Power trios

C’est un petit jeu aussi vain qu’intéressant, auquel s’est rapidement livré la Gazzetta dello sport ces derniers jours, et que l’on se propose d’approfondir ici : élire le meilleur trio d’attaque des clubs européens à mi-saison. Et surprise surprise, le gagnant est…la Juventus, oui messieurs, avec 26 buts pour ses gladiateurs Trezeguet (13), Del Piero (7) et Iaquinta (6). Suivent l’Inter avec 23 buts (Cruz 10, Zlatan 9, Suazo 4), puis Manchester (Ronaldo 11, Tevez 7, Rooney 4) et le Bayern (Toni 9, Klose 9, Ribéry 4) avec 22 buts. Les Espagnols ? Encore derrière : le Real pointe à 21 (Raul 8, Ruud 8, Robinho 5), alors que le Barça joue un petit 19 (Messi 8, Ronaldinho 6, Henry 5), tout comme Lyon (Benzema 12, Ben Arfa 4, Baros 3). Et arrêtons là les chiffres, parce que ça donne mal au crâne.

Evidemment, ce classement est aisément critiquable : toutes ces équipes n’ont pas joué le même nombre de matches (ça va de 17 à 19 pour Lyon), ni marqué le même nombre de buts, et toutes ne jouent pas avec le même système. Tout ça pour dire que la Juve n’est ni l’équipe la plus offensive, ni la plus spectaculaire d’Europe. Bon, voilà, c’est précisé, pas la peine de lâcher les chiens dans la colonne “commentaires”.

Néanmoins, on peut lire dans ces stats quelque chose comme des traditions nationales. En Italie donc, et surtout à la Juve, qui a sans doute l’équipe la plus italienne tactiquement du calcio, ce sont d’abord les attaquants qui marquent. C’est pour cela qu’ils sont là, après tout : ces gens sont organisés, et l’équipe nationale transalpine, qui place régulièrement ses attaquants dans les trios de tête des meilleurs marqueurs de coupe du monde, ne dit pas autre chose. Même logique en Allemagne. Centre, et tête ou reprise : les gars s’appellent Toni 9 buts, et Klose 9 buts – on va pas se faire chier à jouer des une-deux dans la surface. Alors qu’en Espagne, le danger vient d’un peut partout, et notamment du fameux “milieu-qui-s’insère”. Ainsi, il faudrait ajouter aux buteurs du Barça, outre Eto’o revenu de blessure, Xavi et Iniesta, deux buts chacun, tandis qu’au Real, Julio Baptista, repositionné milieu, commence à arroser à son tour. Mais au jeu des milieux buteurs, c’est encore Arsenal qui casse tout : Rosicky 5 buts, Fabregas 6, Flamini 2. Soit plus d’un tiers des buts marqués par le leader de la Premiership. Hasard ou pas, c’est également Arsenal qui aura offert le plus beau jeu collectif de ces premiers mois de football. Et son jeu ressemble plus au toque latin qu’à la guerre de tranchée anglaise. Par ailleurs, aucun anglais ne joue dans cette équipe.

Et pour finir, matons nos petits Bleus. Avec Trezeguet et Benzema, la France – on n’ose écrire l’Equipe de France tant Trezegoal y semble désormais triquard – s’offre les deux meilleurs buteurs d’Europe, tout simplement. Le trio de tête est le suivant : Trezeguet 13 buts, Benzema 12 buts, Ronaldo 11 buts. Derrière, on trouve, parmi la meute à 10 buts, notre ami Nicolas Anelka. Est-ce à dire que la France possède les meilleurs attaquants du monde ? Si l’on songe au fait que notre ami Thierry Henry, en rodage et en difficultés, a quand même planté 5 pions, c’est une question qui se pose. Mais vous ne lirez pas la réponse ici, tralalalère. Allez, bonne dinde.

Ennio Gnocchi