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Pourquoi le football est-il meilleur que les JO ?

Par Ugo Bocchi
Pourquoi le football est-il meilleur que les JO ?

Tous les quatre ans, c'est la même histoire. Les Jeux olympiques passionnent, déçoivent et on se rend finalement compte que ce n'est qu'un passe-temps jusqu'à la reprise du championnat. Pas de match possible, le foot c'est toujours mieux que les JO. Et même une interview de Christophe Lemaître, post-course, n'y changera rien.

Il fait tout noir et pourtant un moustique, certainement attiré par la télé allumée, est en train de persécuter vos oreilles. Autre nuisance sonore, qui gêne votre assoupissement réparateur, ce four à micro-ondes insupportable qui vous rappelle toutes les trente secondes, grâce à un cri strident, que votre succulent plat tout prêt de tagliatelles pesto au gambas suantes vous attend, au chaud. C’est d’ailleurs votre cinquième repas de la journée, mais complètement nécessaire. Pas question de rater, malgré l’horaire avancée et la réunion qui vous attend dans exactement 4 heures et 24 minutes, cette « médaille assurée » pour la délégation française, la première de la quinzaine. C’est aussi ce qu’on vous a dit en début de journée, parce que « l’escrime c’est notre sport national, plus de 61 000 licenciés » et hier aussi en judo parce que la « petite Automne, c’est une championne » … Mais cette fois-ci, ça semble vraiment sérieux. Laurent Luyat, Matthieu Lartot et surtout Lionel Chamoulaud l’assurent unanimement, avec un tel aplomb : « Camille Lacourt ne peut pas passer à côté de son destin ! » Alors voilà, vous êtes au rendez-vous.

3h38, c’est le départ. Vous n’avez plus qu’un œil ouvert, mais le cœur qui palpite à fond. Rempli d’espoir, vous arrivez tout juste à comprendre sur quelle ligne d’eau il nage. De toute façon, vu le ton et l’énergie du commentateur, ça ne peut que bien se passer pour lui. Stupeur au virage ! Camille est en retard, mais « il gère sa course, il a l’habitude, il va maintenant dérouler. » Ouf ! Sauf que Camille perd encore du temps et finit par se prendre un mur de vérité en pleine face. Il est cinquième, les Américains sont des winners, les Français tout au mieux des challengers. Non pas que la France soit, au contraire des JO, une nation qui domine la planète foot depuis plusieurs décennies. Mais au moins, on ne se fait que rarement d’illusions sur les chances de nos clubs de Ligue 1 quand ils se mesurent aux autres nations européennes. Non, Guingamp ne battra pas la Fiorentina, on le sait. Et tous les cœurs sensibles le savent : c’est souvent le meilleur moyen de ne jamais être déçu.

Pisser violet dans un violon

D’ailleurs, Guingamp et beaucoup d’autres équipes avant elle n’ont jamais vraiment cherché à ambitionner le moindre bout de métal parce qu’ils ne s’estiment pas assez bons et ne veulent pas y laisser des plumes, ce qui leur permet du même coup de ne jamais remettre en cause les couleurs d’urine adverses. Pas d’exclusion de Fédération non plus, pas (ou peu) de colère dirigée vers des ramasseurs de balle en retard, pas d’abandon de coéquipier quelques heures avant un match, pas d’interview d’un sportif en pleurs, pas trop de dérapages – sinon contrôlés – de commentateurs non plus. Aux propos premier degré, maladroits et corrigés de Daniel Bilalian sur la colonisation et l’esclavage s’oppose l’ironie parfois limite mais assumée du grand ethnologue qu’était Thierry Roland. Toujours la même question d’ambition et de maîtrise de ses propres capacités.

Vidéo

Outre la performance et les polémiques, un autre point importe particulièrement : la FIFA, l’UEFA et le foot en général aiment la France, contrairement aux JO. La preuve avec le nombre de compétitions internationales qui y ont été organisées. Deux en 18 ans pour le foot, contre deux en 120 ans pour les Jeux olympiques. Pire que tout, les derniers Jeux que l’on a vus en France, c’était ceux d’Albertville, soit des Jeux d’hiver. Ce qui équivaut en matière de rapport d’importance à une différence de niveau orthographique entre un tweet de Jean-Michel Aulas et un autre de Bernard Pivot. Ce qui équivaut également à une différence de niveau entre la délégation américaine et le reste du monde. À part la Chine, à domicile en 2008, ça fait donc vingt ans que le suspense aux Jeux olympiques est aussi mort qu’une conférence de presse d’Hugo Lloris. Génial !

Pierre de Coubertin, ce footeux

Surtout que ça n’arrive que tous les quatre ans et que patienter tout ce temps-là pour assister, à tous les coups, au couronnement d’un Américain au tir à la carabine à 10 mètres, ça ne vaut donc clairement pas un championnat dominé de la tête et des épaules par un seul club. Quant à la Coupe du monde de foot, elle, a au moins le mérite de changer de vainqueur à chaque édition. Un constat qui aurait beaucoup plu et pu donner envie à Pierre de Coubertin, ses JO et son célèbre « l’important, c’est de participer » de se convertir définitivement au ballon rond et au monosport. Et puis finalement, un spectacle omnisport qui inclut lui-même du foot depuis 1900, c’est forcément un aveu de faiblesse de la part des Jeux olympiques. Victoire pour le foot, sans aucun doute. Et tout ça, sans même évoquer le pentathlon moderne.

Par Ugo Bocchi

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