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Que devient le Luxembourg?
Luxembourg-France, acte 2. Cinq mois après le match aller, les Roud Léiwen n'ont gagné aucun crédit auprès de l'Equipe de France et de la presse hexagonale. Tout ça, ils s'en cognent.
Deux. Voilà le nombre total de journalistes français (L’Equipe, L’Est Républicain) venus assister à la conférence de presse du sélectionneur luxembourgeois Luc Holtz, hier à Lipperscheid. A Luxembourg, à quarante kilomètres au sud de la délégation grand-ducale, une cinquantaine de leurs confrères sont venus « recueillir » les propos sucrés de Laurent Blanc et de Samir Nasri. Faut dire que le clan luxembourgeois l’a bien cherché, en organisant son point presse à la même heure que son illustre adversaire. Après tout, ce désintérêt n’est pas illégitime : la semaine médiatique des Bleus a ressemblé à un vulgaire confessionnal. L’idée de balayer le bordel de Knysna en forçant ses supposés leaders à s’exprimer devant la presse a eu le mérite de servir de feuilleton toute la semaine et d’éclipser le côté sportif. Car évidemment, côté tricolore, on sait que le déplacement au Luxembourg n’a rien d’un piège.
Le truc qui peut paraître dérangeant, c’est le décalage entre le regard que porte la France sur sa proie et la réalité du rapport entre les deux nations : pour être clair, l’équipe de France mate le Luxembourg comme une équipe de Ligue 1 Orange peut le faire avec une CFA2 en 32e de finale de Coupe de France. Ce sentiment, né au match aller, Holtz n’a pas voulu admettre qu’il en avait été irrité. Enfin presque. « J’ai revu le match deux ou trois fois ces derniers jours, et je peux vous dire qu’ils ne nous ont pas pris de haut… Ceci dit, les mécaniciens et les barmen leur ont quand même rendu la vie bien difficile » . Vlan. Interrogé sur la supposée agressivité de ses joueurs à l’aller, Holtz a de nouveau appuyé sur la détente : « S’ils veulent, on fait le retour aux échecs… » . Avec Ribéry dans le rôle du fou et Gourcuff dans celui de la dame? Mouais, en attendant, c’est Jonathan Joubert, le gardien luxembourgeois, qui a le chance de ramasser le plus de pions.
« Je vais leur rentrer dedans »
Reste que le Luxembourg n’avait pas tant morflé que ça à Saint-Symphorien il y a cinq mois (2-0 en étant réduit à dix dès la 54e). Mais si les Roud Léiwen ont un peu plus confiance en leur 4-5-1, c’est qu’ils ont emmagasiné des bonnes perf’ ces derniers mois, qui plus est à domicile. Aucune défaite lors des trois derniers sorties au stade Josy-Barthel. Face au Bélarus (0-0) et l’Algérie (0-0), les joueurs du Grand-Duché sont parvenus à tenir la baraque, puis se sont offert un exploit face à la Slovaquie en février dernier (2-1), alors que Hamsik et huit de ses copains avaient participé au 8e de finale du dernier Mondial face aux Pays-Bas. Lors de ce match, le taureau dudelangeois Dan Da Mota, rentré en cours de jeu, a fêté sa 26ème sélection en plantant ses… 2 premiers buts. Pas vraiment le même rendement qu’en championnat, où, après 20 journées, il en est à 16 buts et 13 passes décisives. Juste après la Slovaquie, le milieu de terrain Gilles Bettmer n’avait pas oublier que la prochaine échéance serait ce retour contre les Bleus : « Maintenant, j’ai envie de prendre la France » , avait-il déclaré avec gourmandise. Autre type qui a hâte de faire joujou avec l’entrejeu des Bleus : Ben Payal. Il se murmure bruyamment qu’une poignée de recruteurs auraient fait le déplacement rien que pour lui.
Cette semaine, dans Le Quotidien, quelques personnages du foot luxembourgeois sont venus apporter la preuve que ce n’est ni en fanfaronnant ni en adoptant une posture de victime que le pays s’apprêtait à recevoir la France. Bruno Heiderscheid, ancien agent de Franck Ribéry a parlé bif ‘ : « Il (Ribéry) me doit toujours 2,7 millions d’euros » . Et décrypté le légendaire passage de Ti’Franck sur le plateau de Téléfoot l’été dernier : « Vous savez, je connais Franck par coeur. Son cinéma devant les caméras n’a trompé personne. Quand il se sent acculé, il commence à trembler et est à deux doigts de pleurer » . Aurélien Joachim, l’avant-centre de la sélection, est quant à lui revenu sur ses duels avec Mexès et Rami, admettant qu’il avait été trop naïf. « Avant chaque impulsion, je me faisais pousser dans le dos avec la main, le coude, ou bien je me faisais tirer le maillot. Alors forcément, Rami gagnait ses duels de la tête. Cette fois-ci, je serai un peu plus malin. Je vais leur rentrer dedans » .
En cinq mois, le Luxembourg a à peine changé : Jeff Strasser est scotché à 98 sélections à cause de son genou, le buteur le plus stylé de la BGL Ligue se nomme toujours Sanel Ibrahimovic, et le complexe d’infériorité appartient définitivement à la postérité. A l’issue de cette drôle de séance vidéo du milieu de semaine dont l’objet était Angleterre-France (1-2), Ben Payal l’a encore prouvé : « Des fois, le coach arrête l’image pour nous montrer une phase de jeu précise. Regardez ça, ou ça… Là, il n’a rien dit de tout le match. Il nous a dit tout simplement à la fin qu’il ne fallait pas faire comme les Anglais et c’est vrai, ils étaient bidons les Anglais » .
Matthieu Pécot
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