PSG/Lens – Et demain, ce sera pire ?
C'était en mars dernier, au Stade de France. Une finale de coupe comme une autre avec le lot de blagues un peu foireuses que cela comporte. Une banderole un peu douteuse, c'est vrai, mais pas si méchante que ça. Et un tourbillon médiatique sans précédent. Ce soir, Parisiens et Lensois se retrouvent enfin. Chouette ?
Tout était allé très vite. Banderole le 29 mars 2008, plainte déposée le lendemain par le maire de Lens avec l’appui de Nicolas Sarkozy, un « Nous sommes tous des Ch’tis » tonitruant annoncé dans la foulée par Fredo la Moustache. Comme ça, d’un coup d’un seul, la France bien pensante découvrait la réalité des tribunes de l’Hexagone.
Une banderole donc, qu’on ne citera pas pour la énième fois. Surtout, un président de la République ultra-sécuritaire et hyper-actif dans le stade et 16 millions de téléspectateurs – lesquels n’ont d’ailleurs pas vu ladite banderole à la télé.
En fait, il ne s’agit que de l’expression moderne des antiques joutes verbales. C’est à celui qui trouvera la meilleure formule, qui fera preuve du plus d’imagination. Et de l’imagination, les supporters en ont un paquet. On se souvient d’un message adressé aux Marseillais par des supporters du PSG il y a quelques années : « Fabriquer du savon, c’est bien. S’en servir, c’est mieux » , accompagné d’un « Fiers d’être propres » . Récemment, des supporters Lyonnais avaient affiché lors de la réception de l’OM : « Pape Diouf, tes initiales te vont si bien » , tout en demandant également la « Liberté pour le coiffeur de Santos » .
Évidemment, les Italiens excellent dans la matière. Un exemple ? Des Interistes aux Milanistes : « Milanistes-Juifs : même race, même fin » . Une autre, pour le plaisir, toujours dans la même veine : des ultras romanistes, “historiquement de gauche” : « Lazio-Livourne : mêmes initiales, même four » .
Soit. Et demain, alors ? L’opinion publique s’émeut déjà, il se murmure que la nouvelle génération des Kopistes préparerait un coup. La présence policière sera massive, l’opinion publique en émoi.
En fait, ce match, les Ultras des deux camps s’en cognent comme de l’an 40. Côté parisien, Amar, porte-parole des Lutèce Falco, tranche net : « Ce match est tout simplement un non-évènement. C’est un 1⁄4 de finale entre une L1 et une L2 d’une coupe qui ne devrait pas exister, et qui n’intéresse personne sauf les médias qui veulent vendre. La banderole avait amusé les Ultras de Lens au départ, mais tout ce matraquage a saoulé tout le monde. Je crains que Daniel Leclerc n’attise la haine de ses joueurs. Le maire de Lens a d’ailleurs presque lancé des appels aux meurtres contre les supporters du PSG. Le truc, c’est que quand tu es abonné, en virage ou pas, tu es le PSG. Et quand on crache sur ton club comme ça, t’as les boules. Tout simplement. Et pendant ce temps-là, tout le monde se fout de savoir pourquoi et comment Julien Quemener est mort après PSG-Tel Aviv » .
Côté Ch’tis, même combat. Peggy, responsable du groupe ultra Kop Sang et or, minimise les retrouvailles : « On n’a rien prévu de particulier. Au niveau de la coordination, on s’est mis d’accord avec les Red Tigers (ndrl : un autre groupe d’ultras). On n’aura ni bâche, ni étendard, ni sono, ni mégaphone. On ne chantera pas non plus, car on boycotte la Coupe de la Ligue. C’est une coupe qui ne sert à rien, sans aucun intérêt sauf celui du foot business » . Quant à savoir si les Parisiens auront une nouvelle banderole pour rire, la réponse se fait moins solidarité ultra : « J’ai vaguement entendu qu’ils vont faire un truc sur nous. Ce sont des on-dit qui tournent. Maintenant on s’attend à un accueil musclé comme toujours à Paris. Mais on ne se fait pas de souci, on sait que c’est bien sécurisé » .
En plein dans le mille. Le chiffre est tombé. 700 policiers et gendarmes seront mobilisés pour le match. La préfecture a sorti l’artillerie lourde et met en garde. Les tribunes seront fouillées avant l’ouverture et pas moyen d’y faire pénétrer des drapeaux ou toutes formes de tissus de plus d’1m20. Paye ta banderole des Chiffres et des Lettres.
Un match à haut risque donc. Le risque de ne plus voir son équipe porter un maillot floqué Point P. Ou plutôt celui d’en avoir fait tout un fromage, pour une rencontre qui n’en aura même pas l’odeur.
Lucas Duvernet-Coppola, avec Maxime Marchon
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