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Quand le football s’en va-t-en guerre

Par Gabriel Cnudde
Quand le football s’en va-t-en guerre

Alors que l'Europe entière célèbre l'Armistice de la Première Guerre mondiale, le monde du football anglais se souvient du 17e bataillon du régiment du Middlesex, uniquement constitué de footballeurs partis mourir dans la bataille de la Somme, en France. Entre 1914 et 1918, le football aussi s'en est allé en guerre.

Le 4 août 1914, le Royaume-Uni est contraint, par le mécanisme intraitable des alliances nouées en Europe, de déclarer la guerre à l’Allemagne. Comme en France, les hommes en état de se battre partent tous sur le front. Tous ? Non. La saison 1914/1915 de football débute normalement outre-Manche, alors que la plupart des autres compétitions sportives sont suspendues. La plupart des joueurs de rugby, sport pourtant très populaire au Royaume-Uni, sont enrôlés dans l’armée dès les premiers jours du conflit. Seulement, les joueurs de football sont alors protégés par un statut professionnel inédit en Europe. Alors, lorsque la Football Association demande au gouvernement britannique la marche à suivre, ce dernier lui indique de laisser le football en dehors de la guerre. Rappelons qu’à cette époque, les élites sont persuadées que la guerre sera courte. De leur côté, les footballeurs professionnels craignent pour leurs familles. Partir à la guerre signifient bien souvent laisser femmes et enfants sans revenus. Et risquer une blessure…

Entraînements aux tirs

À la fin de l’année 1914, les perceptions évoluent au gré des listes de victimes qui s’allongent toujours plus. Populations et gouvernements prennent conscience que la guerre – annoncée courte – est partie pour durer. Très vite, les footballeurs sont pris pour cibles. Sir Arthur Conan Doyle et d’autres personnalités prennent publiquement la parole pour dénoncer la non-participation des footballeurs à l’effort de guerre. L’image du football se détériore à mesure que les élites l’accusent d’aider l’Allemagne à gagner la guerre. Très rapidement, la FA comprend que plus aucune alternative n’existe. Le War Office décide, le 15 décembre 1914, de créer le Footballers’ Battalion. Le 17e bataillon du régiment du Middlesex est mis sur pied par le parlementaire William Joynson Hicks. Des dizaines de footballeurs – dont l’intégralité du club de Clapton Orient – sont enrôlés dans l’armée britannique et s’entraînent quotidiennement. Tous sont autorisés à rentrer dans leur club chaque week-end pour jouer les matchs restants dans la saison. En mai 1915, un deuxième bataillon, le 23e bataillon du régiment du Middlesex, vient compléter le premier. Au terme d’une saison forcément particulière, Everton est sacré champion, alors que Sheffield United remporte la FA Cup.

« Je serais allé en enfer avec de tels mecs »

En novembre 1915, le bataillon quitte pour la première fois le Royaume-Uni et rejoint les tranchées de Loos, dans le Nord de la France. De nombreux matchs de football sont organisés, notamment contre d’autres bataillons du même régiment, ou contre des brigades de la Royal Field Artillery. Au printemps 1916, les soldats footballeurs rejoignent le front, près du Touquet. Le bataillon est décimé lors de la bataille de la Somme, en juillet 1916. William Jones, de Clapton Orient, Norman Wood, de Stockport Country, ou Allen Foster, de Reading, tombent tous au front. Le 15 septembre, le bataillon subit une nouvelle terrible déconvenue lors de la bataille de Flers-Courcelette – la première bataille dans laquelle des tanks intervenaient. Les combats s’enchaînent, les pertes aussi. Les footeux partent se battre à la bataille d’Arras, en avril 1917, et à Oppy, où plusieurs sont faits prisonniers. Joe Mercer, de Nottingham Forest, Charles Abbs de Norwich City et Wilf Nixon de Fulham tombent aux mains de l’ennemi. En février 1918, le bataillon est disloqué.

Le 21 octobre 2010, le président de la Football League, Greg Clarke, dévoile un monument aux morts à Longueval, dans la Somme, sur lequel figurent les mots du colonel Henry Fenwick, premier commandant du bataillon en novembre 1915 : « Je ne connaissais rien des footballeurs quand j’ai pris la tête de ce bataillon. Mais j’ai appris à les apprécier. Je serais allé en enfer avec de tels hommes. Leur esprit de corps était incroyable. C’était avant tout dû au football – ce lien qui faisait d’eux une vraie communauté. Le football avait une emprise magnifique sur ces hommes et sur l’armée en général. » Jusqu’à la fin de la saison 2014/2015, le club de Leyton Orient (ex-Clapton Orient) rendra hommage à ses soldats en portant sur son maillot le blason du Footballers’ Battalion.

Par Gabriel Cnudde

Merci à Iain McMullen, à la tête du projet The Football and the First World War Centenary du Musée national du football anglais.

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