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Princes of Persia

Par Florian Lefèvre
4 minutes
Princes of Persia

Le Portugal se voyait déjà en huitièmes de finale après avoir battu le Maroc ? Encore faudra-t-il se défaire de l’Iran lors du troisième match de poules. Pas une mince affaire au regard des vertus déployées par les soldats de Carlos Queiroz face à l’Espagne, ce mercredi soir.

Les filets ont tremblé à 22h22 à Kazan, soit 23h52 à Téhéran (UTC+4h30). Minuit, mais il n’est pas question de crime. Il convient plutôt de changer l’ordre des lettres pour dire merci. Merci pour ce frisson. En se démenant dans la surface espagnole à la réception d’un coup franc, Saeid Ezatolahi marque le but de l’égalisation face à l’Espagne. Le jeune milieu de terrain fait trembler la Kazan Arena. Il ne le sait pas encore, mais quelques secondes plus tard, alors qu’il sera en train de bouffer le gazon et du bonheur en barre sous une montagne humaine formée par tout le staff et les joueurs iraniens, y compris le gardien Alireza Beiranvand qui a tapé le sprint de sa vie, le but sera refusé à cause d’un hors-jeu après appel à la VAR. Face à l’Espagne, l’Iran a touché du doigt la lune.

Qui aurait imaginé l’équipe de Carlos Queiroz mettre à mal l’Espagne après avoir vu la purge Maroc-Iran lors de la première journée ? Qui aurait imaginé l’équipe de Carlos Queiroz mettre à mal l’Espagne après avoir vu la Roja réciter son football contre le Portugal ? Qui aurait imaginé Vahid Amiri – jamais sélectionné en équipe nationale avant ses 26 ans (il en a 30 aujourd’hui) – mettre un petit pont en mondovision au champion du monde Gerard Piqué ? Peut-être bien Carlos Queiroz, justement. « Pour nous, ce match est une chance, avait annoncé l’entraîneur portugais, qui façonne la sélection iranienne depuis sept ans. On a cette rare capacité à se sacrifier les uns pour les autres. » Et ses joueurs l’ont prouvé.

Le petit pont d’Amiri sur Piqué

Le premier acte ressemble à un siège. Les vagues espagnoles se succèdent, mais il y a toujours un pied, une tête ou un genou pour protéger les cages du portier iranien. Ainsi, sur les dix frappes déclenchées par la bande à Isco en 45 minutes, l’élancé Alireza Beiranvand n’a besoin d’intervenir qu’à une seule reprise, toutes les autres tentatives étant hors cadre ou contrées par la défense. Discipline et engagement sont les maîtres-mots des Iraniens, coulissant parfaitement afin de fermer les portes de leur surface. Jusqu’ici, ce n’était qu’une attaque-défense entre l’une des plus belles armadas de la planète et des mecs qui jouent « avec leurs moyens » . Jusqu’ici.

En l’espace de deux minutes après la pause, Karim Ansarifard s’offre une occasion en or sur le but de De Gea, puis Diego Costa ouvre le score en contrant un dégagement. Ce qui devait tuer les espoirs iraniens allait, au contraire, les stimuler comme jamais. L’Espagne recule, se fait bouffer par le pressing de son adversaire et serre les fesses sur coups de pied arrêtés ou quand la terreur du Persépolis Téhéran, Vahid Amiri, fait glisser le cuir entre les jambes de Piqué avant de servir un centre idéal à Mehdi Taremi, dont le coup de casque (encore un) passe juste au-dessus de la transversale. L’exploit n’est pas loin. Saeid Ezatolahi l’a fait, mais une poignée de centimètres a tout effacé. Défaite 1-0.

Souffrir et faire souffrir

« Nous avons montré que nous étions prêts à souffrir » , a dit Queiroz avec fierté après la rencontre. Prêts à souffrir et à faire souffrir l’Espagne, championne du monde 2010 et favorite pour remettre la main sur la coupe. Après avoir battu le Maroc à l’arrachée au cours de ce qui fut, reconnaissons-le, un sacré hold-up, l’Iran a regardé l’Espagne dans le blanc des yeux et sait désormais qu’elle n’a pas à rougir avant son date avec le Portugal – lundi soir à Saransk – pour une place en huitième de finale.

Il y a quelques semaines, Queiroz, encore, se souvenait pour SO FOOT de l’un de ses premiers matchs à la tête de l’Iran : « Je me souviens les avoir vus pleurer après un match en Corée du Sud. Ils se victimisaient, car ils manquaient de confiance et d’amour-propre. Je leur ai dit : « Je ne veux voir personne pleurer. Je veux vous voir jouer. Votre boulot, c’est de faire pleurer les autres. » »

Ce temps est révolu. Car, Milad Mohammadi, l’homme qui envoie un salto avant de faire une touche à la 90e+4, ne manque pas de confiance en lui. Il connaît aussi le sens de l’amour-propre, alors face au risque de foutre en l’air l’action de la dernière chance, il a préféré reprendre son élan après sa pirouette.

Dans cet article :
« Une fois le Mondial attribué, il sera plus difficile de protéger les droits humains en Arabie saoudite »
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Par Florian Lefèvre

L'interview de Carlos Queiroz est à retrouver dans le SO FOOT #157 spécial Coupe du monde

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