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Pourquoi David Ducourtioux est meilleur que Javier Zanetti

Les deux joueurs ont la particularité d'être aussi bien à l'aise arrière droit que milieu relayeur. Oui, mais le joueur de 38 ans du Gazélec Ajaccio est en train de faire plus fort que la légende de l'Inter Milan.
David Ducourtioux va bientôt passer la barre des 300 matchs en Ligue 1. Une sacrée performance pour un élément qui sentait bien la lose au début des années 2000. Sa première saison en Ligue 1, il la dispute avec un Sedan aux noms mythiques, qui rappelle que le club ardennais n’a peut-être pas sa place dans le football de rêve de Frédéric Thiriez : Eddy Capron, Moussa N’Diaye et bien évidemment Pius N’Diefi. Après avoir même pris la tête de la Ligue 1 une année, le temps de quelques journées avec Alex Dupont, Sedan, et sa dernière surprise Ducourtioux, seront relégués pour la première année du petit David avec le maillot vert. Comme si c’était la blague de trop. Mais Ducourtioux va persévérer. Il s’impose chez les Sangliers et remonte dans l’élite en 2006. Sedan est encore voué à faire l’ascenseur ? Pas grave, il signe en fin de saison à Valenciennes. Le club nordiste est lui aussi promis à un retour dans l’antichambre l’année suivante. Mais avec un Ducourtioux titulaire en continu, ils resteront sept ans de plus à ce niveau, à se faire chaque année des déplacements à Paris, Lyon, Marseille. En 2014, l’autre DD ne voit pas la relégation comme un signe personnel. Il signe au GFC Ajaccio, où son pote Christophe Ettori est directeur sportif. Mais il ne vient pas en pré-retraite. Le plus petit budget de Ligue 2 monte à la surprise générale avant, cette saison, d’être en passe d’obtenir son maintien. Une sacrée performance, une de plus dans la longue carrière de Ducourtioux, qui botte des culs en 2016 à bientôt 38 ans, sans forcer.
Zanetti, le capitaine que personne n’attendait
En même temps, longue carrière, c’est relatif. Parce qu’avec ses 300 matchs, Ducourtioux fait presque pitié à Javier Zanetti. L’Argentin en compte en effet plus du double, rien qu’avec l’Inter Milan, le club qu’il a rejoint à 22 ans (615 matchs). Au départ, c’est un peu la même histoire, il est plutôt difficile de croire que le petit Zanetti va durer dans le football moderne, qui plus est dans l’écurie de Massimo Moratti, prompt à dépenser des millions au prétexte que l’on est footballeur et que l’on porte un short. Zanetti, qui venait de Banfield, un club où l’on ne forme que des charcutiers, qui a été présenté avec un sac plastique dans lequel se trouvait ses crampons, est pourtant l’incarnation de la classe dans un des deux clubs de la capitale de la mode. Rugueux mais toujours fair-play, il impressionne surtout par sa longévité, sa capacité à n’être jamais blessé ou presque, et surtout toujours dans le onze de départ. C’est que, comme Ducourtioux, il peut aussi compter sur sa polyvalence. Les deux bonhommes peuvent jouer arrière droit, milieu défensif et milieu droit. Forcément, ça aide. Et ça aidera Zanetti à tourner à près de 60 matchs en 2010, lorsque l’Inter réalise un triplé historique pour un club italien : Ligue des champions, championnat et coupe.
Zéro passe-droit sur le terrain pour Ducourtioux
David Ducourtioux est loin de tout ça, lui qui n’a même pas reçu par erreur une pré-convocation en équipe nationale. Mais sur ces dernières années de carrière, il a littéralement bouffé l’Argentin. Car à force d’être classe, Zanetti a vu son charisme se retourner contre lui. Si José Mourinho en a fait un indiscutable, c’est aussi pour sa capacité à fédérer, à tenir le vestiaire. Mais sur le terrain, ce n’était pas non plus ce que l’on pouvait appeler un point fort. Dans une équipe qui demandait à son trio Milito – Eto’o – Sneijder de tout faire devant, il pouvait compter sur Thiago Motta, Stanković ou encore Cambiasso pour l’aider au milieu. Au Gazélec, dans le 4-4-2 de Thierry Laurey, Ducourtioux ne peut pas s’offrir le luxe de faire sauter un pressing, histoire de mieux trouver son deuxième souffle dans un match. Il faut tout donner, tout le temps, quitte à jouer un poste qui en vaut deux, car de relayeur, il faut parfois se muer en ailier pour étirer l’équipe adverse chez le promu. Ducourtioux n’a pas passé 20 piges au Gazélec, il n’en est pas le capitaine emblématique. Si jamais il a un coup de moins bien, malgré son amitié avec le directeur sportif, il saute, car l’équipe ne peut pas se permettre de faire de sentiments dans la lutte pour le maintien. Mais il est là, semaine après semaine. Ce qui fait dire que sa fin de carrière a finalement beaucoup plus de classe que celle de Zanetti, même si c’est plus fin niveau palmarès.
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Après sa liquidation l’été dernier, le Gazélec entame sa remontadaPar Romain Canuti