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San Iker de España

Par Antoine Donnarieix
San Iker de España

Casillas, c’est le numéro un. Parce que c’est le premier rempart d’une équipe, et que dix joueurs sans gardien, c’est un collectif voué à l’échec. Au long de ses années au sein du Real Madrid, Iker Casillas aura tenu la barre, parfois en serrant les dents aussi fortement que les poings. Mais le saint ne blesse pas, le saint soigne. Et à force de sauver ses frères, le saint finit par gagner.

Les vuvuzelas résonnent comme un essaim d’abeilles en plein chambardement. Dans le Soccer City Stadium de Johannesburg, la rencontre entre les Pays-Bas et l’Espagne est regardée par environ 700 millions de téléspectateurs à travers le monde, ce 11 juillet 2010. Parmi eux, 15,6 millions d’Espagnols suivent le duel tant attendu depuis leur nation. Pour la première fois de son histoire, la Seleccion est en finale de Coupe du monde. La Roja ne joue pas un aussi beau football que celui pratiqué lors du dernier Euro, mais l’équipe fait le travail proprement, sans prendre de but depuis le début des matchs à élimination directe. Depuis sa cage, Iker Casillas observe. Le gardien constate une perte de balle de ses coéquipiers dans un duel aérien, suivi d’une passe millimétrée de Wesley Sneijder pour Arjen Robben entre les deux défenseurs centraux. Robben file à toute allure, balle bien attachée à son pied gauche, vers le but du gardien. Là, le danger est maximal, et seul le dernier rempart peut empêcher les Pays-Bas d’ouvrir le score. « Mentalement, Iker est un homme fort » , explique Paco Buyo, ancien gardien du Real Madrid et de la Roja. « Ce gardien est capable de grandes choses face aux attaquants : en un contre un, Iker garde longtemps ses appuis. » C’est peu de le dire. Arjen Robben prend son temps pour ajuster Casillas, mais Casillas ne chute pas. Lui aussi, il prend son temps. Robben est surpris, panique, puis tire. Casillas plonge enfin pour s’étendre au maximum, et laisse traîner sa jambe. En une seule déviation, Casillas sauve l’Espagne et transforme l’opportunité de Robben en simple avertissement. « Quand je rate mon face-à-face avec Casillas, on ne pouvait pas savoir que ce serait aussi décisif, explique l’intéressé dans le SO FOOT n°127. Après tout, il restait une demi-heure à jouer. » Une demi-heure et la prolongation pendant laquelle San Iker ne prendra aucun but. Ses larmes pourront couler à la fin : après des sacrifices et des sueurs froides, il brandit le trophée de la Coupe du monde 2010, symbole de la réussite ibérique. Casillas embrasse la coupe, puis Sara Carbonero.

Modèle de jeunesse, la chance et le talent fou

Avant d’être ce porte-étendard de la seule Coupe du monde soulevée par la Roja, Iker Casillas était un garçon fan de football. Ses parents, José Luis et Maria, ne se doutaient pas que leur fils serait un jour champion du monde. Dans son village de Móstoles, le garçon possède déjà un modèle : Oliver Kahn. Ce gardien n’est pas champion du monde, mais ses arrêts font rêver le bambin, décidé à faire comme son modèle. Le petit Iker est âgé de 9 ans quand son père décide de lui donner une chance de s’engager dans les sections de jeune du Real Madrid. 9 ans, c’est aussi le temps qu’il lui faudra pour fouler la pelouse avec l’équipe première du Real. Iker Casillas saisit les opportunités les unes après les autres, la patience viendra plus tard. Son premier match au San Mamés de Bilbao le révèle à la face de l’Espagne. Iker Casillas est déjà connu des Madridistas, mais cette fois, le portier profite de la blessure de Bodo Illgner. Toshack lui donne les clés du camion. « Ce qui était assez incroyable, c’était sa capacité à répondre tout de suite présent malgré son jeune âge. Cela témoigne de sa grandeur, de sa capacité à être l’un des tout meilleurs gardiens du Real Madrid et de l’Espagne. » Le Real Madrid fait 2-2, Iker prend son baptême.

Vidéo

18 ans, c’est un âge beaucoup trop avancé pour garder les cages de la Casa Blanca. Casillas le sait et prend place sur le banc pour les rencontres suivantes. Pas grave, le teenager a fait ses preuves : les dirigeants le voit résister à la pression. Dans le gratin du football espagnol, Casillas apprend aux côtés des meilleurs, et seulement quatre mois suffisent à le placer numéro un. Son statut de joueur de la cantera madrilène en pleine période d’un Real galactique voulu par Florentino Pérez ne l’effraie guère, bien au contraire. « Je ne suis pas galactique, je suis de Móstoles » , annonce Iker en conférence de presse, histoire de rappeler l’amour pour la terre madrilène. Iker ne fait pas dans la demi-mesure, il est en avance sur les traces de ses aînés. En mai 2000, Iker est le plus jeune gardien titulaire champion d’Europe, à 19 ans et 4 jours. Tranquille. « Être gardien du Real Madrid, c’est déjà quelque chose d’extraordinaire, avoue Buyo. Sa chance, c’est d’avoir connu Vicente del Bosque à ce moment. Il venait aussi du Castilla, et il savait que le centre pouvait lui offrir certains talents. » Del Bosque ne s’est pas trompé, Casillas va continuer d’écrire sa légende après cette première communion au Stade de France.

L’Irlande, la sanctification et les années blanches

C’est à croire que l’homme est aidé par la grâce divine dans son parcours. Après une nouvelle C1 glanée à Glasgow, Iker Casillas doit s’envoler pour la Corée du Sud et le Japon. Là-bas, il devra en théorie se satisfaire du rôle de doublure du numéro un, Santiago Cañizares. La pratique sera bien différente. Privé de Mondial à cause d’un flacon de parfum, Cañizares observe depuis les tribunes les débuts de Casillas en tant que titulaire de la sélection nationale. Le premier tour se passe sans embûche, puis vient ensuite l’obstacle de l’Irlande en huitièmes. Malgré un statut de favorite, l’Espagne souffre devant l’envie débordante des hommes verts. Poussée aux penaltys, l’équipe s’en remet à son jeune gardien de 21 ans pour la sortir d’un échec. Dans cette séance de tirs au but, Casillas voit d’abord la barre lui prêter main forte, puis stoppe deux penaltys consécutifs. La presse espagnole l’adoube : ce sera San Iker. « La force intérieure d’un joueur de football, ce doit être quelque chose de personnel, mais aussi de collectif, analyse Buyo. Si tu vois que l’équipe compte sur toi, cela doit te donner une confiance maximale, une confiance qui te fait passer dans une autre dimension. Contre l’Irlande, Iker est passé dans cette dimension. » L’Espagne ne sera pas championne du monde, mais elle réalise qu’un saint compose l’équipe.

Pendant que Casillas se forge en équipe nationale, l’ère du Real galactique s’essouffle. Valence fait sa belle, le Barça est en plein remaniement, mais s’apprête à marcher sur l’Europe. À côté, le Real est en fin de cycle. Casillas s’apprête à courber le dos pendant plusieurs années et encaisser les démonstrations barcelonaises : Ronaldinho, Eto’o, Henry, Messi font passer des moments très difficiles à Casillas, surtout sur sa pelouse du Santiago-Bernabéu. Mais le gardien assume ces défaites et la superpuissance du Barça. Ce Real doit changer, et ce Real reste à l’écoute de la superstar de l’époque. Entraîneur du Real Madrid durant la saison 2008-2009, Juande Ramos se souvient : « Casillas n’était pas encore le numéro un du vestiaire, le capitaine était Raul. C’était lui qui captait davantage l’attention du vestiaire. Même avec un grand nombre d’années au Real Madrid, Casillas devait se fixer sur son rendement sportif. Une fois Raul parti, il est devenu ce patron de vestiaire, ce capitaine. » Avec Raul en guide, le Real réalise une saison folle : 96 points au compteur et 102 buts marqués. Mais le Barça fait mieux. Quelque chose doit changer.

La colère de Mourinho

Il faut stopper le train d’enfer du Barça, coûte que coûte. Florentino Perez se sépare de Raul, puis recrute l’homme capable de vaincre le Barça : Mourinho. Les Clasicos s’intensifient de saison en saison, l’atmosphère se tend, Sergio Ramos en vient même aux mains avec Carles Puyol, puis Xavi. Rebelote six mois plus tard en Supercoupe retour d’Espagne, où Marcelo, Ozil, puis David Villa sont expulsés dans les derniers instants du match. En privé, les deux hommes forts du Barça s’adressent à Casillas pour éclaircir certains points d’interrogation. « Ce dont j’ai parlé avec Puyol et Xavi, cela doit rester entre nous, tranche le portier face aux médias. Nous sommes tous les trois capitaines de la sélection espagnole. Ce qu’il s’est passé pendant la Supercoupe d’Espagne, ce sont des choses que chaque joueur comprend : ce sont les dernières minutes, ça se chauffe, mais rien de plus. » Xavi et Puyol ont-ils causé avec Casillas pour une unité nationale en vue de l’Euro 2012 ? C’est fort probable. Et c’est certainement ce que Mourinho n’a pas apprécié, après avoir cherché une taupe dans son vestiaire depuis plusieurs mois. Iker s’est-il mis en danger pour garder une équipe d’Espagne unie ? C’est probable aussi. Et si cet Euro 2012 est une victoire collective, Casillas a joué un rôle prépondérant dans ce succès. « Bien sûr, Iker restera dans les mémoires comme celui qui a soulevé ces trophées, c’est historique, explique Juande Ramos. Mais le football, cela reste un sport collectif, où dans les victoires comme les défaites, chacun détient sa part de responsabilité. » Casillas est un joueur parmi les autres, même s’il est le dernier soldat d’une équipe en souffrance. Une règle que Robben connaît mieux que personne.

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