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Réforme de la C1 : la contre-attaque aura bien lieu

Par Adrien Candau
Réforme de la C1 : la contre-attaque aura bien lieu

Alors que le spectre d'une réforme massive de la C1 à partir de 2024 plane sur le football continental, plus de 240 clubs, dont 20 français, se sont retrouvés à Madrid ce lundi et mardi pour s'opposer au projet de réforme de la Ligue des champions. Signe que le temps de la révolte a enfin sonné.

Depuis des mois, on en parle comme d’une menace fantôme. Du croquemitaine du football européen. Du grand fossoyeur, voué à détruire le peu d’équité sportive et de diversité qui subsiste dans le football continental. La fameuse réforme de la C1, ce projet concocté par les grandes pontes de l’Association européenne des clubs (ECA) en coopération avec l’UEFA, serait en route pour l’année 2024, et les plus pessimistes le décrivent déjà comme une catastrophe inévitable. Un dénouement prétendument couru d’avance, contre lequel se sont insurgés 244 clubs membres de l’Association des Ligues européennes, qui se sont retrouvés à Madrid, lundi et mardi, pour charger frontalement ce projet de réforme de la Ligue des champions.

Alors que la menace d’une C1 en circuit fermé se dessine de plus en plus concrètement depuis des années, pourquoi avoir donc attendu si longtemps pour gueuler de concert ? Peut être parce que, pour éviter bientôt le cauchemar d’une Ligue des champions en quasi vase clos, les clubs ont compris qu’il fallait ouvrir les yeux et vite. Mi-mars dernier, le Wall Street Journal dévoilait l’existence d’une réunion secrète entre les dirigeants de l’UEFA et de l’Association européenne des clubs pour négocier la transformation de la C1 en une ligue européenne fermée, où 24 places seraient réservées d’office sur 32. De quoi enfin mettre le feu aux poudres et libérer la parole des présidents de clubs. Du moins, de ceux qui ne veulent pas voir le football européen devenir encore un peu plus inégalitaire et sanctuarisé par les mêmes formations.

La guerre est déclarée

Voilà donc venu le temps de tracer des lignes, de choisir son camp et de partir en guerre. 244 clubs ont répondu présent à l’appel de l’association des Ligues professionnelles en ce début de semaine, avec des absences forcément révélatrices. À titre d’exemple, la Gazzetta dello Sport rapportait que tous les clubs de Serie A avaient envoyé des représentants participer à l’événement, à l’exception des plus gros : la Juventus, l’Inter, l’AC Milan et l’AS Roma. Andrea Agnelli, souvent décrit comme l’architecte principal de la potentielle réforme de la C1, était lui présent, mais en tant que président de l’ECA, pas de la Juve. Tant pis pour les absents, les langues, elles, se sont déliées. À commencer par celles des présidents de Ligues. Première étape : taper sur le contenu d’une réforme outillée pour les grands clubs historiques, majoritairement issus des quatre grands championnats européens. « Cela persiste sur la mauvaise voie de la concentration des richesses entre quelques clubs, faisant du football un sport pour les élites, pestait Javier Tebas, le président de la Liga. Par conséquent, l’inégalité entre les clubs et le déséquilibre compétitif se creuseront. Plusieurs ligues européennes, par exemple au Portugal et en Italie, ne sont déjà pas équilibrées. Cela devrait être corrigé au lieu d’être détérioré. »

« Ce projet est dangereux, rebondissait Didier Quillot, le directeur général exécutif de la LFP, qui s’est rendu mardi à Madrid avec 20 représentants des clubs de Ligue 1 et Ligue 2. Il alourdirait significativement le calendrier. Il y aurait en effet quatorze matchs au lieu de six en phase de poules. Un joueur international qui irait en finale de Ligue des champions pourrait jouer entre 70 et 80 matchs sur une saison… Évidemment, ces clubs auraient des équipes A et B, la première en C1, la seconde en Championnat. Nous avons besoin de l’équipe A du PSG, pas de la B. »

L’ECA dans le viseur

Des problématiques graves, désormais verbalisées par des acteurs emblématiques du football continental. Un vrai pas en avant, surtout que ce n’est plus seulement le contenu de l’éventuelle réforme de la C1 qui est visé, mais les esprits qui l’ont conçu et élaboré. « En réalité, l’ECA ne représente que les intérêts des plus grands clubs et tente de transformer la Ligue des champions en une Super Ligue européenne fermée » , poursuivait Tebas. Plus concrètement, c’est le fonctionnement de l’ECA en tant qu’institution, qui est désormais largement remis en question. Alors que l’association européenne des clubs est censée représenter les intérêts des 109 clubs qui constituent ses rangs, son conseil d’administration de 15 membres est plus d’à moitié composé de dirigeants issus des clubs faisant partie des 30 formations les plus riches du continent (Juventus, Real Madrid, AC Milan, FC Barcelone, PSG, OL, Bayern Munich, Manchester United).

Andrea Agnelli

« Le problème, c’est que l’ECA n’est pas représentative des 109 clubs qui la constituent, dénonçait ce mardi le président du Torino, Urbano Cairo. Nous avons besoin d’un nouveau système décisionnel pour l’UEFA. Aujourd’hui, il y a peu de démocratie et la commission proposant les changements (relatifs au format de la C1, N.D.L.R.) à l’UEFA est composée d’une majorité de représentants de l’ECA. » L’une des déclarations les plus applaudies ce mardi par les représentants des clubs qui se sont rendus à Madrid fut cependant la sortie tapageuse du président de la Lazio, Claudio Lotito : « C’est le futur et la direction du football européen qui sont en jeu. Ce n’est pas juste une question de business, il s’agit d’abord de préserver tous les composants qui contribuent au système… Il y a un problème de représentation, et les Ligues sont les seuls corps qui représentent tous les composants du football justement, grandes, moyennes comme petites, au contraire de l’ECA… Et aujourd’hui, le temps des serfs et des vassaux est terminé. » Des paroles belles et rebelles, alors que l’ECA a en réaction convoqué une réunion des clubs les 6 et 7 juin à Malte. Reste encore à voir si tout ce beau monde saura trouver un terrain d’entente, ou si la fracture, trop profonde, sera vouée à accoucher d’un conflit ouvert, qui pourrait bien scinder en deux le football continental.

Par Adrien Candau

Propos de Javier Tebas issus du Monde.fr, ceux de Didier Quillot issus de L’Équipe, ceux d'Urbano Cairo et Claudio Lotito issus de La Gazzetta dello Sport.

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