PSG-Lens : 2-0. Sans banderole ni bandelette
Pas de banderole trash, pas d'incidents, pas de suspens, le quart de finale qui devait redonner un peu de piment à la Coupe de la Ligue n'a été qu'un sommet d'ennui. Frédéric Thiriez pourra s'en féliciter.
Les Lensois voulaient laver l’affront. « Régler leur compte » comme l’avait dit si diplomatiquement Daniel Leclercq. Alors, les Sang et Or, qui n’ont peur de rien et surtout pas de ces arrogants de Parisiens, se sont postés haut sur le terrain dès la première minute pour prendre le onze de Le Guen à la gorge. Les Parigots allaient voir de quel bois les Ch’tis se chauffent, nom d’une banderole !
C’était téméraire et même plus. Car Jean-Guy Wallemme doit être le seul entraîneur à ne pas l’avoir encore saisi : Paris n’aime pas prendre le jeu à son compte et se sent d’autant plus léger qu’on lui retire la manœuvre des opérations. En même temps, Jean-Guy Wallemme doit être le seul homme de moins de 50 ans à calquer son look sur celui de Daniel Leclercq.
Bien placés, incisifs au duel, les Parisiens ne forçaient pas leur talent, et voyaient leur application scolaire récompensée par un but contre son camp de Sidi Keita, sur un corner fuyant de Rothen. Dany Boon nous l’a bien martelé, et ce, jusqu’à l’overdose : les Ch’tis sont des gens généreux. Le capitaine Sang et Or, Eric Chelle, a bien retenu la leçon. Au terme de la rencontre, le terne défenseur lensois s’en est pris au public parisien qui s’était permis, l’insolent, de chambrer son équipe ( « Lens on t’encule » et le classique « Et ils sont où les Lensois ? » figuraient notamment au répertoire du soir des kops rouge et bleu). A Lens, c’est connu, on reçoit les adversaires avec des bisous et des câlins.
Luyindula décidé, Kezman déprimé
Et le terrain alors ? Eh bien, à Paris, RAS. Les bons ont été bons, et les mauvais …, eh bien, mauvais, tout simplement. Rothen rabotait les bandes de la pelouse du Parc comme un castor taille un tronc d’arbre, Sakho montrait les muscles, Ceara s’amusait dans la moitié de terrain adverse, et Pancrate respectait les consignes de l’entraîneur. Entre deux eaux, Chantôme, qui avait osé s’en prendre à Yves Colleu cette semaine à l’entraînement, était renvoyé sur le banc à la 73e, remplacé par Jérémy Clément. Dans l’entre-jeu, son binôme du soir, le gentil petit fantôme Grégory Bourillon restait, lui, sur la pelouse. Sans que personne s’en aperçoive.
Le seul geste de génie de ce quart de finale fut l’œuvre, ô surprise, de Stéphane Sessegnon, entré en jeu à la place de Pancrate. Le Béninois ravissait le Parc des Princes à la 90e, en passant entre trois Lensois, sans qu’on comprenne vraiment comment, avant de voir le ralenti : un crochet, enchaîné de deux Cuauhteminas, du nom du spécialiste du genre, le Mexicain, Cuauhtemoc Blanco, qui avait éliminé deux défenseurs lors de la Coupe du Monde 98 en sautant le ballon calé entre les tibias.
A la pointe de l’attaque, en compagnie de son partenaire de Coupe, Mateja Kezman, Peggy Luyindula s’est promené. A la 91e minute, l’ex Lyonnais a clôturé les débats en apothéose. Une prise de balle impeccable suivie d’une accélération meurtrière pour trois Lensois, avant de doser parfaitement son centre en retrait et Jérémy Clément pour catapulter la balle au fond des filets … sous les yeux d’un Kezman déprimé. Désespérément bloqué à la porte du Purgatoire, le Serbe, plutôt neutre en première mi-temps, s’est flingué son match à la 44e, en ne cadrant pas sa frappe après un contrôle orienté pourtant assez classe.
Au final, Paris n’a pas eu à forcer son talent face aux hommes de Wallemme. Leader de Ligue 2, Lens n’est toutefois pas dans une bonne passe et ça se voit. Les Sang et Or n’ont rien proposé, si bien qu’on ne sait toujours pas si Kevin Monnet-Paquet est le nouveau Thierry Henry ou le prochain Joseph-Désiré Job et que Toifilou Maoulida, entré en joker, n’a pu faire péter la bandelette. Dommage, une bandelette qui efface la banderole, ça aurait plu à Frédéric Thiriez. A Dany Boon aussi. Et à Daniel Leclercq.
François Maroual
PS : le problème de l’arrêt de la pub sur France Télé, c’est qu’on se tape les résumés du Paris-Dakar à la mi-temps et la trogne de l’inoxydable mais non moins toxique Gérard Holtz, pas à un cliché près sur l’Amérique du Sud.
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