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« Puskás, Hidegkuti, vous ne connaissez peut-être pas, mais bon… »

Propos recueillis par Émilien Hofman
«<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Puskás, Hidegkuti, vous ne connaissez peut-être pas, mais bon…<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

À près de 92 ans, Robert Van Kerkhoven, dit « Bob », est le doyen des Diables rouges. Alors que les contemporains de ses arrières-petits-enfants s’apprêtent à affronter la Hongrie en huitièmes de l’Euro, Bob revient sur la victoire historique des siens contre les Magyars époque Onze d’or. C'était il y a tout pile 60 ans et il avait même marqué...

Alors Robert, comment se passe votre Euro ?Je regarde assez bien. Bon, pas tous les matchs naturellement, je zappe beaucoup et je fais comme en cyclisme : je regarde la dernière demi-heure. Mais je n’ai pas encore vu de terribles matchs pour autant…

Vous avez commencé en pro il y a plus de 60 ans. Qu’est-ce qui vous frappe le plus dans le football actuel ?Le professionnalisme ! (rires) À notre époque, tout le monde travaillait à côté, on ne profitait pas du luxe des déplacements, par exemple. Personnellement, j’étais indépendant en tant que transporteur, je faisais des déménagements. En général, je terminais mes journées à 18h, puis j’allais à l’entraînement le soir. J’avais mon sac de foot dans le camion et quand j’étais en retard ou qu’on avait un match en déplacement, mon père venait me relayer. Parfois, je travaillais même le samedi, donc le soir même, j’allais chez le masseur du club qui essayait de me décontracter avant le match du dimanche.

En juin 1956, vous terminez une saison en tant que promu avec le Daring… Un bel honneur de se retrouver en équipe nationale, donc ?!Deux autres joueurs du Daring ont été repris plus ou moins à la même époque que moi : Roland Moyson et Charles Saeys, qui ont dû jouer 3-4 matchs, pas plus. Moi, j’en ai fait neuf, mais j’ai accompagné le groupe une quarantaine de fois en tant que réserviste. Mais ma sélection en équipe nationale a été assez surprenante parce qu’à ce moment-là, on venait de D2, donc c’était une chance pour moi… Mais j’étais en forme et jeune ! (rires)

À l’époque, on avait deux entraînements par semaine avec l’équipe nationale et on n’avait pas de rassemblement la veille du match. Le rendez-vous était fixé le jour même, 2-3 heures avant le match.

Ça reste votre meilleure saison en tant que footballeur ?Oui, je pense que c’était ma meilleure. Je précise que j’ai fait toute ma carrière au Daring. J’ai dépassé la barre des 500 matchs… mais c’est parce qu’il n’y en avait que 30 par saison. J’ai arrêté à 38 ans.

En fin de saison, il y a donc ce fameux match amical contre la Hongrie qui arrive. Est-ce que l’entraîneur vous dit : « Bob, tu vas jouer ! » ? J’étais sélectionné et comme j’étais en grande forme, ce sont des coéquipiers qui ont poussé pour que je joue, c’étaient vraiment des copains ! À l’époque, on avait deux entraînements par semaine avec l’équipe nationale et on n’avait pas de rassemblement la veille du match. Le rendez-vous était fixé le jour même, 2-3 heures avant le match. On mangeait ensemble, puis on allait en car au stade une heure avant le début du coup d’envoi.

Comment avez-vous vécu ce match face au dernier finaliste de la Coupe du monde 1954, le Onze d’or hongrois ?Haaa la Hongrie, c’était terrible à ce moment-là ! L’équipe formidable, une des meilleures du monde : Puskás, Hidegkuti, vous ne connaissez peut-être pas, mais bon… Pour nous, c’était presque un exploit de gagner contre cette formation. Au départ, on espérait juste bien se défendre. La tactique d’avant-match, c’était surtout histoire de déterminer qui bottait les phases arrêtées. Et comme j’avais réussi un penalty la semaine précédente à l’Antwerp, les joueurs anversois m’ont proposé de m’en charger si on en recevait un… « Ce serait bien tombé que ça m’arrive ! » avais-je répondu.

Je trouve qu’on jouait peut-être mieux au foot avant, là où le football actuel est beaucoup plus physique. On n’avait pas autant de fautes, de blessures, on se respectait plus ou moins.

Quel stress ça doit être quand il est sifflé après dix minutes et que vous devez tirer devant autant de monde au Heysel et surtout ce Onze d’or hongrois…Écoutez, comme je jouais milieu de terrain, j’avais le temps de me concentrer sur mon tir en allant vers le goal. Sur les 30-40 mètres que j’ai dû parcourir jusqu’au point de penalty, j’ai pris un peu de temps pour décompresser. Mais bon, ça reste une pression ! C’est comme chose, là : Ronaldo. Il rate contre l’Autriche, mais quand il marque avec le Real Madrid, il est directement élu homme du match. Maintenant, je dois avouer que je n’étais pas si impressionné que ça : j’ai donné mon tir au but d’un bon coup de pied dans le coin. Imparable.

Comment avez-vous trouvé la Hongrie ? Un peu sur le déclin par rapport à son niveau de la Coupe du monde 54 ?Oui oui, c’était moins fort, mais c’était toujours la grande classe ! Mais de cette équipe, j’ai surtout retenu que certains joueurs étaient restés en « Europe » à cause du régime de leur pays, comme Puskás qui est parti en Espagne. Ils étaient très contrôlés… même si on ne s’en rendait pas compte, nous autres : on ne connaissait absolument pas le contexte de vie sur place. En même temps, c’était difficile de communiquer avec eux : on se donnait la main quand le match était fini, mais sans commentaire, tout le monde rentrait aux vestiaires. Puis, à l’époque – et contrairement à aujourd’hui où on parle de toutes les équipes tous les jours –, on connaissait surtout le nom des vedettes, pas spécialement des autres.

Qu’est-ce qui impressionnait le plus dans cette équipe hongroise ?C’est un sentiment général, mais je trouve qu’on jouait peut-être mieux au foot avant, là où le football actuel est beaucoup plus physique. On n’avait pas autant de fautes, de blessures, on se respectait plus ou moins. En 20 ans de carrière, j’ai été blessé une fois – sans contact avec un adversaire – à 38 ans, ce qui signifiait la fin de ma carrière.

Lukaku, évidemment : quand il marque deux buts, c’est le meilleur, mais dès que ça ne rentre pas, il est directement critiqué.

Ce match face à la Hongrie est-il le plus beau de l’histoire des matchs amicaux belges ?Certainement ! C’était à guichets fermés, hein : 68 000 spectateurs, vu qu’il n’y avait pas de places assises au Heysel. Après le match, c’était la fête : on a été prendre un petit verre entre amis. Et puis on se disait « Bonsoir » jusqu’au prochain entraînement ou la prochaine sélection. Ça me fait penser qu’on ne gagnait pas beaucoup d’argent, à l’époque. Contre la Hongrie, on a dû recevoir quelque chose comme 1300 francs belges (plus ou moins 32€, ndlr), ce qui était pas mal à ce moment-là. Mais pas de prime pour mon but par exemple (rires). Je me souviens néanmoins qu’on recevait beaucoup de cadeaux en revanche : pour la Coupe du monde en Suisse, j’ai reçu une montre – qui fonctionne toujours –, puis à chaque fois qu’on était sélectionnés, on recevait une étoile à placer sur notre casquette. Maintenant ça n’existe plus…

Que penser de la Belgique actuelle ?J’ai dû mal avec les noms… C’est comment celui avec sa banane, là ?

Nainggolan !Oui oui ! Eh bien je ne sais même pas où il joue…

À l’AS Roma…Ah oui, en Italie. Sinon je sais qu’il y a Meunier – un francophone hein –, Courtois, Hazard, Axel, et puis l’homme en forme, là, De Bruyne, même s’il n’a pas très bien joué contre l’Italie. Et puis Lukaku, évidemment : quand il marque deux buts, c’est le meilleur, mais dès que ça ne rentre pas, il est directement critiqué.

Il y a eu le Onze d’or hongrois. Peut-on espérer un jour voir un Onze d’or belge avec cette génération ?Je pense qu’ils ont une chance, tout comme les Hongrois ont une chance, comme toutes les équipes ont une chance. En fait, je n’ai pas été impressionné par les grosses équipes : pas les Anglais, les Espagnols non plus – je ne connais même pas le nom du gars qui rate son penalty, avec sa barbe-là –, donc pourquoi pas… Quand la Belgique combine bien, ça peut faire mal.

Qu’est-ce qui manque pour faire la différence ?Si je le sais, je le dis à Wilmots ! (rires)

Propos recueillis par Émilien Hofman

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