Culturellement opposée à celle de la Premier League. L’Espagnol y installe rapidement la tactique, recrute les joueurs pour, veut mettre en place un jeu tiré vers l’avant, animé par l’offensif. Behrami, Jurado, Capoue, Ibarbo ou encore Britos arrivent. « J’ai beaucoup lu les méthodes de Phil Jackson, qui avait la faculté de toucher ses joueurs par la parole. De les frapper directement au cœur. Je crois en cette méthode. Vous devez jouer avec l’humain tout en vous adaptant au groupe que vous avez en face » , détaille Sánchez Flores.

« C’est un entraîneur très proche de ses joueurs qui axe la majorité de son travail sur la relation humaine. Il a en plus une autorité naturelle, il met la notion de groupe en permanence en avant et il le fait aussi, parfois, avec de l’humour » , se souvient son ancien gardien à Valence, Ludovic Butelle. Il ne veut pas oublier le passé du club où il est, mais construire une nouvelle culture, celle du jeu et de la gagne, ce qui manquait assez cruellement à Watford depuis quelques années. Aujourd’hui, les Hornets pointent à la septième place et restent sur une série de trois victoires de rang à l’heure de recevoir Liverpool avec un jeu qui semble avoir enfin trouvé sa voie. Le tout en imposant ses choix, en envoyant en prêt Matej Vydra, l’un des favoris de Vicarage Road, à Reading. Reste une question : combien de temps pourra rester Sánchez Flores dans la lessiveuse Pozzo ? « Combien de temps reste-t-on marié ? Trente-deux ans très triste ? Ou deux ans vraiment heureux ? »

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Par Maxime Brigand

Propos de Ludovic Butelle recueillis par MB, ceux de Quique Sánchez Flores tirés du Guardian et du Telegraph.

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