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Quand l’Écosse tapait la France au Parc

Par Maxime Brigand
Quand l’Écosse tapait la France au Parc

C'était un jour de septembre où la France avait la tête ovale. 2007, les Bleus vice-champions du monde et l'Écosse qui bétonne. Sauf qu'à la fin, au Parc des Princes, James McFadden fracassera les certitudes de Raymond Domenech. Et la fin de carrière internationale de David Trezeguet.

Lui, c’est d’abord un sourire éternel et un maillot enlevé dans la nuit de Rotterdam. C’est aussi un homme perdu, six ans plus tard, cherchant du regard un soutien qui ne viendra jamais à Berlin, un soir de juillet 2006. Et c’est surtout un silence, terrible, coupé par la prise d’une « décision irréversible » en 2008. La France sort alors d’un championnat d’Europe terrible en forme de fin de chapitre à l’issue duquel Lilian Thuram et Claude Makelele annonceront leur retraite internationale. Lui, le Roi David, n’a pas été du voyage en Suisse et en Autriche malgré un CV affichant 71 sélections chez les Bleus et une saison terminée avec vingt nouveaux buts en première ligne de l’attaque de la Juventus. Il place cette décision entre les mains d’un seul homme, un sélectionneur aux sourcils fournis : Raymond Domenech.

Alors, au lendemain du fiasco de l’Euro 2008, David Trezeguet annonce sa retraite internationale.

Pour ce France-Écosse, en 2007, j’ai laissé David sur le terrain en pensant qu’il pourrait au moins une fois profiter d’un cafouillage et d’un ballon qui traîne ; mais rien, pas même une demi-occasion.

Car, en réalité, Domenech n’aimait pas les renards. Il l’a d’ailleurs expliqué dans son carnet de bord : « Pour ce France-Écosse, en 2007, j’ai laissé David sur le terrain en pensant qu’il pourrait au moins une fois profiter d’un cafouillage et d’un ballon qui traîne ; mais rien, pas même une demi-occasion. Le drame. Le pire, c’est que je l’ai laissé sur le terrain jusqu’au bout. Je n’ai pas géré ce match comme je le sentais, mais en pensant que personne ne pourrait me dire quoi que ce soit parce que j’avais agi comme on l’attendait au lieu de faire ce qu’il fallait. J’ai oublié que ce n’est pas lorsque je m’inquiète de mon sort que nous gagnons les matchs, mais quand je me fiche des « qu’en dira-t-on » et prends tous les risques. Maintenant, nous sommes dans la galère. » Raymond évoque là un France-Écosse. On rembobine, direction le Parc des Princes, le 12 septembre 2007.

20 000 Écossais au Parc

C’est ce que l’on qualifie souvent de « page noire » du foot français. Et pourtant rien ne devait se passer comme ça, encore une fois. On dispute les éliminatoires de l’Euro 2008. La France est en phase de transition, après le Mondial 2006 et la retraite de Zidane. Un peu moins d’un an plus tôt, la France de Raymond s’était fait gober à Hampden Park par des Écossais morts de faim (0-1). Oui, ça fait tache, même si ce jour-là, les Écossais de Walter Smith avait accepté de jouer. Un an plus tard, en septembre 2007, les deux nations se retrouvent. À ce moment-là, tout semble rouler pour les Bleus : ils sont en tête de leur poule de qualification avec 19 points, un point devant l’Italie et deux points devant leur adversaire du soir. Une victoire des Bleus leur ouvrirait un boulevard vers l’Euro 2008.

Ce soir-là, au Parc des Princes, ce sont près de 20 000 Écossais qui sont venus encourager leur équipe, chauffés à blanc. L’Écosse, elle, a changé de sélectionneur. Smith a filé aux Rangers et a été remplacé par Alex McLeish. Dans le même temps, sa tactique a été redessinée, et la donne est simple : ce sera un bloc compact, serré, histoire de bétonner devant sa surface et de s’en tirer avec un bon vieux 0-0 qui laisserait l’équipe en course pour la qualification. La France, elle, vient de concéder le nul 0-0 contre les Italiens, et veut enchaîner pour s’offrir une fin d’éliminatoires paisible. Alors, elle attaque, par tous les moyens, mais tombe sur un mur. Mickaël Landreau, huitième sélection, aucun but encaissé en EdF, se repose dans sa cage. Pour le moment.

Le coup de canon de Mc Fadden

Et puis vient la 53e minute. L’histoire d’un poignet fragile. Un dégagement du gardien écossais, Craig Gordon, vers les pieds de James McFadden. Quarante mètres, quatre joueurs français autour, un contrôle et une frappe pour calmer le Parc. Le ballon est dévié, mais peu importe, il est au fond. Mickael Landreau ne semble pas irréprochable sur l’action, puisqu’il est sur la trajectoire, mais que sa main n’est pas assez ferme.

Le coup est parfait, David Trezeguet a la tête basse dans le rond central. Il sait, au fond, que tout ça va lui revenir dans la gueule. Pendant toute la rencontre aux côtés de Nicolas Anelka, l’attaquant français s’est cherché, en vain. Les dernières attaques français n’y changent rien. Le score ne bougera plus : 1-0 pour l’Écosse. Pour la première fois depuis 57 ans, les Écossais viennent de braquer la France à domicile, et se mettent soudainement à rêver de championnat d’Europe. Pour cause, dans le même temps, l’Italie s’est imposée face à la Lituanie, et le nouveau classement est le suivant : Écosse 21, Italie 20, France 19. Coup de tonnerre.

Quelques minutes après le coup de sifflet final, un autre tournant a lieu dans les entrailles du Parc. Grégory Coupet, le titulaire habituel des Bleus, absent pour blessures, n’a visiblement pas apprécié la prestation de son remplaçant, Micka Landreau. Des mots sont alors prononcés par le portier de l’OL dans les couloirs du Parc à un tabloïd écossais : « Je me demande si je l’aurais arrêtée(cette frappe, ndlr), et j’espère que je l’aurais fait. Oui, je pense que je l’aurais arrêtée. » C’est en tout cas de cette manière que L’Équipe a traduit les propos de Greg. La confusion est créée, et l’huile est mise sur le feu.

La chute de l’Écosse

Ce match aurait pu marquer un tournant négatif dans l’histoire des Bleus. De fait, Trezeguet ne sera plus jamais appelé à partir de cette date, hormis pour un amical en mars 2008 contre les Anglais. Heureusement, la France va se ressaisir dès le match suivant avec un déplacement aux Féroé et une large victoire 5-0. L’Écosse, de son côté, ne parvient pas à enchaîner. Alors qu’elle a son destin entre les mains, elle s’écroule et perd ses deux derniers matchs de qualification : 2-0 en Géorgie, et 1-2 à domicile contre l’Italie. Les Bleus, sans Trezeguet donc, prennent quant à eux quatre points lors de leurs deux derniers matchs : succès 2-0 face à la Lituanie (doublé de Henry en deux minutes), et nul 2-2 en Ukraine (Henry, Govou).

Suffisant pour assurer la deuxième place derrière l’Italie, tandis que l’Écosse échoue à deux points de la qualif’. Si l’on n’a effectivement plus jamais revu Trezeguet en Bleu après cette campagne qualificative pour l’Euro 2008, on n’a plus non plus revu les Écossais lors d’une grande compétition. Cette année encore, ils ont terminé quatrièmes de leur groupe de qualifications à l’Euro 2016 derrière l’Allemagne, la Pologne et l’Irlande. Le tout lors d’un été où tous leurs voisins seront en France, neuf ans après y avoir vécu leur dernier vrai frisson. Terrible.

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